Réalité ou fiction: l’investissement ESG ne va qu’avec les actions

Masja Zandbergen, Robeco

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L’investissement durable par le biais d’obligations peut se révéler indispensable pour gérer le risque sur certains marchés.

Des centaines d’investisseurs sont convaincus que l’investissement durable est le meilleur moyen d’acheter des actions. Mais peu d’entre eux l’appliquent aussi aux portefeuilles obligataires, ce qui est dommage dans la mesure où l’investissement durable est également adapté aux obligations et peut se révéler indispensable pour gérer le risque sur certains marchés. 

Le mythe selon lequel l’investissement durable ne fonctionne qu’avec les actions existe car les prix des obligations d’Etat sont plus sensibles aux aspects macroéconomiques tels que les taux d’intérêt et la croissance du PIB qu’aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) à l’échelle d’une entreprise. Et il est difficile pour certains investisseurs de comprendre comment les questions ESG peuvent jouer sur la dette qui doit de toute façon être remboursée. 

Il est plus important d’éviter les perdants que de toujours
sélectionner les gagnants dans un portefeuille.

Il ne s’agit ni plus ni moins que d’essayer de réduire le risque. Il est plus important d’éviter les perdants que de toujours sélectionner les gagnants dans un portefeuille. Eviter les perdants suppose d’effectuer une analyse minutieuse du risque inhérent à chaque obligation: l’aptitude de l’émetteur à rembourser, ou sinon faire défaut. C’est ici que l’analyse ESG peut être utile. 

Évaluer les crédits

Les Etats ou sociétés qui émettent des obligations peuvent être évalués pour leurs risques en utilisant un large éventail de critères ESG. Cela apporte très souvent une réelle plus-value et permet d’agir en conséquence. Toutefois, l’importance relative de chaque variable ESG diffère d’un secteur à l’autre. 

Les facteurs environnementaux et la nécessité de réduire les émissions sont plus importants dans le secteur pétrolier que dans la distribution, où les relations avec les travailleurs sont une question centrale; ou dans la banque, où la gouvernance est une priorité dans la gestion des facteurs de risque. Les entreprises agroalimentaires subissent des pressions accrues pour fabriquer des produits plus sains; au Royaume-Uni, de récentes études présentées au Parlement ont révélé que «le sucre est le nouveau tabac» et qu’il devrait être taxé en conséquence. Cela fait peser un risque clair sur la rentabilité future et la légitimité des fabricants d’aliments et de boissons.

Des obligations vertes de plus en plus populaires

Dans l’univers des obligations, l’investissement durable a fait une percée dans les obligations vertes. Il s’agit de crédits émis pour financer des projets environnementaux allant de parcs éoliens jusqu’aux dispositifs de purification de l’eau, la plupart du temps dans les marchés émergents.

Elles fonctionnent comme des obligations d’entreprise ou d’Etat classiques et la plupart sont de catégorie investment grade. Elles sont parfois titrisées, c’est-à-dire que les futurs revenus du projet (énergie renouvelable vendue à des réseaux électriques nationaux) servent de garantie à l’émission.

Le marché s’est fortement développé depuis l’émission des premières obligations vertes par la Banque européenne d’investissement et la Banque mondiale, en 2007. Ces titres sont désormais populaires auprès des grands investisseurs, dont Robeco, qui les inclut dans certains fonds obligataires sélectionnés. Selon une étude réalisée par Bank of America Merrill Lynch, qui a lancé un indice Green Bond Index en 2014, l’encours total des obligations vertes dépassait les 200 milliards de dollars en 2017.