Relever le défi de la transition énergétique

Salima Barragan

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«Les grandes entreprises en transition auront un impact immédiat sur l’environnement», estime Nina Lagron de La Française AM.

Non seulement la réduction de l’empreinte de carbone à un impact écologique et sociétal, mais également économique. Nina Lagron, gérante senior chez La Française, se démarque avec l’approche de sa stratégie «carbon impact». Près de 45% de son fonds est investi dans des entreprises en transition: «Nous pensons que si les grandes entreprises en transition coupent leur empreinte de carbone, l’impact sur l’environnement sera immédiat».

Au-delà d’une nécessité sociétale, un réel impact économique

La sécheresse engendrée par le réchauffement climatique a élevé le prix de certaines matières premières comme le blé. Or, toutes les conséquences financières de ce phénomène sont difficilement mesurables. «Le dernier rapport du GIEC a clairement démontré que l’on met en péril une population de 700'000’000 personnes impactées par la montée des mers», explique Nina Lagron. Ainsi, depuis la Conférence de Paris de 2015 sur le changement climatique (Cop 21), un nombre croissant de gouvernements ont émis des réglementations sur les investissements forçant les fonds à se retirer des énergies fossiles comme le charbon. 

«Wal-Mart a un programme où il demande à ses fournisseurs
de réduire leurs émissions de CO2 pour arriver à la neutralité d’ici 30 ans.»

Aussi, certaines entreprises doivent faire face à des externalités importantes impactant leur performance. «Pour un assureur, le coût d’une catastrophe naturelle comme un ouragan est mesurable mais dans le cas d’une taxe de carbone, le coût est indirect», explique Nina Lagron qui se réfère à la nouvelle taxe de carbone canadienne. Cette taxe est calculée selon le principe du pollueur-payeur; les entreprises avec une forte empreinte de carbone seront les contributeurs les plus importants de ce fonds publique visant à financer les dégâts écologiques.

L’approche impact des sociétés en transitions

Près de 40% du fonds géré par Nina Lagron est investi dans des entreprises en transition: «Nous pensons que si des grandes entreprises en transition, comme UPS et Wal-Mart, coupent leur empreinte de carbone, l’impact sur l’environnement sera immédiat». Wal-Mart, le plus grand distributeur au monde et dont l’empreinte de carbone reste actuellement importante, effectue sa transition via son grand réseau de producteurs asiatiques. «Wal-Mart a un programme, le Gigaton, où il demande à ses fournisseurs de réduire leurs émissions de CO2 pour arriver à la neutralité d’ici 30 ans», souligne Nina Lagron. La gérante privilégie également UPS, une société de transport, qui possède 50’000 camionnettes circulant quotidiennement de par le monde: «UPS a commencé un programme d’optimisation et a coupé 10% de ses émissions. Ils ont également implémenté à grande échelle une joint-venture avec Daimler pour produire des camionnettes électriques». La transition énergétique de ces deux grands acteurs devrait également influencer les autres entreprises de leur secteur, décuplant ainsi l’effet impact.

Dans un même esprit, Nina Lagron investit également dans les sociétés favorisant la transition avec des solutions plus efficientes où chaque KWH non-utilisé compte: «Schneider, travaille sur les réseaux électriques intelligents pour réduire les pertes et augmenter les capacités énergétiques. Quant à Ingersoll Rand, elle produit des Smart Grid, des isolations et de la machinerie à faible consommation». 

Les sociétés du cloud utilisent uniquement
de l’énergie renouvelable pour leurs activités.

Son portefeuille à un biais technologique important de 26%, car ces sociétés possèdent une vrai démarche d’efficience énergétique. Les FAANG ont une double casquette où, d’un côté, elles proposent des technologies favorisant une diminution de l’empreinte de carbone, et de l’autre, elles visent un ratio énergétique 100% renouvelable. Par exemple, les sociétés du cloud utilisent uniquement de l’énergie renouvelable pour leurs activités. «Apple est très proche de 100% d’énergie renouvelable. De plus, via les smartphones, les conducteurs d’UPS reçoivent de façon dynamique leurs itinéraires en fonction des conditions de trafic, évitant ainsi un surcroît de pollution», explique la gérante. Certains fournisseurs d’énergie sont également engagés dans la dé-carbonisation. Nextera a créé la filiale Nextera Énergie Partner entièrement dédiée à l’énergie éolienne et solaire.

Un impact mesurable

La Française utilise un système de notation dynamique propriétaire sur les grandes sociétés. «Nous incluons 46 Key Performance Index que nous captons avec notre système de scoring impliquant de l’intelligence artificielle», explique la gérante qui utilise également un indice de comparaison pour mesurer l’impact de son portefeuille calibré autour de 20 à 25 tonnes de CO2 par millions d’euros investis. «Nous comparons notre empreinte de CO2 à l’indice MSCI ACWI dont l’empreinte est de 150 tonnes par millions d’euros», explique la gérante qui n’investira dans des sociétés en transition uniquement si celle-ci jouissent également de bons fondamentaux.

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