Rebond des matières premières

Axel Botte, Ostrum AM

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La hausse du pétrole et des denrées alimentaires a contribué à une hausse des points morts.

© Keystone

Les rachats de short de T-notes après la publication de l’indice des prix à la consommation (IPC) s’estompent sur fond de bonnes données économiques. En zone euro, le Bund s’apprécie un temps à la lecture de l’inflation britannique et les propos surprenants de Klaas Knot et Joachim Nagel, deux faucons de la Banque Centrale Européenne (BCE), qui déclarent que la hausse de septembre reste dépendante des données publiées. Cela bénéficie aux spreads souverains qui s’inscrivent en resserrement d’autant que l’Italie a trouvé un accord avec Bruxelles pour le déblocage d’une tranche d’aide de 18,5 milliards d’euros. Le crédit se resserre légèrement grâce aux financières, foncières incluses. Le high yield reste bien orienté comme la dette externe émergente dont le spread s’établit sous 420pb. Les actions terminent la semaine en ordre dispersé. La refonte de l’indice du Nasdaq, qui réduit le poids des plus grandes valeurs à partir du lundi 24 août, implique des mouvements chiffrés à 60 milliards de dollars en pleine période de publication. Sur le marché des changes, le dollar rebondit face au yen qui subit de nouveau la communication sibylline de la Banque du Japon (BoJ). La devise nippone repasse au-delà de 141 contre le billet vert. La Banque Populaire de Chine (PBoC) semble plus encline à défendre le Renminbi. L’euro et le sterling refluent après l’IPC de juin.

Resserrement généralisé des spreads souverains

Sur le plan conjoncturel, les publications américaines demeurent conformes à la résilience observée au premier semestre. Les ventes au détail ont progressé en juin de 0,2% après une hausse mensuelle de 0,5% le mois précédent. La production industrielle s’est repliée depuis mai, mais s’affiche tout de même en hausse de 1,5% (annualisé) au deuxième trimestre. Si l’enquête PhillyFed reste médiocre en juillet, le rebond de la composante des prix reçus, au plus haut depuis janvier, est à surveiller. La confiance des promoteurs s’améliore encore. Le manque de stocks disponibles réduit les reventes de maisons en juin et pousse les prix vers les sommets précédents (médiane des transactions à 410’000 dollars). Les mises en chantier restent probablement insuffisantes pour desserrer durablement la contrainte d’offre. En zone euro, l’estimation finale de l’IPC harmonisé se situe à 5,5% après l’arrondi haussier apporté à l’indicateur sous-jacent (5,5%). L’inflation britannique ressort légèrement inférieure aux attentes à 7,9% grâce à une baisse de 0,2pp de l’inflation sous-jacente. Le Retail Price Index (RPI), qui s’applique aux emprunts indexés, affiche une inflation à 10,7%. Les ventes au détail ont rebondi en juin (+0,7%) malgré la rechute de la confiance des ménages et les tensions renouvelées sur les loyers londoniens, en conséquence du renchérissement du crédit hypothécaire. Les mouvements d’allocation d’actifs restent significatifs. Les investisseurs privilégient les fonds monétaires et obligataires. Les flux vers les Treasuries ou le crédit investment grade (IG) ralentissent. Sur le plan mondial, les actions enregistrent des retraits de l’ordre de 2 milliards de dollars, qui épargnent toutefois le Japon et la technologie et l’énergie aux Etats-Unis.

Sur les marchés de taux, les comptes spéculatifs, massivement vendeurs de contrats, avaient commencé à alléger leur position avant l’IPC de juin. Cette tendance s’est poursuivie jusque 3,73% sur le 10 ans la semaine passée avant que les publications n’enclenchent un retour vers 3,85%. Christopher Waller laissait pourtant entendre que la hausse de juillet pourrait s’avérer suffisante, renforçant ainsi l’inversion de la courbe proche de -100pb sur son segment 2-10 ans. La hausse du pétrole et des denrées alimentaires après la décision de la Russie de mettre fin à l’accord d’exportations de blé via la mer Noire a contribué à une hausse des points morts. Le swap d’inflation américaine à 10 ans prend 9pb à 2,61%. En zone euro, le rendement du Bund se tend malgré une forte réaction initiale à l’IPC britannique et aux propos de Nagel et Knot. Le 10 ans allemand remonte vers 2,50%, ce qui contribue à un resserrement généralisé des spreads souverains. L’Italie trouve un accord avec Bruxelles pour le versement de 18,5 milliards d’euros au titre du plan de relance européen, une bonne nouvelle pour un gouvernement confronté à une dérive importante des comptes publics cette année. Le déficit de caisse de l’état atteint 95 milliards d’euros au premier semestre. Le spread du BTP italien à 10 ans revient vers 160pb et entraine les primes portugaise (-3pb), espagnole (-3pb) et grecque dans son sillage (-12pb).

Les spreads de crédit européen sont également bien orientés avec un resserrement d’1pb sur la semaine, et de 3pb pour le secteur financier. Le marché primaire est à l’arrêt en juillet avec les publications et la plus faible volumétrie de l’été. Les ETFs concentrent l’essentiel de la demande de crédit IG. Le high yield européen demeure bien orienté (-7pb) malgré des rachats réguliers sur les fonds.

La saison des résultats a débuté aux Etats-Unis. Les 81 premières publications battent le consensus de bénéfice par action de 6% en moyenne malgré des chiffres d’affaires moins dynamiques voire en net repli pour les ressources de base ou l’énergie. Quelques grandes valeurs déçoivent, ce qui amplifie les rotations sectorielles. La baisse du dollar a probablement favorisé les entreprises américaines.

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