Comment les stratégies orientées rendement se comportent-elles?

Jocelyn Jovène, Morningstar

1 minute de lecture

La préservation du cash par les entreprises les conduit à suspendre, voire couper leur dividende, mettant à mal une stratégie populaire parmi les investisseurs.

A circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles. Les mesures de confinement liées au coronavirus (COVID-19) conduisent un nombre croissant d’entreprises cotées à chercher à préserver coûte que coûte leurs liquidités.

Au-delà des mesures de renforcement à travers la mise en place de lignes de crédit bancaire ou de renégociation de covenants bancaires, et compte tenu des pressions gouvernementales ou des régulateurs (banque), certaines entreprises en viennent désormais à suspendre, réduire voire ne pas verser de dividende à leurs actionnaires cette année.

Cette situation n’arrange pas les affaires des stratégies de gestion active focalisées sur le rendement du dividende.

Ainsi, selon les données Morningstar au 2 avril 2020, alors que l’indice Morningstar Europe (dividendes inclus) affiche une baisse de 25,3%, la moyenne de catégorie Actions Europe Rendement perd 26,6%.

Très rares sont les fonds parvenant à surperformer le marché ou leur catégorie. C’est le cas tout de même des fonds UBAM Europe Equity Dividend, Fidelity European Dividend, NN (L) Europe High Dividend, BGF European Equity Income (noté Bronze par Morningstar), BNP Paribas Europe Dividende Responsable, DWS Invest II European Top Dividend, AS SICAV I European Equity Dividend ou HSBC Europe Equity Income.

Liste des stratégies actions rendement Europe agréées à la vente en France

Source: Morningstar Direct, données au 2 avril 2020.

 

Les dividendes constituent historiquement un moteur de performance des actions sur le long terme.

L’an dernier, les secteurs ayant le plus contribué à la distribution de dividendes étaient les banques, l’énergie et la santé. Le premier secteur fait l’objet d’une pression réglementaire pour reporter les distributions de dividendes (lire notre analyse ici).

Le secteur de l’énergie doit faire face à une chute importante des prix du pétrole et n’a pas de réelle visibilité sur sa reprise à court terme (même si l’on voit les Etats-Unis se démener pour pousser l’Opep à trouver une solution à la crise actuelle – lire notre analyse ici).

Reste le secteur de la santé, qui a joué un rôle plus protecteur depuis le début de la crise, et pourrait effectivement offrir une certaine capacité à distribuer des dividendes.

La question centrale à laquelle les gérants actifs vont devoir répondre est donc: où trouver du dividende «sûr», c’est-à-dire couvert par une bonne visibilité sur la génération de trésorerie des entreprises?

Bien évidemment, certains secteurs défensifs comme les services collectifs et les télécommunications, qui ont aussi plutôt résisté jusqu’à présent, viennent à l’esprit. Mais on a vu au cours des derniers jours que de nombreux énergéticiens, confrontés à une chute de la demande, ont annoncé des reports ou baisses de dividendes pour préserver leur situation de trésorerie.

Le secteur des télécommunications semblent être en meilleure posture, pour l’instant.

Les fonds ayant surperformé leur moyenne de catégorie depuis le 1er janvier affichent des caractéristiques intéressantes, selon les dernières données Morningstar.

Ils sont plus fortement exposés que la moyenne de catégorie à des entreprises disposant d’un rempart moyen ou élevé («Narrow» ou «Wide Moat»).

Ils affichent des biais sectoriels plus marqués aux secteurs de la santé, de l’industrie, de la consommation défensive et de la technologie. Ils sont sous-exposés aux secteurs de l’énergie, des services financiers et des services collectifs.

On n’observe pas en revanche de surexposition relative au secteur des télécommunications.

A lire aussi...