Suisse-UE: le Conseil fédéral approuve les paramètres de négociation

AWP

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Si les discussions et les travaux internes avancent bien, Berne se préparera d’ici la fin de l’année à l’adoption d’un mandat de négociation.

Le Conseil fédéral a approuvé mercredi les paramètres d’un mandat de négociations avec l’UE. Si les discussions et les travaux internes avancent bien, Berne se préparera d’ici la fin de l’année à l’adoption d’un mandat de négociation. Mais des questions restent encore ouvertes.

Les paramètres approuvés par le Conseil fédéral constituent les lignes directrices d’une possible future négociation et servent de base pour la préparation d’un mandat de négociation. Ils définissent les objectifs généraux et les domaines qui doivent être couverts, ainsi que les objectifs spécifiques pour chaque domaine.

Ces paramètres seront au centre des éventuelles négociations et sont ainsi confidentiels, précise le gouvernement. Le gouvernement entend garantir un accès sans obstacle au marché intérieur de l’Union dans certains secteurs.

Electricité et santé

A côté des cinq secteurs déjà couverts par des accords de participation au marché intérieur (transport aérien, transports terrestres, obstacles techniques au commerce, agriculture et libre circulation des personnes), il veut ajouter deux nouveaux accords avec l’UE, dans les domaines de l’électricité et de la sécurité alimentaire.

En outre, le Conseil fédéral vise la conclusion d’un accord de coopération dans le domaine de la santé ainsi qu’une participation régulière et complète aux futurs programmes de l’UE (notamment la continuation d’Horizon Europe et Erasmus). Il a également pour objectif le déblocage rapide de la participation de la Suisse au paquet de recherche Horizon-Europe 2021-2027, gelée par l’UE au lendemain de l’arrêt des négociations par la Suisse en mai 2021.

Approche «verticale»

Le Conseil fédéral adopte une approche verticale par secteur pour régler les questions institutionnelles avec l’UE : la reprise dynamique du droit et le règlement des différends peuvent être résolus de manière pragmatique dans chaque accord de marché intérieur, qu’il soit ancien ou nouveau.

Les nombreuses discussions menées au niveau technique, diplomatique et politique au cours des douze derniers mois montrent qu’une telle approche est possible, estime le Conseil fédéral. Elle permet de renforcer la sécurité juridique ainsi que la prévisibilité pour les personnes et les entreprises.

Discussions internes

Sur les sujets qui fâchent au niveau interne, le gouvernement rappelle qu’il veut continuer de discuter avec les partenaires sociaux et les cantons des mesures en vue d’assurer le niveau actuel de protection des salaires suisses. Dans le domaine des aides d’Etat, il adoptera une approche équilibrée et sectorielle, prévoyant une reprise de la réglementation de l’UE limitée à certains accords sur le marché intérieur.

En ce qui concerne la directive sur les droits des citoyens de l’UE en lien avec la libre circulation des personnes, le Conseil fédéral vise à minimiser le risque pour le système d’aide sociale suisse.

Enfin, si le résultat dans son ensemble est satisfaisant, le Conseil fédéral est prêt à envisager une contribution solidaire régulière à la cohésion et à la stabilité en Europe.

Fin de l’année

Malgré les progrès et une confiance retrouvée, un certain nombre de questions restent ouvertes. Notamment sur les modalités concrètes d’insertion des nouveaux accords dans le paquet de négociation.

A l’automne, le Conseil fédéral évaluera les résultats de ces travaux. En fonction de son évaluation, il décidera de se préparer d’ici la fin de l’année à l’adoption d’un mandat de négociation.

L’UE de son côté a signalé à plusieurs reprises sa volonté d’avancer rapidement sur le dossier. Elle entend le boucler au plus tard d’ici l’été 2024, avant la mise en place de la future Commission issue des élections européennes du printemps de l’année prochaine.

La Commission européenne veut maintenir son calendrier
La Commission européenne a pris connaissance mercredi des grandes lignes d’un mandat de négociation présentées par le Conseil fédéral. Elle souhaite maintenir son calendrier et avoir un résultat de négociation d’ici la fin de son mandat en 2024.

Elle reste soucieuse de placer les relations Suisse-UE sur une base solide, écrit la commission dans un communiqué. L’objectif est de trouver une solution à tous les problèmes structurels, tous accords confondus. Nous sommes prêts à poursuivre les discussions exploratoires, écrit encore la Commission européenne.

Bruxelles souligne que l’égalité des droits en matière de libre circulation des personnes et l’égalité des conditions pour les entreprises sont des principes fondamentaux pour la participation au marché intérieur de l’UE. «Il faut un juste équilibre entre les droits et les obligations.»

Selon la Commission européenne, il est important pour elle de disposer d’un «calendrier crédible». C’est pourquoi elle souhaite conclure les entretiens exploratoires le plus rapidement possible, «afin que les négociations qui suivront puissent encore être conclues pendant le mandat de cette Commission européenne».

Andreas Schwab, président de la délégation au Parlement européen pour les relations avec la Suisse, craint qu’avec l’approche par paquet du Conseil fédéral, «la complexité de la politique intérieure devienne encore plus grande». «La survie de ces points de repère au rendez-vous avec les vraies négociations» dépendra maintenant de la volonté du Conseil fédéral, a-t-il répondu à Keystone-ATS.

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