Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

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Le conflit commercial se détend davantage. La conjoncture américaine reste solide.

Après la trêve surprenante, convenue entre Jean-Claude Juncker et Donald Trump dans le cadre du conflit commercial, la semaine écoulée a été témoin d'une autre détente également. En effet, les USA et le Mexique ont largement réglé leurs différends en lien avec l'accord de libre-échange ALENA, suite à la renégociation forcée de Trump une fois être entré en fonction. Et qui plus est, il s'agit de réintégrer le Canada également dans la nouvelle version de l'accord. Ottawa s'est montré fondamentalement intéressé, souhaite toutefois négocier encore certaines conditions.

Les marchés financiers ont réagi avec soulagement. Malgré les avertissements de Trump qu'il n'envisageait pas encore de traiter avec la Chine en termes commerciaux, les bourses US surtout ont affiché des gains de cours, suite aux nouvelles positives, et renforcés par de solides données conjoncturelles US. La confiance des consommateurs américains n'a ainsi pas reculé comme l'avaient prévu les analystes en août, bien au contraire: elle a nettement progressé et se situe à présent à son plus haut niveau depuis près de 18 ans (cf. graphique).  

La dynamique sous-jacente continue et intacte
de l'économie suisse devrait se confirmer.

Cette poussée conjoncturelle des actions US devrait se poursuivre la semaine prochaine avec les derniers chiffres sur le marché de l'emploi et les données des indices des directeurs d'achat, toujours robustes.

En Suisse, les chiffres du PIB pour le Q2 devraient également être optimistes, à la lumière de la situation d'ensemble. La dynamique sous-jacente continue et intacte de l'économie suisse, conjugué aux derniers résultats de l'enquête auprès des directeurs d'achat, devrait donc se confirmer.

Or, septembre est toujours accompagné de son lot de désagréments pouvant se produire à tout moment. Il est toujours probable que les fronts commerciaux se durcissent entre les USA et la Chine, les deux plus grandes économies mondiales. Les entreprises US ont jusqu'à jeudi prochain pour protester contre le projet de Trump, visant à imposer des tarifs douaniers supplémentaires de 25% sur les produits chinois d'une valeur de 200 milliards de dollars. Passé ce délai, le président US pourrait lancer la nouvelle offensive commerciale à tout moment.  

Les négociations sur le Brexit – la variante dure se dessinant de plus en plus – restent, elles-aussi, à l'ordre du jour. Enfin, les futures négociations budgétaires en Italie pèsent littéralement sur les marchés européens et la zone euro. Toute éventuelle rupture avec les principes de stabilité de l'union monétaire dans la planification budgétaire du gouvernement italien risque de provoquer plus d'incertitude.  

Graphique de la semaine

Consommateurs américains très confiants

Sources: Bloomberg, Investment Office du Groupe Raiffeisen
Gros plan: l'économie suisse en bonne voie

L'économie suisse reste sur la bonne voie, accompagnée d'une forte dynamique, et n'est pas tombée en récession, ni après la suppression du taux plancher de l'euro, en 2015. Selon les derniers chiffres de l'OFS, la croissance du PIB était de 1,3% en 2015, avec une hausse à 1,6% en 2016 et 2017. Nous tablons à nouveau sur une croissance de 2% pour 2018.

Le Seco devrait confirmer le bon état de santé de l'économie suisse la semaine prochaine, dans le cadre de son estimation pour le deuxième semestre. La création de valeur a fortement augmenté de 0,6% par rapport au trimestre précédent, depuis le début d'année, portant le taux de croissance annuel à 2,2%. La croissance repose sur une base relativement large de tous les secteurs de l'économie. Le secteur manufacturier continue de croître, la construction affiche, quant à elle, une certaine consolidation. Tant le commerce que les prestataires de services financiers contribuent à la croissance.

Faible taux de chômage en Suisse

Sources: Bloomberg, Investment Office du Groupe Raiffeisen

Le marché de l'emploi reflète également le bon état de santé économique, avec un taux de chômage à 2,6%, soit aussi bas qu'avant la crise financière de 2008 (cf. graphique). L'industrie et les prestataires de service engagent de plus en plus de personnel. On enregistre ainsi près de 76'000 employés supplémentaires, en termes d'emplois à plein temps, par rapport à l'année précédente. L'industrie manufacturière, quant à elle, témoigne d'une tendance légèrement positive. Or, ce sont principalement les services qui engage nt de nouvelles personnes, près d'un tiers de la hausse du chiffre d'emploi depuis le trimestre de l'année précédente pouvant être attribué à l'éducation et la formation, ainsi qu'à la santé et aux services sociaux. Les enquêtes des directeurs d'achat confirment les perspectives intactes de l'emploi dans l'industrie également et dressent un bilan positif en termes de production et de carnet de commandes. L'économie suisse, orientée vers les exportations, tout en affichant une tendance solide, risque d'être menacée par les conflits commerciaux en cours, et l'on ne peut pas exclure, notamment en vue du prochain débat budgétaire en Italie, que le franc ne s'apprécie pas à nouveau. Or, nous ne pensons pas que les foyers de risque, qui entraîneraient une appréciation de l'euro, s'embraseront davantage. En effet, la politique monétaire de la BCE devrait être un peu moins expansionniste.  

Les directeurs d'achat suisses sont optimistes

Sources: Bloomberg, Investment Office du Groupe Raiffeisen

Le marché des actions suisse peine à décoller cette année, malgré le bon état de santé de l'économie suisse. Le bilan n'a été que légèrement positif jusqu'à présent, tout en tenant compte des dividendes. Au vu des brasiers mondiaux, des conflits commerciaux, et des intérêts en hausse, le marché des actions suisse ne peut pas développer une dynamique propre. Les entreprises, soutenues par l'évolution solide de l'économie dans le monde et en Suisse, affichent des bénéfices tendanciellement positifs et consolident le fondement des marchés des actions. La hausse des bénéfices, et la consolidation des cours des actions, pourront détendre le marché des actions, du moins sur le plan de la valorisation.

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