Suivi de Wirecard par Bordier

Daniel Pellet, Bordier & Cie

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Après la conférence téléphonique du CEO et du CFO, le ton est positif et le message rassurant.

Nous avons écouté la conférence téléphonique du CEO, Monsieur Markus Braun (le premier actionnaire du groupe avec 7% du capital) et du CFO, Monsieur Alexander von Knoop, du groupe Wirecard. Le message était rassurant et le ton plutôt optimiste. Le CEO a rappelé que l’affaire remontait à mai 2018 : un employé de Wirecard Asia basé à Singapour a mis en avant des soupçons de fraudes et de falsifications de comptes de la part d’un autre employé de la comptabilité de cette entité. Les montants incriminés ne sont pas très élevés (revenus de EUR6.9mio, coûts de EUR4.1mio et transferts de propriété intellectuelle de EUR2.6mio) et portent sur la période 2014 – 2018.

Le département de compliance interne du groupe (qui compte 20 personnes et fait partie du département juridique) a diligenté une enquête interne et n’a trouvé aucune preuve de validité de ces allégations. Néanmoins il semble que les employés concernés avaient des différends entre eux. Poussant l’enquête plus loin, Wirecard a fait appel à une société externe et indépendante à Singapour, le cabinet d’avocats Rajah & Tann, pour mener ses propres investigations sur ces éléments. Celui-ci qui doit rendre ses conclusions définitives très prochainement, n’a trouvé aucunes preuves de fraude et/ou de falsification des comptes. L’enquête a été relativement longue en raison des interviews de tous les employés de la filiale.

Le CEO a mentionné qu’il s’agissait du seul cas d’enquête de compliance depuis 5 ans dans cette zone. Pour lui, c’est un « non-event ». Il est vrai que depuis l’affaire Zatarra (février 2016), qui avait également fait perdre plus de 30%au cours boursier de Wirecard, qui avait mis ensuite 6 mois pour retrouver son niveau d’avant l’attaque, le département et les procédures de compliance se sont fortement renforcées. Le groupe ajoute que le Bafin (gendarme des marchés financiers en Allemagne) a ouvert une enquête pour manipulation de cours. Son homologue à Singapour va faire de même. A chacune des précédentes attaques, le groupe a été blanchi par les instances judiciaires.  

Difficile pour l’heure de savoir quelles suites judiciaires donner à cet évènement. Le FT, ou plutôt Alphaville, le blog hébergé par le FT et dont le journaliste, toujours le même, est incriminé pour ses articles à charge contre le groupe allemand, n’a pas fourni les rapports et preuves de ses allégations. On peut se demander également pourquoi reviennent régulièrement ces controverses à propos de Wirecard : mauvaise compréhension du business model et du marché des paiements ? Régularité et même accélération de la croissance, ce qui peut paraître suspect? Personnalité du CEO ? Stratégie de M&A en Asie ? Transparence du modèle et des informations données?

Le groupe, qui n’exclut pas un rachat d’actions à terme (NB : ça dépendra des réactions du marché), a réitéré, via son CEO, des perspectives à venir particulièrement fortes. En termes de valorisation, Wirecard est raisonnable : 16x-17x l’Ebitda et 27x-28x les profits par action. Pour comparaison, chez Adyen, la valorisation atteint 80x l’Ebitda et près de 115x les BNA. Le groupe est cash net positif (EUR1.2mia en 2018). Notre modèle Core Holding débouche sur une valeur théorique de EUR219.5. Les évènements actuels représentent une excellente opportunité de se repositionner sur le titre.

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