Une opportunité d’achat (mesurée) sur le marché du crédit

Eoin Walsh, TwentyFour Asset Management

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Les actifs mondiaux à risque ont accusé des baisses marquées qui n’ont épargné aucune catégorie d’actifs.

Entraîné par les actions du secteur technologique, les actifs mondiaux à risque ont, mardi, accusé des baisses marquées qui n’ont, pour ainsi dire, épargnés aucune catégorie d’actifs.

Le rallye technologique ayant donné une grande confiance aux investisseurs en 2018, les cessions observées dans ce secteur ont donc, en quelque sorte, constitué un indicateur de marché pour les actions et, d’une manière générale, infecté le sentiment sur d’autres marchés.

Compte tenu de l’ampleur des récents mouvements, il est facile d’oublier que l’origine du malaise actuel remonte au 3 octobre dernier, lorsque le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, déclarait que les taux d’intérêt étaient loin d’être neutres et que la Fed pourrait devoir les relever encore davantage du fait de la vigueur de l’économie américaine.

La performance réalisée depuis le début de l’année 2018
est maintenant la pire qui ait été enregistrée depuis 2011.

Le risque de taux d’intérêt est devenu la principale source de risque, ce qui met toujours les marchés dans une situation délicate, car les corrélations peuvent, du coup, ne plus être pertinentes; ainsi, malgré les fortes liquidations qui ont touché les marchés boursiers au cours des dernières séances, aucun rallye n’a manifestement été constaté sur le marché des obligations.

Les écarts de taux se sont creusés de façon agressive depuis les considérations de Powell du 3 octobre, ce qui constitue le pire mouvement observé depuis le début de l’année 2016, de sorte que la performance réalisée depuis le début de l’année 2018 est maintenant la pire qui ait été enregistrée depuis 2011. Des bons du Trésor à plus long terme auraient aidé les portefeuilles à revenu fixe dans la dernière phase du mouvement de cessions, mais les rendements ne sont revenus qu’à leur niveau du 3 octobre.

Tout un faisceau d’autres sources mettant les investisseurs dans une situation délicate alimente également ce sentiment négatif, sans ordre particulier : baisse du pétrole brut WTI de près de 30% depuis le 3 octobre, bataille budgétaire actuellement menée par l’Italie, Brexit, discussions commerciales entre les États-Unis et la Chine, croissance négative du PIB allemand, accélération du resserrement quantitatif américain en octobre et fin prochaine de l’assouplissement quantitatif en vigueur dans la zone euro au mois de décembre.

Sur le fond, les investisseurs se demandent d’où viendra la prochaine vague de croissance et, compte tenu de la proximité relative de la fin du cycle, la réaction a été de grande ampleur. La volatilité est de retour.
À quoi pensez-vous que nous ayons ici affaire?

Nous ne pensons pas que
la fin du cycle soit déjà proche.

Les inquiétudes portant sur la phase tardive du cycle, sur les hausses de taux qui limiteront la croissance future, ainsi que tous les autres facteurs énumérés ci-dessus et qui brident le sentiment constituent des éléments incontestables.

Dans le même temps, cependant, nous constatons un décalage par rapport aux fondamentaux sur le plan des titres à revenu fixe, car, si nous avons commencé avec Powell qui évoquait une croissance robuste et durable, les marchés semblent maintenant s’inquiéter de la croissance. En tant qu’investisseur à revenu fixe, nous n’aimons pas la croissance lorsqu’elle est rapide – nous la préférons lente, régulière et diversifiée –, mais nous n’aimons pas non plus la fin des cycles de crédit, de sorte que la nervosité est, à ce stade, bien compréhensible.

Chez TwentyFour, nous ne pensons pas que la fin du cycle soit déjà proche (nous considérons l’horizon 2020 comme une possibilité). La croissance ralentira certainement en 2019, ce qui nous rapprochera de la fin du cycle, mais il n’est pas non plus impossible que certains des risques géopolitiques pesant actuellement sur les marchés soient résolus d’ici là.

D’une manière générale, les écarts de taux ont connu une évolution qui nous semble exagérée. Nous continuons de penser que, même si les écarts y ont le plus reculés, les États-Unis demeurent encore la partie la plus chère du monde. Nous considérons, de ce fait, que l’Europe, le Royaume-Uni et l’Asie sont plus attrayants.

Nous cherchons des moyens d’ajouter modestement du risque
à court terme afin de stimuler notre rendement.

Ceci étant, ce n’est pas le moment d’opter pour des obligations à plus long terme dans l’espoir de dégager des plus-values plus importantes, car la volatilité continuera très probablement d’imprimer sa marque sur les marchés. La vente d’actifs s’est faite un peu à l’aveuglette, et, parfois, les obligations les plus faciles à vendre pour les investisseurs sont celles qui sont à plus court terme : c’est précisément sur ce point que nous voyons actuellement quelques opportunités d’achat.

Certaines des obligations à plus court terme ayant été vendues présentent maintenant des rendements très intéressants; c’est notamment le cas pour les obligations perpétuelles à 6,375% de Coventry Building Society libellées en livres sterling (remboursement anticipé de novembre 2021 et rendement de 7,4%) et les obligations perpétuelles à 6,5% de Banco Sabadell libellées en euros (remboursement anticipé de mai 2022 et rendement de 8,73%). Bien que les obligations à plus court terme présentent des risques de réinvestissement, nous ne considérons pas que ce risque soit excessif eu égard à l’âge du cycle et à notre opinion selon laquelle des pics de volatilité peuvent être atteints de temps à autre.

Bref, nous considérons que cela constitue une opportunité d’achat, et nous cherchons des moyens d’ajouter modestement du risque à court terme afin de stimuler ainsi notre rendement et de profiter de l’élargissement trop agressif des écarts de taux.

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