Les taux longs US de retour à 3,26%? Le 30 ans probablement!

Eric Vanraes, Banque Eric Sturdza

2 minutes de lecture

Chronique des taux de la banque Eric Sturdza.

Les yeux rivés sur le Nasdaq et le S&P 500…et les mid-terms

Une fois n’est pas coutume dans une chronique obligataire, nous allons nous attarder sur les marchés actions qui ont passé une semaine agitée. Nous avions trop vite enterré le mauvais souvenir de février lorsque le S&P 500 avait atteint 2’532 points mais ce niveau se rappelle à notre bon souvenir et semble vouloir attirer l’indice comme un aimant. Si vendredi dernier nous ne sommes pas allés plus bas que 2'628 points, nous avons tout de même franchi à la baisse des niveaux importants comme la moyenne mobile à 150 jours (2'775) ou le retracement Fibonacci 61.8% (2'688). Il est prématuré d’affirmer que le rebond d’hier va, une fois de plus, effacer le mauvais souvenir de la semaine passée. La performance du S&P 500 s’affichait vendredi soir en négatif depuis le début de l’année et la semaine dernière, elle atteignait pratiquement -4%, avec un recul de 7.06% pour le secteur énergétique, -5.55% pour l’industrie et -5.24% pour les financières. Si des valeurs telles que AMD, Netflix ou Amazon (+71.50%, +56.19% et +40.47% respectivement depuis le début de l’année) venaient à poursuivre leur correction de la semaine dernière (respectivement -25.49%, -9.87% et -6.87%), nul doute que les indices boursiers iraient s’aventurer vers les plus bas de février. 

Les marchés actions vont conditionner encore plus le comportement
des marchés de taux au cours des prochaines semaines.

Cette longue introduction sur les marchés actions était nécessaires car ces derniers ont conditionné – et vont conditionner encore plus – le comportement des marchés de taux au cours des prochaines semaines. Il risque d’y avoir des phénomènes classiques de fuite vers la qualité mais une correction boursière pourrait engendrer deux phénomènes. En premier lieu, la politique monétaire de la Fed pourrait être remise en cause et les prochaines hausses de taux pourraient ne plus être considérées comme acquises. Ensuite, le comportement des marchés boursiers, influencé par les nombreuses publications de résultats d’entreprises, pourrait pousser les investisseurs à émettre des doutes concernant la future croissance US. Les derniers chiffres publiés vendredi signalent pourtant une croissance plus que robuste, +3.5%, mais tirée par la consommation, elle-même dopée par les allègements fiscaux de Donald Trump. Il pourrait donc s’agir d’un «one-off» sans lendemain, à moins que le président américain dévoile un deuxième volet de réforme fiscale. 

Ainsi, les taux US ont connu une belle semaine et dans ce contexte, lorsqu’un investisseur nous a demandé si les taux longs US allaient revoir 3.26% (il parlait des taux à 10 ans qui ont atteint ce niveau le 9 octobre, plus haut de l’année), nous avons répondu que l’environnement «risk-off» actuel est plutôt favorable à un retour du 30 ans à 3.26% (contre 3.44% le 9 octobre). D’ici le 6 novembre, date des mid-terms, les marchés risquent toutefois d’être volatils.    

Répit pour l’Italie, pas pour Mme Merkel…et une BCE imperturbable.

Comme prévu, Standard & Poor’s n’a pas abaissé la note souveraine de l’Italie de BBB à BBB- mais a «seulement» passé la perspective assortie à cette note de stable à négative. Il s’agit là d’une bonne nouvelle qui donne un peu de répit au gouvernement italien. En revanche, les élections dans le Land de Hesse ont encore fragilisé la position d’Angela Merkel, la poussant à déclarer qu’elle ne briguera pas la présidence de la CDU à Hambourg en décembre et qu’elle quittera son poste de chancelière en 2021. Tout au long de la semaine dernière, le taux du Bund à 10 ans s’est détendu régulièrement, passant de 0.46% à 0.34%. Toutefois, hier, après le discours de Madame Merkel, il remontait juste au-dessous de 0.40%.

On en aurait presque oublié que jeudi se tenait une réunion de la BCE. Mario Draghi a mentionné une faiblesse passagère de l’économie qui ne suffit pas à remettre en cause les projections économiques et la politique monétaire de la BCE. Les risques sont toujours présents mais pas à un degré plus élevé qu’en septembre. Les projections d’inflation sont entourées de moins d’incertitudes et sur l’Italie, Monsieur Draghi a adopté un ton à la fois ferme et bienveillant.

Marchés émergents: yuan et Brésil à surveiller

Comme attendu, Jair Bolsonaro est élu président du Brésil, il sera investi en janvier. Il sera intéressant de voir comment les marchés réagissent à son élection. Les media ont affirmé que les marchés avaient «voté» Bolsonaro mais il serait plus juste de dire qu’ils sont favorables à la politique économique et financière prônée par Paulo Guedes. Nous allons surveiller le spread du Brésil et des principaux corporates auriverde, sans oublier le real qui a déjà fait un parcours admirable. Ce n’est pas le cas du renminbi qui s’approche tout doucement du niveau de 7.00 contre dollar, un des signes que l’économie chinoise est en train de se retourner et de souffrir.

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