Restons humbles et minimisons nos regrets

Nicolas Mougeot, Indosuez Wealth Management

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S’il est tentant d’acheter ce qui a le plus baissé, il est plus avantageux de focaliser sur les actions de qualité avec un faible endettement.

Les marchés financiers vivent une période historique, passant d’un sentiment d’immunité face au coronavirus à vent de panique, plus le virus impose aux gouvernements de prendre des mesures drastiques de réduction de la circulation de leurs citoyens. Au vu de la chute des bourses mondiales, il est tentant de vouloir en bénéficier à tout prix. Mais dans un tel environnement, une bonne gestion de fortune requiert de rester humble et de minimiser ses regrets.

Rester humble, car cette crise est tellement particulière que toutes les certitudes d’hier sont remises en question aujourd’hui. Le marché actions a connu une chute plus rapide que pendant le crash de 1987. L’indicateur VIX, qui mesure la volatilité du marché financier américain, a clôturé le 16 mars à 82 points, soit au-dessus du pic qu’il avait atteint lors de la crise de 2008. La Banque centrale américaine a réagi en baissant son taux directeur proche de zéro et en fournissant énormément de liquidités, suivie de la Banque centrale européenne et d’autres banques centrales qui ont adopté des mesures similaires. Les prix du pétrole se sont effondrés suite à l’annonce de l’Arabie Saoudite d’augmenter fortement sa production puis ont rebondi de 24%, en une seule journée.

Ce qui paraissait bon marché hier semble cher aujourd’hui, considérant l’incertitude autour des bénéfices des entreprises dans les mois à venir. Ce qui était liquide hier ne l’est plus aujourd’hui tant les banques et les autres acteurs financiers réduisent la voilure et sauvegardent un maximum de cash.

Vu la volatilité des marchés, il est donc recommandé aux investisseurs de ne pas prendre plus de risque qu’ils ne peuvent en absorber, tant il est aisé de passer de héros à zéro en un jour.

Par ailleurs, maximiser la performance d’un portefeuille n’est peut-être pas opportun dans un tel environnement de marché. Plutôt, tout investisseur devrait minimiser ses regrets. Prenons le cas d’un investisseur qui aurait décidé, début février, de protéger 50% de son portefeuille en achetant une option de vente. Si le marché avait continué de monter, il pourrait regretter d’avoir payé une assurance devenue obsolète. Dans le contexte d’aujourd’hui, il pourrait regretter de ne pas avoir couvert 100% de son portefeuille, mais il ne devrait avoir aucun regret car il aura ainsi réduit ses risques.

Que faire aujourd’hui pour minimiser ses regrets tout en restant humble? Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier car la diversification de portefeuille reste un principe financier de base, au risque de s’en vouloir de ne pas avoir investi dans un actif ou un autre. L’or a souffert d’appels de marge et de crise de liquidités sur les autres classes d’actifs mais reste attractif à moyen terme dans un monde où les taux d’intérêt sont proches de zéro voire négatifs. Quid des actions? S’il est tentant d’acheter ce qui a le plus baissé (banques, sociétés pétrolières), il est plus avantageux de focaliser sur les actions de qualité avec un faible endettement telles que les sociétés pharmaceutiques ou les géants de la tech, par exemple. Ainsi, si le marché rebondit, l’investisseur bénéficiera d’une performance positive bien que potentiellement moins élevée que celles d’actifs de moins bonne qualité. En revanche, si la crise empire, ces actions de qualité devraient réduire ses pertes financières potentielles et réduire par conséquent ses regrets d’avoir décidé de rester investi. Car si la témérité peut être payante, elle peut aussi punir. Il est donc recommandé à chaque investisseur de s’assurer qu’il ou elle est en mesure d’absorber les pertes potentielles si la crise du coronavirus venait à s’aggraver.

Dans cette période de confinement, restons assis, soyons humbles et minimisons nos regrets. 

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