Une configuration unique

Emmanuel Ferry, Banque Pâris Bertrand Sturdza

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2017: le cycle haussier le plus pitoyable et le plus détesté en quelques chiffres.

 

2017 a été une année d’appréciation généralisée sur les grandes classes d’actifs. Cette hausse s’est accompagnée d’une disparation apparente du risque: la volatilité s’est écrasée avec un niveau moyen de volatilité implicite sur les Actions Américaines (VIX Index) à 11 pts et une perte maximale enregistrée sur les actions mondiales qui n’a pas dépassé 2%.

La solidité de cette appréciation s’explique par la continuité de l’action des banques centrales qui s’est juxtaposée désormais avec une reprise fondamentale (croissance de l’économie mondiale synchronisée et bénéfices des entreprises en redressement), par l’inflation qui est restée en dessous des attentes et par une intensification du regain d’appétit pour le risque de la part des investisseurs.

«Le marché suisse a connu une appréciation
particulièrement soutenue.»

En 2017, les actions mondiales affichent une performance de +24,0% (soit 14 mois consécutifs de hausse). Le S&P 500 s’est apprécié de +21,8% soutenu par les espoirs de réforme fiscale de Donald Trump. Les actions américaines ont également été portées par le secteur de la technologie (Technologie US: +34,6%). Alors que le secteur de l’énergie (-0,9%) n’a pas encore bénéficié de la stabilisation des prix des matières premières (Indice Global sur les Matières Premières: +5,1%, Pétrole: +12,5%, Or: +13,5%). La forte baisse du dollar (Indice DXY: -9,9%) a contribué à la surperformance des Large Caps US vs. Small Caps (+21,7% vs. +13,2%) ainsi qu’à la surperformance des pays émergents (+37,3%). L’Europe n’a été pas été impactée par la remonté de l’EUR/USD (+14,2%). La progression ressort à +10,6% en EUR (+26% en USD) en raison d’une bonne orientation économique. 

Le marché suisse a connu une appréciation particulièrement soutenue (SPIX +29,7%), la baisse du CHF (en change effectif: -4,8%) ayant amplifié les bons fondamentaux.

«L’environnement pro-risque a favorisé le crédit
par rapport aux obligations gouvernementales.»

Dans l’univers obligataire, l’indice Global Agg termine en nette hausse (+3%). L’environnement pro-risque a favorisé le crédit par rapport aux obligations gouvernementales (US IG: +7,3%, US HY: +6,3% et US Treasuries +2,6%). L’aplatissement de la courbe des taux américaine s’est accéléré tout au long de l’année (écart entre les rendements obligataires américains 10Y-2Y) avec un resserrement de 74 bps (de 126 bps à 52 bps) suite à l’absence d’inflation et à l’impact des trois hausses de taux de la FED sur les taux courts.

La progression des marchés actions sans volatilité dans un contexte de croissance sans inflation et de liquidité banque centrale additionnelle est probablement une configuration unique dans la vie d’un investisseur. 2018 saura nous le rappeler tôt ou tard. Le marché haussier qui a démarré en mars 2009 est le second depuis la seconde guerre mondiale par sa durée et son amplitude. Il est aussi perçu comme le plus pitoyable et le plus détesté car les investisseurs ont finalement peu participé à ce cycle exceptionnel post-crise. Cette frustration laisse sans doute encore un peu d’espace pour les retardataires.

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