Suisse: le ciel s’assombrit

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Swiss Life AM réduit fortement ses hypothèses de croissance du PIB suisse pour cette année. En revanche, l’Asie présente de bonnes perspectives à moyen terme.

Nous sommes contraints d’abaisser fortement nos hypothèses de croissance du PIB pour 2022. La Suisse non plus ne pourra pas totalement esquiver les vents contraires qui soufflent sur l’Europe.

Les ménages sont confrontés à une perte du pouvoir d’achat et se montrent réservés quant à leurs prévisions d’achat de biens de consommation durable. Les dépenses de construction stagnent depuis le début de l’année et devraient peser sur la croissance du PIB en raison de la hausse des coûts de financement.
Même si, jusqu’ici, seules quelques voix alertaient des conséquences d’une nette appréciation du franc, l’économie d’exportation devrait connaître un repli sensible des commandes entrantes. Le tableau est similaire pour le secteur du tourisme à l’orée de la saison hivernale. Globalement, notre scénario de référence aboutit à une trajectoire modifiée de l’évolution du produit intérieur brut réel: nous attendons désormais une légère contraction au premier trimestre 2023, mais continuons d’écarter une récession stricto sensu.

Nous tenons à préciser que notre scénario de référence pour les mois d’hiver s’appuie sur l’hypothèse d’un approvisionnement en gaz et en électricité assuré à tout moment. Dans l’éventualité plus défavorable d’une situation de pénurie aggravée, la récession sera également inévitable pour la Suisse.

Comparée à d’autres banques centrales des économies développées, la BNS a augmenté les taux directeurs de manière nettement plus importante par rapport à l’inflation actuelle. De plus, elle semble ne rien entreprendre sur le marché des devises pour contrer l’actuelle appréciation du franc. Nous partageons la confiance des responsables de la BNS quant à l’atteinte prochaine du pic d’inflation.

L’Asie présente de bonnes perspectives à moyen terme

La demande mondiale en baisse pèse lourdement sur les pays émergents. En août, le PMI des commandes à l’exportation a poursuivi sa chute sous les 50 points, atteignant 48,7. Cette tendance au repli va se maintenir, d’autant que la demande venue d’Europe, frappée par une crise énergétique, marque toujours le pas et que les taux élevés aux Etats-Unis devraient refroidir une économie en surchauffe.

Les économies d’Asie septentrionale très dépendantes des exportations, comme la Corée du Sud, Taïwan et la Chine notamment, ont enregistré une nette chute de leur PMI en août. Concernant la Chine, cela n’est pas seulement imputable au recul de la demande mondiale, mais aussi à la faible dynamique domestique, car les confinements à répétition pèsent sur le moral des ménages et le secteur immobilier déjà tendu reste sous pression.

L’Asie du Sud, en revanche, résiste pour l’heure. Les économies de cette région continuent de profiter d’une dynamique de réouverture depuis le pic de la pandémie. De plus, l’inflation asiatique reste à un niveau relativement modeste, de sorte que les hausses de taux ont été modérées et ont pesé moins fortement sur la demande intérieure.

Si la Chine adopte une stratégie plus flexible pour lutter contre le covid l’année prochaine, la région pourrait également bénéficier de sa reprise cyclique. A moyen terme, les perspectives pour l’Asie sont donc relativement constructives. A court terme, l’environnement pour les pays émergents reste difficile à l’échelle mondiale, surtout tant que la Fed relèvera ses taux. En effet, le dollar américain s’apprécie et met sous pression les devises de ces pays.

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