Vers le choc technique des Fallen Angels?

Salima Barragan

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«Lors de la prochaine récession, 5% des obligations BBB tomberont en BB», estime Nicolas Jullien de Candriam.

Dans un environnement de taux faibles voire négatifs, la chasse au rendement s’est intensifiée. Les stratégies d’obligations à haut rendement ont attiré l’intérêt des investisseurs. Depuis le début de l’année, elles ont dégagé entre 5% et 12% de performance. Pour Candriam, une chute d’un grand nombre de «Fallen Angels» - ces entreprises qui passent du rang Investment Grade (BBB) à celui d’obligations spéculatives (BB ou inférieur) - est un des principaux risques de marché pour 2020. Le point avec Nicolas Jullien, Head of High Yield et Credit Arbitrage chez Candriam.

UN CONTEXTE FAVORABLE

Malgré les incertitudes politiques, le ralentissement économique, la prolongation du cycle du crédit et l’augmentation du taux défaut de paiement à 3% pour les obligations à haut rendement, les gestionnaires restent optimistes. «L’environnement est porteur pour la gestion active de crédit High Yield. Aussi, les stratégies Long-Short permettent d’avoir moins de directionnalité et éviter les risques de marché», estime Nicolas Jullien. D’ailleurs, la forte dispersion des rendements sur le segment démontre que le marché est redevenu plus sain. «Les investisseurs regardent davantage les fondamentaux, ce qui n’était plus le cas en 2017», poursuit-il.

Lors d’une prochaine récession, plus de 5% des obligations BBB tomberont en BB,
ce qui pourrait engendrer un choc technique sur le segment BB.

Les taux en Europe ont atteint des territoires bien plus négatifs qu’au Japon. Nicolas Jullien suggère qu’une éventuelle «japonisation» du monde serait porteuse pour la classe d’actifs: «Le marché au Japon a été positif pour les obligations».

FALLEN ANGELS

A cause des nombreuses opérations de M&A financées par de la dette, la part des obligations BBB au sein du marché Investment Grade a augmenté de 35% à 50% en l’espace de dix ans et représente aujourd’hui cinq fois le marché BB. Les experts de Candriam estiment que cette situation représente un des plus grands risques en cas de récession en 2020. «Lors d’une prochaine récession, plus de 5% des obligations BBB tomberont en BB, ce qui pourrait engendrer un choc technique sur le segment BB», souligne Nicolas Jullien.

Dans la stratégie de son fonds long-short crédit, il identifie les futurs «Fallen Angels» sur lesquels il prend des positions vendeuses. On y trouve notamment des titres du secteur automobile, de l’acier et du sucre depuis que la libéralisation du système de quotas a entraîné un effondrement du cours de cette denrée.

UNE STRATéGIE DéFENSIVE

Bien que le marché soit correctement valorisé, «une sélection s’impose» tempère Nicolas Jullien qui favorise les grandes entreprises aux Etats-Unis et en Europe, plus particulièrement en Allemagne, en France et dans les pays nordiques. Ses secteurs de prédilection sont les télécommunications et l’emballage qui se montrent en général résilients aux aléas économiques. En revanche, il évite les secteurs de l’automobile et du transport maritime pénalisés par des changements réglementaires ainsi que celui de la distribution affectée par le changement du comportement des consommateurs et la montée en puissance de l’e-commerce. Enfin, il profite des opportunités d’arbitrage sur les sociétés américaines qui émettent de la dette libellée en Euro et inversement, les sociétés européennes émettant sur le marché en dollar.