Un mini-cycle distinct en France

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Le cycle économique français semble plus sensible aux évolutions politiques intérieures qu’au conflit sino-américain.

© Keystone

L’économie tricolore est bien moins affectée par les vents contraires que ses voisins allemand, suisse ou italien. Les détails des derniers indices composites des directeurs d’achat révèlent que les commandes auprès des entreprises françaises sont repassées au-dessus de la barre fatidique des 50 points sur les deux derniers mois, alors que de l’autre côté du Rhin et des Alpes, les commandes continuent de reculer. Le cycle économique français, davantage tourné vers le marché national, semble plus sensible aux évolutions politiques intérieures qu’au conflit sino-américain. Ainsi, l’impact des réformes d’Emmanuel Macron et le mouvement des gilets jaunes s’y opposant semblent bien plus pertinents pour expliquer la dynamique de croissance actuelle. L’indice de confiance des consommateurs de l’INSEE et de nombreuses enquêtes économiques se sont nettement améliorés depuis les plus bas observés en décembre 2018, où les manifestations des gilets jaunes pesaient lourdement sur l’activité économique. Les réformes du marché du travail portent leurs premiers fruits avec des données en amélioration et un optimisme croissant des consommateurs quant à leurs perspectives d’emploi. Sur la base des données effectives de la consommation privée et la production manufacturière, nous avons légèrement relevé notre prévision de croissance du PIB pour 2019.

La pression inflationniste intérieure suggère
que la politique monétaire de la BCE convient à la France.

Notre prévision d’inflation reste inchangée pour 2019 comme 2020. La pression inflationniste intérieure suggère que la politique monétaire de la BCE convient à la France et qu’aucune normalisation à court terme n’est en vue. Le risque inflationniste s’infléchit du fait de la tendance baissière des prix de l’énergie. En outre, des cotisations sociales plus faibles réduisent le coût du travail. Si les entreprises de services les répercutent sur les consommateurs, l’inflation devrait être encore inférieure à nos attentes actuelles.

Pessimisme dominant en Allemagne

Chez les économistes, le climat concernant l’Allemagne a continué de se dégrader au second trimestre 2019. Il y a moins d’un an, notre prévision de 1,3% de croissance était relativement prudente. Parmi toutes celles réunies par Consensus Economics, nous avons aujourd’hui la prévision de hausse du PIB la plus optimiste en 2019. La Bundesbank conforte les sceptiques. Selon sa dernière évaluation, le repli du PIB au deuxième trimestre s’explique par la faiblesse persistante des activités manufacturière et d’exportation. En 2019, elle attend un PIB réel en hausse d’à peine 0,6% par rapport à 2018, et de 1,2% en 2020. En décembre dernier, elle tablait encore sur 1,6% pour ces deux années. Notre prévision diverge, car nous anticipons une demande intérieure plus soutenue. Certes, le taux d’utilisation des capacités dans l’automobile n’a pas retrouvé sa vigueur cette année, et la contraction du marché du travail s’est probablement achevée dans le secteur secondaire. Toutefois, les ménages consomment toujours et l’activité de construction devrait largement favoriser la croissance en 2019 et en 2020. Les hypothèses du solde budgétaire primaire ajusté du cycle tendent vers une part record de l’impulsion fiscale dans le PIB nominal par rapport à 2010.

L’inflation globale a fortement baissé en juin après un pic temporaire dû à des fêtes de Pâques tardives. Selon les données préliminaires, l’inflation a chuté à 1,3%, soit moins que nos 1,4% prévus. La tendance baissière des prix de l’énergie nous pousse à réévaluer notre profil d’inflation et à abaisser la prévision pour 2019 à 1,4%. Les chiffres de l’inflation globale continuent d’évoluer en dents de scie en raison de l’effet de base dû aux fluctuations du prix du pétrole en 2018. Le taux global devrait passer sous 1% au troisième trimestre, puis au-delà de 2% début 2020.

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