Cryptomonnaies: nouvel indice pour diversifier les risques

Yves Hulmann

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Le «Crypto Asset Index» met l’accent sur le respect des exigences réglementaires, selon son directeur, Patrick Valovic.

 

Depuis mardi, les investisseurs qui s’intéressent aux cryptomonnaies ont un nouvel instrument à leur disposition. Le fournisseur d’indices zurichois LIMEYARD vient de lancer en collaboration avec la start-up zougoise Decentriq le «LIMEYARD Crypto Asset Index», un indice qui reflète l’évolution de 20 cryptomonnaies. La plus connue d’entre elles, le bitcoin, est sans surprise largement représentée dans l’indice avec une part avoisinant les 29%, suivie par l’ethereum (22%), le ripple (environ 12%), le bitcoin-cash (9%) et l’eos (5,3%). Les autres devises virtuelles figurant plus loin dans l’indice pèsent, elles, toutes moins de 4%.

Les autres indices sont «trop simplistes»

Pour Patrick Valovic, fondateur et gérant partenaire de Limeyard, une société de services financiers basée à Zurich spécialisée dans le calcul et la publication d’indices boursiers, l’avantage du nouvel indice lancé mardi ne se situe pas uniquement au niveau de la diversification apportée aux investisseurs mais il tient aussi à la méthodologie utilisée par la société. «Nous avons conçu cet outil afin de pouvoir satisfaire aux exigences des autorités réglementaires qui avaient refusé certaines propositions d’indices considérées comme trop simplistes ou trop faciles à manipuler et ne représentant pas suffisamment le marché», ajoute le co-fondateur de Limeyard.

«Il est essentiel de pouvoir disposer
d’un indice plus robuste.»

«Sur le marché, il existe déjà beaucoup d’indices très simples consacrés aux cryptomonnaies. Or, il est essentiel de pouvoir disposer d’un indice plus robuste afin de répondre aux attentes des investisseurs», ajoute Maximilian Groth, co-fondateur de Decentriq, une société zougoise spécialisée dans la technologie dite des chaînes de bloc pour la finance, qui fournit les données servant à calculer l’indice.

Trois critères à respecter

Pratiquement, la méthodologie utilisée par LIMEYARD repose sur les règles suivantes. Premièrement, l’univers d’investissement comprend des cryptoactifs (monnaies ou jetons) qui doivent être négociés sur au moins deux des treize plateformes autorisées dans ce domaine. En outre, les cryptoactifs permettant aux investisseurs de rester anonymes sont exclus de l’indice, tout comme ceux qui sont basés sur les monnaies fiduciaires («fiat currencies») habituelles. Deuxièmement, pour être inclus dans l’indice, ses composants sont passés au crible pour s’assurer, d’une part, s’il est possible d’y investir (selon le volume négocié quotidiennement) et, d’autre part, afin de réduire leur volatilité (en tenant compte de la moyenne mobile exponentielle de la capitalisation boursière quotidienne). Troisièmement, l’indice ne retient que les 20 plus importants crypoactifs ayant satisfait à ces critères de sélection.

Les cryptomonnaies intéressent des acteurs très divers,
incluant aussi bien des «family offices» que des hedge funds.
Liens avec les bourses de Vienne et de Francfort

Selon Patrick Valovic, il y a «une demande croissante pour disposer d’un indice de référence fiable pour les cryptomonnaies». C’est déjà le cas pour Bloomberg qui a déjà émis un indice consacré aux cryptomonnaies. A noter aussi que la société est aussi présente sur le marché européen: en février dernier, Limeyard a constitué une co-entreprise avec la Bourse de Vienne.

«Polarisation» autour des cryptomonnaies

Qui s’intéresse avant tout au nouvel indice? Pour Patrick Valovic, la demande se situe, d’une part, du côté des émetteurs de produits indiciels (ETF et certificats). Du côté de ceux qui détiennent les actifs, les cryptomonnaies intéressent des acteurs très divers, incluant aussi bien des structures comme les «family offices», les fonds spéculatifs (hedge funds) mais aussi la clientèle de détail. Comme les clients privés réagissent-ils à volatilité accrue observée pour les principales crypto-monnaies observée ces derniers mois? «Chez les investisseurs privés, il y a ceux qui montrent un très grand intérêt pour les cryptomonnaies et il y a ceux qui ne veulent pas en entendre parler. Il y a actuellement une certaine polarisation à propos des crytomonnaies», conclut Patrick Valovic.

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