Assurances animalières: face à la non-régulation du marché

Charles Perraudin, Vaudoise Assurances

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Contrairement aux tarifs de la médecine humaine (Tarmed), ceux des consultations vétérinaires ne sont pas régulés, ce qui complique la politique de prix des assureurs.

Les assurances animalières ont connu un grand boom au cours de ces vingt dernières années, bien que chacun soit libre d’assurer son chien ou son chat. Conséquence des progrès de la médecine vétérinaire et de l’augmentation des coûts, ce type d’assurances joue un rôle prépondérant dans la prise de décision de traiter ou non son compagnon à quatre pattes. Depuis la reprise de l’assurance Animalia à une caisse maladie suisse début 2016, le Groupe Vaudoise Assurances a plus que doublé le nombre d’animaux assurés et développé des services connexes autour du bien-être et de la santé des animaux (nourriture, vente de produits en ligne, etc.). Le Groupe a également repris l’assurance Epona début 2022 afin de développer une stratégie multimarque et de conforter sa position de leader dans le domaine de l’assurance animalière en Suisse.

L’amour pour son animal de compagnie est inconditionnel. En Suisse, on compte un peu plus de 1,5 million de chats et 500’000 chiens. Un tiers des foyers possède un chat ou un chien. Ce chiffre n’a cessé d’augmenter durant les deux dernières années en raison de la pandémie de Covid-19. Désormais, on se rend chez le vétérinaire un peu comme si on allait chez le pédiatre.

Des prix non régulés

Dans ce domaine particulier de la médecine, les coûts ne sont pas supportés par les collectivités publiques ou au travers de taxes. Ainsi, chaque vétérinaire est libre de fixer le tarif pour une prestation donnée. Ce phénomène engendre à la fois une concurrence «saine» entre les vétérinaires, puisque les prix ne sont pas régulés, mais aussi de grosses disparités.

Pour la branche de l’assurance animalière, cette liberté tarifaire représente de nombreux défis. Tout d’abord, les nomenclatures des actes ne sont pas définies. Contrairement au Tarmed qui détermine une grille tarifaire et un code associé pour chaque prestation afin de faciliter l’échange entre les médecins et les assureurs, rien n’existe dans le domaine de la médecine vétérinaire. Les assureurs ne bénéficient d’aucune automatisation possible dans le traitement des sinistres.

Si l’on prend l’exemple du vaccin pour un humain, il y a une codification pour la consultation, la dose en elle-même, la seringue et l’aiguille. Pour la branche de l’assurance animalière, toutes les combinaisons sont possibles, puisqu’il n’y a pas de codes associés. Dans le cas d’un vaccin pour un chat, par exemple, la structure tarifaire varie d’un vétérinaire à l’autre. Un vétérinaire peut ainsi facturer séparément ou de manière intégrée le produit et la consultation.

Trente nomenclatures fixées

Dès lors, comment fixer les prix s’il n’y a pas de références? Dans le domaine de l’assurance animalière, on pratique ce que nous appelons dans le jargon une «tarification d’expérience». On sait combien coûtent historiquement les traitements (un vaccin contre la rage ou une opération basique). Cependant, le passé n’est pas toujours un indicateur du futur. Certains assureurs animaliers ont toutefois fixé des positions tarifaires de références, où il n’y a aucune variabilité de coûts de traitement d’un animal à l’autre. Il s’agit de quelques cas sur des milliers, puisqu’il existe une multitude de maladies et de situations thérapeutiques. Les opérations y sont ainsi exclues, car les coûts peuvent varier si l’animal a passé une demi-heure ou trois heures sur la table d’opération. Les positions tarifaires fixées concernent donc des actes médicaux très simples pour lesquels il n’y a pas d’interprétation possible et qui peuvent donc être remboursés à un montant maximum.

Augmentation des frais vétérinaires

La branche de l’assurance animalière est confrontée à d’autres défis importants tels que l’augmentation des coûts de la santé pour les animaux.

Ce qui était, il y a encore trente ans, la pointe de la médecine humaine a bénéficié à la médecine vétérinaire. Désormais, ce n’est plus un problème pour un chirurgien vétérinaire de soigner une dysplasie de la hanche par l’implantation d’une prothèse.

Le traitement des cancers chez les animaux est désormais chose possible. Il fut un temps où on ne cherchait pas à investiguer plus avant la maladie de son animal. On pensait, à tort ou à raison: «Mon animal souffre, je dois le soulager et donc malheureusement l’euthanasier.» Désormais, les comportements évoluent: «C’est un membre de la famille, il souffre, je dois tout faire pour le sauver.» Grâce aux progrès techniques, les soins vétérinaires de pointe se sont démocratisés pour une multitude de diagnostics et d’opérations.

Par ailleurs, les frais vétérinaires varient également en fonction des équipements. Les cliniques couvrent souvent un spectre de traitements plus large, mais aussi plus coûteux.

Une inconnue: l’inflation

Depuis le début de l’année et la situation géopolitique en Europe de l’Est, nous sommes confrontés à une inflation de 2,5%. Pour l’instant, les vétérinaires n’ont pas forcément augmenté leurs tarifs, mais le feront-ils prochainement? L’inflation entraînera certainement des répercussions sur les tarifs fixés par ceux-ci. Même s’ils n’investissent pas chaque année dans de nouveaux équipements, les vétérinaires achètent des biens et des services sur le marché qui influent sur les prix à la clientèle. L’avenir nous dira quelle sera l’influence de l’inflation sur ce secteur de la santé animalière.