Actions: nombreuses valorisations attrayantes hors USA

Jody Jonsson, Robert Lind et Lisa Thompson, Capital Group

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Les économies européenne et japonaise progressent enfin, malgré un ralentissement récent.

Difficile de rester indifférent à ce simple fait: au cours des 102 derniers mois, les actions américaines ont nettement surperformé leurs homologues d’autres marchés développés sur des périodes glissantes de trois ans. L’épisode actuel de sous-performance relative offre aux investisseurs «Value» l’occasion de partir en quête de bonnes affaires, dans un contexte où les actions et bon nombre d’autres classes d’actifs américaines apparaissent incontestablement chères.

Les marchés actions internationaux (hors États-Unis) restent attrayants à plusieurs égards, et notamment pour le fameux «écart de valorisation» entre les entreprises américaines et leurs homologues européennes et japonaises. En moyenne, le price-earning ratio (PER) des actions des marchés développés (hors États-Unis) s’établissait à 14,3 au 31 mai 2018, contre 16,6 pour les actions américaines. La divergence est marquée, ce qui signifie que ces premiers bénéficient d’une marge de progression supplémentaire, tandis que le potentiel de hausse de ces dernières est maintenant plus limité. Reste à savoir si les marchés actions internationaux peuvent continuer à progresser si les actions américaines ne leur montrent plus la voie. Il semblerait que oui, en valeur relative, étant donné les valorisations plus attrayantes observées sur la plupart d’entre eux.

Le secteur bancaire de la zone euro

Le secteur bancaire européen affiche des valorisations particulièrement attrayantes. Beaucoup de banques de la zone euro ont été pénalisées ces dernières années par des réglementations strictes, une croissance économique en berne et des taux d’intérêt extrêmement faibles qui ont sensiblement limité la rentabilité des activités de crédit. Mais à mesure que l’économie européenne tourne de la page de la récession et de la crise de la dette survenue en 2011-2012, bon nombre de banques commerciales et d’investissement sont prêtes à profiter du redémarrage de l’activité. Les taux d’intérêt pourraient également remonter bientôt. Le 14 juin, la Banque centrale européenne a annoncé le retrait progressif de son programme de rachats massifs d’obligations qui, dans les faits, avait rendu les taux d’intérêt nuls dans la zone pour tenter de relancer l’économie. Il est possible que les taux d’intérêt soient ensuite relevés à la mi ou fin 2019, une perspective reportée par rapport aux prévisions initiales, mais restant dans un horizon visible. Bien que le processus de hausse des taux s’annonce un peu plus lent en Europe, le retour de la volatilité sur les marchés financiers internationaux devrait profiter aux banques d’investissement par l’entremise d’un regain des transactions.

Boeing vs. Airbus

Dans d’autres secteurs, comme les produits de luxe, la chimie ou encore l’industrie, l’Europe a une longueur d’avance claire sur les États-Unis. Par exemple, l’écart de valorisation prospectif entre les deux premiers groupes aéronautiques mondiaux, Boeing et Airbus, est de 22,4 et 19,4 respectivement au 31 mai 2018. La comparaison entre Boeing et Airbus est intéressante, car il s’agit d’un duopole et que chacun d’eux se situe à une phase différente de son cycle. Boeing a atteint la phase où il génère beaucoup de trésorerie, ce qui lui permet d’accroître son dividende et de racheter davantage d’actions. Airbus le talonne à cet égard, mais pourrait bénéficier en plus d’un potentiel haussier supérieur en raison de sa valorisation plus basse. Si l’on élargit l’exercice aux marchés émergents, les écarts de valorisation sont souvent encore plus marqués. Par exemple, les deux premiers fabricants mondiaux de smartphones Apple et Samsung affichent des valorisations très différentes: 14,8 et 6,9 respectivement. Leurs métiers présentent certes des différences très nettes, mais leur écart de valorisation est tellement vaste qu’on ne peut pas en faire abstraction. Apple affiche une valorisation raisonnable avec un PER de double chiffre, mais celle de Samsung est nettement inférieure, avec un cours qui s’établit à seulement 7 fois ses bénéfices. Partout dans le monde, ce genre de comparaisons peut générer des opportunités très intéressantes.

Conjoncture économique favorable

Pendant quelque temps l’année dernière, la croissance économique semblait avoir enfin passé un cap en Europe et au Japon. Conjuguée à l’élection de candidats favorables aux marchés en France et en Allemagne, cette tendance a stimulé les marchés des actions et des changes, mais qui se sont depuis essoufflés. Il n’en reste pas moins que l’Europe et le Japon sont tous deux sortis du marasme économique dans lequel ils étaient plongés depuis longtemps, et qu’ils bénéficient aujourd’hui d’une meilleure assise. Au premier trimestre 2018, la zone euro (19 pays membres) a enregistré une croissance annualisée de 2,5%, contre 2,8% le trimestre précédent. Ce niveau est toutefois assez proche des 2,8% enregistrés par l’économie américaine. Pour sa part, le Japon a bénéficié de deux années de croissance, jusqu’au premier trimestre 2018 où son économie s’est contractée de 0,6%. La perte de vitesse récemment observée en Europe et au Japon pourrait engendrer de nouvelles mesures de relance.

Après une année 2017 très solide, les statistiques économiques de la zone euro se sont sensiblement dégradées. Il est maintenant probable que la croissance européenne se normalise aux alentours de 1,5 à 2%, un niveau proche de son taux tenable sur le long terme. En parallèle, la prime de risque actions reste attrayante, tant en Europe qu’au Japon. Cet indicateur clé compare l’attrait relatif de l’investissement sur les marchés actions internationaux par rapport à une alternative censée être dénuée de risque, composée de différents emprunts d’État. Les rendements obligataires européens et japonais étant désormais proches de leurs records de faiblesse, les marchés actions pourraient demeurer une option nettement plus intéressante pour les investisseurs visant une meilleure appréciation de leur capital.

Ça ne peut pas durer éternellement, n'est-ce pas? Il est possible que les investisseurs aient le sentiment que les actions japonaises et européennes ont toujours sous-performé les actions américaines. En réalité, les marchés sont assez cycliques. Ces dernières années, les occasions n’ont pas manqué durant lesquelles les actions américaines étaient à la traîne, comme après l’éclatement de la bulle Internet ou durant la majeure partie des années 1980, lorsque le «miracle économique» japonais a permis aux actions locales d’atteindre des records historiques et que les sociétés japonaises se sont ruées sur les marchés immobiliers internationaux. Impossible de savoir aujourd’hui combien de temps le cycle actuel se maintiendra. Toutefois, compte tenu de sa durée et de l’ampleur des écarts de valorisation, il est tout à fait possible que d’autres marchés actions développés surperforment les États-Unis à l’avenir.

 

Retrouvez le Global Equity Outlook de Capital Group dans son intégralité, en anglais, en cliquant ici.

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