Point d’inflexion des énergies renouvelables

Salima Barragan

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«L’homme doit s’adapter à son environnement», constate Stefano Rodella d'AtonRâ Partners.

 

AtonRâ Partners, une société de gestion spécialisée dans la recherche primaire et industrielle, dont l’équipe compte également des ingénieurs, lance un neuvième certificat sur le thème des énergies renouvelables. Il s’ajoute à des paniers portant sur des thématiques d’avenir comme la fintech, la cyber sécurité, la robotique, l’intelligence artificielle ou la bionique. Résolument avant-gardiste, Stefano Rodella, son fondateur, estime que la finance a la capacité de construire un nouveau monde en contribuant au développement durable de notre planète.

L’énergie: le nerf de la guerre

C’est suite à une prise de conscience universelle de la problématique du changement climatique sur l’environnement et la société, que les énergies renouvelables arrivent à leur point d’inflexion. Face à ce constat, la société genevoise, qui étudie ce thème depuis trois ans, lance aujourd’hui un certificat «sustainable future» dont la génération d’électricité est le pivot central de sa stratégie. «L’ampleur des effets du changement climatique ouvre la porte à de nouveaux défis technologiques. Il y a quelques années, il aurait été prématuré d’investir sur ce secteur au cycle très long», commente Stefano Rodella.

La décennie à venir sera charnière
pour l’ensemble du secteur énergétique.

Ainsi, la décennie à venir sera charnière pour l’ensemble du secteur énergétique. Différentes formes d’énergie cohabiteront ensemble et le gaz et le pétrole perdront leur rôle de moteur. « Notre économie était basée sur l’énergie fossile mais nous avons assisté à une baisse constante des coûts de production et du prix de celles renouvelables, ainsi qu’une augmentation de l’efficience des panneaux solaires et de l’énergie éolienne. Ainsi, pour le consommateur final, elles deviennent de plus en plus intéressantes», explique Maad Osta, ingénieur en énergies renouvelables chez AtonRâ.

Ces nouvelles technologies ayant atteints leur phase de cycle de croissance, Stefano Rodella anticipe donc à terme une mutation radicale de tout le secteur de l’électricité impacté par des prix en fléchissement. Prometteuses, elles pourront produire de grandes quantités d’énergie pour une augmentation du coût unitaire marginal nulle : « Cela sera catastrophique pour les fournisseurs d’énergie traditionnels contraints de revoir leur modèle d’affaire. Les compagnies d’électricité vont, soit disparaître, soit se réinventer. Par exemple, E-on en Allemagne pourrait proposer des prix inférieurs sur l’énergie renouvelable de 25% si elle n’était pas impactée par des taxes », souligne Stefano Rodella qui conçoit Tesla comme un fournisseur d’énergie de demain.

Des marchés en croissance structurelle

L’allocation sectorielle du portefeuille découle d’une vision du marché d’ici 3 à 5 ans. Ses pondérations le plus importantes sont l’énergie solaire et le transport, une activité responsable de 25% des émissions de gaz à effet de serre. « Le transport aérien devient plus propre grâce au biocarburant, à diluer avec du kérosène, dont la barrière de coût est surmontable avec les subventions. Aussi, la nouvelle réglementation CORSIA vise à ce que l’aviation mette en place une croissance neutre en carbone à partir de 2020», explique Maad Osta. Dans ce domaine, Neste, une société finlandaise, fait figure de leader dans la production de biocarburants. Quant aux véhicules électriques, leur empreinte carbone est moindre que celle des véhicules à essence et elle sera d’autant réduite si l’électricité utilisée est renouvelable. Le train, responsable de seulement 1% des émissions de CO2, couvre 9% de l’activité mondiale et reste une solution de choix pour les pays émergents. Le gestionnaire joue ce thème avec Wabtec, un constructeur américain de trains, de locomotives, et d’équipements de pointe.

Beaucoup de sociétés doivent s’exporter aux États-Unis
où la vision commerciale est meilleure et l’accès au capital facilité.

Bien que l’on parle de l’énergie solaire depuis une vingtaine d’années, elle ne représente qu’environ 2% de la production d’électricité totale mais sa vitesse d’implémentation est exponentielle et Solaredge, basée en Israël, devrait profiter de cette forte tendance. AtonRâ s’intéresse également aux technologies intelligentes, de stockage et de transport qui limitent les pertes. « Il existe aujourd’hui des super-conducteurs pour limiter les pertes et le transport à haut voltage a beaucoup de potentiel mais l’avantage avec certaines énergies renouvelables, c’est que leur transport est réduit en rapprochant génération et consommation », explique Maad Osta. D’autres thèmes de sociétés sont également identifiés, comme celui des habitations avec la tendance du smart building ou encore la gestion des eaux et de l’agriculture.

Identifier les acteurs de demain

Le certificat «sustainable future», dont la gestion est dynamique et qui ne suit aucun benchmark, se compose de sociétés en croissance, capables de contribuer au développement durable de l’écosystème. Sa répartition (50% de valeurs américaines, 30% d’européennes et 20% d’asiatiques ou de pays émergents) n’est pas représentative du marché mondial. «La Suisse et la Chine sont les deux pays les plus avancés en matière d’énergies renouvelables mais ils n’ont a pas assez de sociétés cotées. Beaucoup de sociétés doivent s’exporter aux États-Unis où la vision commerciale est meilleure et l’accès au capital facilité», relève Stefano Rodella.

Les valorisations de ces «pure player» en portefeuille sont en ligne avec les indices globaux mais Stefano Rodella s’attend à une croissance de ces titres de 20 à 25%. «Nous regardons en priorité les valorisations par rapport au taux de croissance et actuellement nous sommes autour de 1 fois la croissance, ce qui est raisonnable», explique le gestionnaire qui se concentre sur des sociétés dont la capitalisation boursière médiane est de 10 milliards de dollars.

Le processus de sélection des titres chez AtonRâ est distinctif. Lors des analyses ex-ante des sociétés formant leur univers d’investissement, un premier filtre industriel précède l’analyse financière. Le gestionnaire genevois transmet ainsi tout son expertise industrielle aux portefeuilles de ses clients en vulgarisant des concepts complexes.