Vers une UE durable grâce au changement réglementaire et social

Sandra Crowl, Carmignac

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Les «pure players» à la pointe des thématiques liées au climat ont réussi à intégrer jusqu’aux portefeuilles d’investissement les plus récalcitrants.

La durabilité de l’univers d’investissement européen va être fortement influencée par le changement réglementaire et social, qui est devenu le premier critère des politiques publiques et des choix des consommateurs.

Annoncé en 2018, le programme d’actions de l’Union européenne en faveur de la finance durable cible tous les investisseurs, des sociétés de gestion d’actifs aux fonds de pension, et définit les activités durables, les informations à fournir, les indicateurs de référence, les préférences ESG des investisseurs et les écolabels. Même si elles sont ignorées par cette législation, les entreprises européennes ont déjà pris des engagements significatifs afin de rendre leurs politiques climatiques ainsi que la qualité de la gouvernance et de la gestion du capital humain mesurables. Rien que pour cette raison, MSCI a principalement attribué les notations ESG «best in class» les plus élevées à des entreprises européennes. Hormis ces notations, comment se traduit l’avance des entreprises européennes en ce qui concerne le défi lié à l’investissement durable? 

Les énergies renouvelables ne gagnent pas seulement des parts
de marché au détriment du charbon, mais aussi du gaz.

La pression exercée par les investisseurs et la réglementation européenne rend nécessaire la décarbonisation de la production d’électricité en Europe. Les énergies renouvelables ne gagnent pas seulement des parts de marché au détriment du charbon, mais aussi du gaz. L’électrification des moyens de transport, le chauffage domestique et les processus de fabrication industrielle vont être les moteurs du changement. L’électricité propre étant l’énergie d’un monde à faibles émissions de carbone, les investisseurs doivent repenser les infrastructures électriques et leurs multiples, notamment vis-à-vis des entreprises qui entreprennent une transition rapide du charbon à l’éolien, comme Danish Orsted. En effet, l’entreprise prévoit d’investir 200 milliards de DKK dans les énergies renouvelables d’ici à 2025, ce qui va stimuler sa croissance. Elle a des projets de développement au Royaume-Uni, en Allemagne, à Taïwan et, plus récemment, à New York, ce qui devrait porter sa capacité installée à 15 GW, son objectif pour 2025. 

Les «pure players» à la pointe des thématiques de durabilité liées au climat, telles que l’énergie renouvelable ont réussi à intégrer jusqu’aux portefeuilles d’investissement les plus récalcitrants. L’Europe a la chance de compter dans ses rangs deux des trois leaders mondiaux de la construction d’éoliennes, Gamesa et Vestas. 

L’Europe héberge certaines des entreprises biotechnologiques
parmi les meilleures et les plus innovantes.

Leur croissance devrait se poursuivre. Dans ses perspectives pour l’année 2019 (Offshore Wind Outlook), l’IEA estime que l’éolien offshore mondial pourrait à lui seul voir ses capacités multipliées par 15, passant de 23 GW à 148 GW en 2030 et de 342 à 562 GW en 2040 (taux de croissance annuel moyen de 15%). Ce secteur pèse 1 000 milliards de dollars. En Europe, 30 années de R&D et d’améliorations technologiques pourraient donner au continent la possibilité de quadrupler sa capacité d’à peine 20 GW à près de 120 GW en 2040 selon l’IEA, avec en tête le Royaume-Uni et l’Allemagne. Des éoliennes plus grandes améliorent la performance, pour des coûts de financement toujours très bas. Le système de prix minimum du GW garanti par la loi sur les énergies renouvelables va arriver à son terme l’an prochain pour certains fournisseurs allemands.

Un autre domaine durable à propos duquel l’Europe n’a pas de raison de rougir est l’industrie des biotechnologies.

Bien qu’elle ne puisse se prévaloir d’un secteur technologique de taille, l’Europe héberge certaines des entreprises biotechnologiques parmi les meilleures et les plus innovantes, qui relèvent le défi de trouver des traitements anti-inflammatoires ainsi qu’aux maladies auto-immunes et au cancer. Parfois jeunes, ces entreprises peuvent être critiquées par les agences de notation ESG externes pour ne pas avoir mis en place des processus de soutien complets en matière de gouvernance. MorphoSys, Argenx et Zealand Pharma ont été distinguées pour leurs pratiques solides en matière de gouvernance, mais aussi pour la sécurité de leurs produits et les contrôles qu’elles mettent en œuvre, sans oublier la gestion du capital humain, compte tenu de leur besoin impérieux d’attirer et de retenir des talents bien formés. Ces critères constituent clairement des facteurs de risque importants eu égard à leur profil de croissance. 

Se démarquant un peu des entreprises biotechnologiques, des sociétés fournissent des solutions aux effets du changement climatique que nous subissons déjà. Citons par exemple Danish Novozymes, qui produit des détergents enzymatiques nécessitant moins d’eau à des températures de lavage moins élevées. Leurs enzymes sont également utilisés dans la fermentation de l’éthanol et pourraient mener à de nouvelles technologies dans le domaine des biocarburants.

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