Assurance maladie: le National d’accord pour mieux régler les activités de courtiers

AWP

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«La population se sent harcelée par la pratique du démarchage à froid. Et ce ras-le-bol dure depuis des années», déplore Benjamin Roduit (Centre/VS).

Les activités des courtiers doivent être mieux réglementées dans le domaine de l’assurance maladie. Le National est d’accord pour ancrer ce principe dans la loi. Il a cependant limité la portée du projet. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.

L’idée visant à réguler l’activité des intermédiaires n’est pas contestée, a déclaré Benjamin Roduit (Centre/VS) pour la commission. «La population se sent harcelée par la pratique du démarchage à froid». Et ce ras-le-bol dure depuis des années.

Les assureurs ont conclu il y a deux ans un accord de branche qui règle le cadre des activités de leurs courtiers. Mais cette convention n’engage que ceux qui y souscrivent sur une base volontaire. Le projet prévoit qu’à l’avenir, le Conseil fédéral puisse avoir la compétence de rendre ces règles obligatoires pour tous les assureurs.

Pas trop contraignante

«Une bonne partie des assureurs s’est ralliée à l’accord de branche, mais cela ne suffit pas», a relevé Barbara Gysi (PS/SG). Il faut rendre les règles contraignantes pour tous. Katharina Prelicz-Huber (Vert-e-s/ZH) craint aussi une «loi placebo», laissant encore trop de liberté aux assureurs.

«Si les assureurs ne sont plus 66% à conclure l’accord de branche, alors il n’y a plus de solution», a relevé Pierre-Yves Maillard (PS/VD). Le Parlement se retrouverait au point de départ, ce qui serait très dommageable envers la population. Pour lui, il faut obliger les assureurs à se mettre d’accord.

Mais pour la droite, il ne faut pas aller trop loin. Il y a une autoréglementation qui devrait fonctionner, a soutenu Albert Rösti (UDC/BE). La force obligatoire ne serait qu’un dernier recours. Une position qui a largement convaincu l’UDC, le PLR, le PVL et le Centre.

Intermédiaires externes visés

Parmi les règles auxquelles les caisses devraient se soumettre figurent l’interdiction du démarchage téléphonique à froid, la formation des intermédiaires, une limitation de leur indemnisation, l’établissement et la signature d’un procès-verbal d’entretien avec le client. Ceux qui ne respectent pas ces règles seront sanctionnés.

Le National a apporté une modification au projet. Par 109 voix contre 84, il a restreint l’obligation de formation et la limitation de la rémunération aux seuls intermédiaires qui ne sont pas liés à l’assureur par un contrat de travail. «Si cette disposition visait aussi les employés d’une société, ce serait une ingérence grave dans la rémunération du personnel», a soutenu Benjamin Roduit.

La gauche aurait préféré cibler l’activité du démarcheur et non les employés. Le conseiller fédéral Alain Berset a aussi critiqué cette distinction, car elle introduit une inégalité de traitement.

Les députés n’ont par contre pas voulu limiter la pratique des «leads», qui concerne des données de contacts collectées sous le couvert de concours, comme l’aurait souhaité la gauche. Elle n’a pas non plus adhéré à une limitation des dépenses de marketing.

Propositions de droite aussi rejetées

L’UDC a de son côté échoué à assouplir le mécanisme de sanction. Elle aurait voulu qu’on puisse renoncer à une peine inscrite dans la loi si la sanction prévue par la branche est suffisante. «Les assureurs doivent assumer leurs responsabilités», selon Albert Rösti (UDC/BE). La proposition n’a convaincu que le Centre. Les infractions volontaires seront punies de 100’000 francs au plus.

Le PLR et l’UDC auraient aussi voulu que les nouvelles règles ne s’appliquent qu’à l’assurance maladie obligatoire et non aux complémentaires. «Il faut une distinction claire entre le domaine de l’assurance obligatoire et l’assurance complémentaire privée. Là, la concurrence doit jouer», selon Regine Sauter (PLR/ZH).

Du point de vue économique, c’est juste. Mais il s’agit de préserver une cohérence pour les citoyens ciblés par le démarchage qui ne comprendraient pas où est la différence, a soutenu Lorenz Hess (PBD/BE). Des arguments suivis par 108 élus contre 87.

Au vote sur l’ensemble, le projet a obtenu 162 voix pour, 12 contre et 22 abstentions, essentiellement issues des Verts.

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