Point sur les actions britanniques

Salima Barragan

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«Beaucoup de sociétés présentent un profil de risque asymétrique», estime Theo Craig d'Aberdeen Standard Investments.

Le Brexit a jeté un froid sur le marché des actions britanniques quelque peu délaissé sur fond de pessimisme ambiant. Malgré ces incertitudes, il est intéressant de relever que les indices britanniques ne sont pas en queue de peloton. D’ailleurs, l’environnement économique reste toujours favorable à la classe d’actifs et le fait est que les titres de croissance ont été les plus sollicités. Le point avec Theo Craig, spécialiste en actions britanniques et européennes chez Aberdeen Standard Investments.

Une économie britannique résiliente

Les pourparlers en cours entre le Royaume-Uni de l'Union européenne démontrent que les conditions du retrait britannique restent obscures. Dans son scénario central, Theo Craig écarte la possibilité d’un non-accord malgré l’augmentation du risque extrême : « Nous pensons qu'il est probable que cette situation soit évitée, car il est dans l'intérêt tant du Royaume-Uni que de l'Union Européenne de trouver une meilleure solution». Ainsi, si l’accord ne se concrétise pas dans les mois à venir, il s’attend à une prolongation des négociations. D’ailleurs, un délai de quelques mois pour la ratification d’un accord n’a pas été exclu par Theresa May.

La livre sterling continue
de jauger le sentiment du marché.

Malgré un pessimisme ambiant sur l’économie britannique, elle reste résiliente. «Nous constatons que le Royaume-Uni continue de croître, quoique à un rythme plus lent par rapport aux derniers trimestres. La croissance des salaires est meilleure que prévue et le taux de chômage est au plus bas depuis le milieu des années 1970. Ces facteurs continuent de soutenir le moral des consommateurs», relève le spécialiste pour qui, les risques du Brexit sont principalement politique, bien qu'une élection générale pourrait modifier la dynamique économique.

La livre sterling continue de jauger le sentiment du marché. « Les incertitudes politiques ont assombri la livre sterling contre dollar pendant la majeure partie de 2018. La paire s'est redressée ces deux derniers mois sous l'impulsion de données économiques favorables comme la croissance du PIB, la croissance des salaires et les chiffres du chômage» analyse Theo Craig. En ce qui concerne l’euro contre la livre sterling, la paire s’est négociée tout au long de l’année dans une fourchette relativement étroite. «Cela suggère que pour le marché, le résultat du Brexit n’a pas été altéré», rajoute-il. Quant à la Banque d'Angleterre, elle semble contrainte à maintenir ses taux d’intérêts au niveau actuel, ce qui limitera les possibilités d'appréciation de la livre.

Des opportunités contrariantes

Selon Theo Craig, les valorisations des actions se traitent certes avec une décote par rapport aux autres marchés d'actions développés mais beaucoup des sociétés de croissance ou stables ont un profil de risque asymétrique. Elle ne sont donc plus attractives à cause de leur sensibilité aux écarts des prévisions des bénéfices ou des perspectives de croissance.

L’effet de taille a été
particulièrement prononcé en 2018.

Cependant, il a observé une rotation du style laissant apparaitre des opportunités contrariantes: «Les actions de croissance ont été plus sollicitées que celles «value» et notre équipe actions a décelé des opportunités spécifiques que le marché a mal compris ou ignoré». Ainsi, les investisseurs en quête de croissance structurelle, malgré les incertitudes actuelles, ont délaissé les grandes capitalisations comme le démontre la surperformance, depuis le début de l’année, de l'indice MSCI UK Small cap sur les principaux indices britanniques davantage orientés vers des secteurs plus défensifs. «Avec un large éventail de petites sociétés affichant une croissance forte et durable de leurs bénéfices par le biais de business model disruptifs, l’effet de taille a été particulièrement prononcé en 2018 et les grandes capitalisations cotées au Royaume-Uni ont ainsi dégagé des performances comparativement plus faibles», relève-il.

Ainsi, après les flux des investisseurs «momentum» sur les actions de croissance, Aberdeen Standard Investments constate des opportunités sur certaines actions «value»: «De nombreux titres à haut ROE avec des bonnes perspectives de croissance sont traitées avec une décote importante. Aussi, la volatilité récente a fourni une occasion de réexaminer et, dans certains cas, de réinvestir dans des entreprises de bonne qualité en croissance, devenues plus attrayantes comme Fever-Tree, Dechra Pharmaceuticals et NMC Health».

Certains secteurs n’offrent plus beaucoup de potentiel. «La vente de détail traditionnelle est un autre domaine que nos analystes évitent en raison du progrès continu de la technologie et de la logistique. En revanche, nous avons trouvé un certain nombre d'opportunités intéressantes dans les secteurs des services financiers, des ressources et la consommation, où la combinaison de valorisations attrayantes, de bilans solides et de perspectives de croissance prometteuses alimentent nos convictions», explique-il.  Aberdeen Standard Investments maintient ainsi une vision globalement conservatrice mais reste plus optimiste sur les perspectives qu’offrent une approche de type bottom-up.