L’OPEP retrouvera-t-elle son pouvoir?

Pierre-François Tron, Marigny Capital

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Affaiblie depuis quelques années, l’OPEP devra faire face à de nombreux challenges pour les années à venir.

Résumé de la réunion de l’OPEP+.

L’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole), fondée en 1960 dans le but de réguler la production de pétrole, et ainsi d’en maîtriser son prix, a vu son pouvoir s’affaiblir au cours des dernières années. Afin de faire face à la production croissante des Etats-Unis en pétrole de schiste, les membres de l’OPEP, la Russie et 9 autres pays exportateurs se sont alliés en formant l’OPEP+.

Vendredi 6 décembre, les membres de l’OPEP+ ont convenu de réduire leur production d’au moins 500'000 barils par jour (soit environ 0,5% de la production mondiale journalière). Comptant pour environ 50% de la production mondiale de pétrole, ces pays espèrent ainsi pouvoir maintenir le cours du pétrole aux alentours du niveau actuel de 65 dollars pour l’année prochaine. Suite à cette annonce, le cours du baril de Brent s’est apprécié de 1,60% tandis que celui du baril de WTI s’est apprécié de 1,20%.

L’OPEP, une organisation affaiblie.

Premier exportateur mondial de pétrole, l’Arabie Saoudite est l’un des rares pays de l’OPEP+ à produire bien en dessous de son quota de production, et souligne que l’accord doit être honoré par les pays membres de l’organisation. Elle fait notamment référence aux pays tels que la Russie, le Nigeria et l’Irak, peu respectueux des objectifs fixés. Abdulaziz bin Salman, nouveau ministre saoudien de l‘énergie, a réaffirmé son intention de faire respecter les quotas définis.

Tandis que l’OPEP+ tente de réduire la production de pétrole, d’autres pays continuent d’augmenter leur production. C’est notamment le cas du Canada, du Brésil, de la Norvège et des Etats-Unis qui sont devenus en 2018 le plus grand producteur mondial grâce au pétrole de schiste.

Il est peu probable que l’OPEP+ puisse, à elle seule, réguler le cours du baril durant les prochaines années. Afin de faire face à la production croissante de nouveaux acteurs, une solution pour l’OPEP serait de construire de nouvelles alliances, étendant le nombre de ses membres. Le 30 octobre 2019, Jair Bolsonaro a d’ailleurs déclaré qu’il aimerait que le Brésil devienne membre de l’OPEP.

Oscillant entre 53 dollars et 76 dollars, le prix du baril de Brent s’est négocié aux alentours de 60 dollars durant l’année 2019 et se situe actuellement aux alentours de 65 dollars. Le prix du baril de WTI (West Texas Intermediate) s’est quant à lui négocié entre 42 dollars et 67 dollars en 2019, et se situe actuellement autours de 61 dollars.

Les tendances à suivre pour 2020 et au-delà.

La demande de pétrole

La demande de pétrole mondiale devrait augmenter durant les cinq prochaines années. Selon les statistiques de l’OPEP, les pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) devraient diminuer leur consommation de pétrole de 0,50% entre 2018 et 2024, tandis que les pays non-membres de l’OCDE devraient augmenter leur demande en pétrole de 6,60% sur la même période.

Le taux de croissance de la demande devrait cependant diminuer au cours des cinq prochaines années, et passer sous le seuil de 1% en 2021, pour atteindre les 0,82% en 2024. L’intérêt croissant pour les énergies renouvelables, notamment dans le secteur des transports, devrait conduire à une diminution de la demande sur le long terme.

La production de pétrole

La production de pétrole ne devrait pas avoir de mal à suivre la demande durant les cinq prochaines années. Selon l’OPEP, la production de pétrole des pays non-membres de l’OPEP devrait augmenter d’environ 9,90% entre 2018 et 2024. La production mondiale atteindrait ainsi 105 millions de barils par jour en 2024. La part des membres de l’OPEP dans la production mondiale devrait baisser durant les cinq prochaines années.

A plus court terme, la production des pays de l’OPEP+ devrait diminuer en 2020 à la suite des décisions prises le 5 et 6 décembre. Cependant, une réduction du quota de 500'000 barils par jour ne signifie pas une diminution de la production du même montant. En effet, certains pays, tels que l’Arabie Saoudite et l’Angola, produisent déjà moins que leur quota. La réduction du quota devrait ainsi se traduire par une diminution de production effective d’environ 100'000 barils par jour. Cette décision de réduction des quotas permettra surtout de rappeler à la Russie, à l’Irak, et au Nigeria, qu’ils ne respectent pas les quotas de production auxquels ils se sont engagés.

Les challenges qui attendent l’OPEP.

Pour les cinq prochaines années, de nombreux challenges attendent l’OPEP, parmi lesquels:

  • Le non-respect des engagements pris concernant les quotas de production de pétrole par les pays membres de l’OPEP+.
  • La baisse de la consommation de pétrole dans les pays de l’OCDE.
  • La production croissante des pays non-membres de l’OPEP (Etats-Unis, Canada, Norvège, Brésil).
  • Les tensions internes à l’organisation et l’intégration de nouveaux membres.