Quelle hausse des taux?

Bart Van Craeynest, Econopolis

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La récente baisse des taux obligataires n’est sans doute qu’une pause temporaire.

Après la foule de commentaires sur les hausses des taux, les turbulences qui les ont accompagnées sur les marchés d’actions en février, des prévisions catastrophistes faisant état un retournement de tendance imminent sur les marchés hypothécaires et immobiliers et d’autres mises en garde similaires, les taux obligataires ont baissé le mois dernier. Tant aux États-Unis qu’en Europe (y compris en Belgique), les taux à 10 ans sont en recul ces dernières semaines. Cela rappelle les mises en garde contre une hausse imminente des taux entendues ces dernières années: elles se sont à chaque fois révélées prématurées. Pourtant, les choses semblent différentes cette fois.

Nouvelle phase de la reprise

La reprise économique mondiale en cours depuis plusieurs années semble en effet entrer dans une nouvelle phase. Avec des entrepreneurs extrêmement optimistes, l’économie est passée à la vitesse supérieure depuis quelques trimestres. Et à la différence des années précédentes, de plus en plus de signaux suggèrent une reprise progressive de l’inflation. Les hausses des cours de matières premières, l’utilisation croissant des capacités de production et les tensions sur le marché du travail laissent présager d’une intensification prochaine de la pression inflationniste. Les enquêtes menées chez les entrepreneurs le confirment: ils notent clairement une augmentation des prix. Généralement, de telles hausses des prix chez les producteurs se répercutent assez rapidement sur les prix facturés aux utilisateurs finaux. Surtout aux Etats-Unis, mais aussi – bien que dans une moindre mesure – en Europe, tous les indicateurs précurseurs d’inflation suggèrent une nette hausse de l’inflation au cours des mois à venir.

planches à billets proches du placard

Le principal changement par rapport aux années précédentes provient cependant des banques centrales. On observe un infléchissement clair de la politique monétaire mondiale. Les banques centrales américaine, canadienne et britannique ont déjà augmenté leurs taux directeurs, et de nouveaux relèvements des taux sont à l’agenda. Cette semaine, la banque centrale norvégienne a également indiqué qu’elle envisageait de plus en plus de relever ses taux (même si elle ne joindra sans doute le geste à la parole jusqu’après l’été). En outre, les planches à billets semblent peu à peu remises au placard. Aux Etats-Unis, la Fed est déjà en train de réduire son bilan, alors que dans la zone euro, la BCE va presque certainement mettre un terme aux rachats d’actifs après septembre. Les injections de masse monétaire dans le système financier sont en train de diminuer.

Dans ce contexte, la récente baisse des taux obligataires n’est sans doute qu’une pause temporaire. La combinaison de reprise économique vigoureuse, d’inflation croissance et de nouvelles étapes vers une politique monétaire plus restrictive devraient entraîner une augmentation des taux obligataires au cours des trimestres à venir. Cette fois, le mouvement vers une hausse des taux est clairement engagé.

 

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