Quel est ce nouveau sous-secteur qui dynamise la croissance du luxe?

Raffi Balyozyan, Genthod Global WM & Marie-Caroline Fonta, Notz Stucki

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Les grands groupes du luxe ont déjà commencé à se positionner pour profiter de l’émergence de l’«Activewear».

Raffi Balyozyan, Conseiller du fonds, et Marie-Caroline Fonta, Gérante du fonds 

Qu’est ce que le luxe? Ce terme luxe se limite pour nombre d’entre nous à quelques sous-secteurs très emblématiques tels que l’horlogerie, la joaillerie, le prêt-à-porter ou encore la maroquinerie. En réalité, dans un secteur estimé à 1’171 milliards d’euros, ces «biens du luxe» représentent un marché de 260 milliards d’euros, soit seulement 22% du luxe. Ces «biens du luxe» sont avec une croissance estimée entre +3 et +5%, l’une des catégories les plus prometteuses du secteur (après les croisières et les hôtels de luxe) et devrait pour le cabinet de conseil Bain & Company atteindre un marché de 365 milliards d’euros à horizon 2025.

Néanmoins, dans les «biens du luxe», un segment, l’«Activewear», encore peu présent il y a quelques années, connaît actuellement un grand essor et cette impulsion n’est pas prête de s’essouffler. Il s’agit des équipements de sport spécialisés, et concerne principalement les urbains, notamment les personnes aisées, mais également la classe moyenne émergente qui possède de plus en plus de temps libre. Il est important de différencier l’Activewear avec des marques spécialisées dans des sports tels que la course, le vélo, le ski ainsi que les activités pratiquées en salle du phénomène de mode des «Sneakers» à plus de 700 francs propulsé par des marques de luxe telles que Balanciaga ou Gucci (détenues par Kering).

La Chine joue un grand rôle dans la forte croissance
du segment de l’Activewear.

Les codes ont changé dans le sport avec l’amélioration de la technicité des produits et le digital. Aujourd’hui, nous sommes dans un sport connecté et social. La Chine joue un grand rôle dans la forte croissance du segment de l’Activewear pour les raisons suivantes:

  1. le nombre de ménages urbains est en croissance (le style de vie urbain est 3 fois plus propice à la pratique du sport que le mode de vie en zone rurale) avec une classe moyenne émergente en ville qui devrait atteindre 475 millions de personnes d’ici 2022;
  2. la pratique d’un sport spécialisé prend une importance croissante parmi les Chinois (le nombre de marathoniens a doublé entre 2014 et 2015 selon l’association d’athlétisme chinoise);
  3. le gouvernement chinois s’est fixé des objectifs ambitieux pour la construction de complexes sportifs et octroie des baisses d’impôts pour les entreprises engagées dans des activités sportives.

Il n’est donc pas étonnant de constater que la filière capital-investissement de LVMH vient récemment d’investir dans Will’s, une chaine de salle de sport avec plus de 130 fitness en Chine. Par ailleurs, le groupe finlandais AmerSports (détenant entre-autre Salomon, Arc’teryx et Peak Performance) vient de recevoir une offre ferme d’un consortium regroupant le plus grand acteur d’Activewear en Chine possédant la marque Fila, un fonds d’investissement crée par le fondateur de la marque américaine Lululemon Athletica ainsi que du géant chinois du ecommerce Tencent.

Il faut s’attendre dans le luxe à des valorisations plus élevées
que la moyenne des indices boursiers.

À l’heure où les inquiétudes sur la consommation du luxe en Chine se font nombreuses, en raison d’une éventuelle guerre commerciale avec les Etats-Unis, les grands groupes du luxe investissent dans ce sous-secteur en devenir.

En tant qu’investisseurs du luxe, nous restons à l’affut de ces futures tendances et grâce à nos compétences complémentaires: l’expertise du monde du luxe du Groupe Franck Muller et l’expérience de gestion de Notz Stucki, nous investissons dans un portefeuille concentré de 30 sociétés. Il faut en général s’attendre dans le luxe à des valorisations plus élevées que la moyenne des indices boursiers. Il est intéressant de regarder l’évolution de cette prime du luxe vis-à-vis des actions mondiales et de profiter d’une diminution de celle-ci pour rentrer dans un marché avec de bons fondamentaux et des titres qui sont passés par de beaux cycles de résistances. Cette prime était proche de 20% en juin 2018 elle est aujourd’hui à 5%. Le luxe continue de démontrer une forte résilience et nous attendons de belles surprises pour 2019.

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