Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

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Données économiques et litiges commerciaux grèvent les marchés des actions.

La semaine prochaine, les entreprises suisses commenceront à présenter leurs résultats du premier trimestre 2018. Les chiffres les plus importants pour le marché suisse seront certainement ceux de Novartis jeudi. En moyenne, les analystes s'attendent à un bond significatif des bénéfices en glissement annuel – lorsqu'un léger recul a certes été enregistré en raison de divers facteurs. Les grands défis pour l'entreprise pharmaceutique sont, sans aucun doute, la fin de la protection par brevet du médicament très vendu Glivec et le faible développement du secteur ophtalmologique Alcon. Novartis a annoncé cette semaine l'acquisition de la société US AveXis pour 8,7 milliards de dollars, qui pourrait lancer un médicament en 2019 et devrait fortement contribuer au chiffre d'affaires.

ABB aussi publie ses résultats du début 2018. Le cours de l'action d'ABB a baissé d'environ 15% depuis le début de l'année – c'est la plus faible performance parmi les 20 actions du SMI. Avec un cours de l'action à un peu plus de 20 francs, les nouvelles négatives du secteur de l'électricité devraient cependant être escomptées, tandis que la bonne situation de départ dans les secteurs de croissance que sont l'automatisation et la robotique ne se reflète guère.

La saison des résultats démarre et devrait donc détourner un peu, du moins temporairement, l'attention du marché des différends commerciaux entre les USA et la Chine, ainsi que du conflit en Syrie. En revanche, les données modérées du front économique continuent à peser. Les indicateurs avancés ont récemment échoué à répondre aux attentes du marché. L'indice de surprise économique (Economic Surprise Index, voir graphique) en Europe affiche actuellement des niveaux très faibles. Les directeurs d'achat, par exemple, sont restés certes confiants ces derniers temps, mais ils l'ont été nettement moins qu'en début d'année. La croissance mondiale demeure toutefois solide et les chiffres du PIB chinois pour le premier trimestre devraient à nouveau en faire état la semaine prochaine. Depuis le début 2017, la croissance s'approche du 7%, n'atteignant que lentement l'objectif de croissance d'environ 6,5%.

Cependant, compte tenu de la solidité de l'économie, il est peu probable que les USA soient dissuadés de relever progressivement leurs taux, même si le dernier procès-verbal de la réunion de mars a mis en lumière les risques suscités par les différends commerciaux. Par contre, la BCE entend prendre plus de temps pour relever les taux. L'évaluation du membre autrichien du Conseil de la BCE, Ewald Nowotny, qui annonce des taux plus élevés aussi pour la zone euro, a immédiatement été qualifiée de personnelle par le porte-parole de la BCE.

L'or reste en forte demande alors que l'incertitude politique persiste. A environ USD 1'350.00, l'once cote à des niveaux records sur l'année. Le prix du pétrole a même atteint son paroxysme depuis fin 2014 à USD 73.00 le baril (Brent).

Graphique de la semaine

Actions: un vent contraire également des données économiques

Sources: Bloomberg, Investment Office du Groupe Raiffeisen
Gros plan: une couverture du portefeuille en période de troubles?

Fait étonnant: le souhait d'une couverture de portefeuille s'exprime souvent alors que le «malaise» est déjà présent sur les marchés financiers. La demande d'assurance bâtiment est naturellement très élevée lorsque la maison est déjà «en proie aux flammes». Mais est-ce le bon moment (ou est-il encore possible) d'avoir recours à une couverture?

Volatilité: un indicateur de l'incertitude sur les marchés financiers

Les fluctuations sur les marchés financiers sont parfaitement normales – même si, ces dernières années, ce fait semble avoir passé en peu aux oubliettes. Toute augmentation de la volatilité, comme récemment, entraîne une hausse des prix des options car la demande des investisseurs pour des options afin de couvrir les portefeuilles croît aussi. Les prix des options permettent de déterminer ce que l'on appelle la «volatilité implicite» (une mesure de l'intensité des fluctuations), laquelle est illustrée dans lesdits indices de volatilité:

Sources: Bloomberg

Les indices de volatilité les plus connus sont le VIX (volatilité de l'indice S&P 500), le VDAX-New (volatilité de l'indice DAX) et le VSMI (volatilité de l'indice SMI). Ces indicateurs mettent clairement en lumière l'apparition d'une grande incertitude sur les marchés financiers et le coût très élevé des couvertures.

Couverture de portefeuille: la panacée?

La couverture d'un portefeuille ne saurait remplacer une large diversification des valeurs patrimoniales, laquelle est gratuite soit dit en passant. La couverture du risque de portefeuille (similaire à une prime d'assurance) a un coût et conduit donc à un rendement attendu inférieur (avec un ratio de couverture de 100%, l'espérance de rendement fléchit au niveau du «taux d'intérêt sans risque» – actuellement négatif dans certains pays).

Risque de marché = prime de risque = rendement attendu

Le risque de marché (souvent appelé «bêta») mesure la sensibilité d'une action ou d'un portefeuille d'actions par rapport aux fluctuations du marché (comme l'indice des actions). Le bêta exprime le risque systématique (qui ne peut pas être diversifié) d'une action ou d'un portefeuille.

Considérée de manière isolée, la prime de risque, et donc le rendement attendu du marché, devraient augmenter en période de volatilité accrue. Pour cette raison, un «comportement anticyclique» que l'on désigne également en langage courant par «acheter au son du canon», peut en valoir la peine. Toutefois, il est important de tenir compte des conditions cadres générales et non uniquement de la volatilité.

Les instruments de couverture du portefeuille

Les dérivés (options, warrants, futures, etc.) sont utilisés pour couverture du portefeuille. Chaque instrument présente des avantages et des inconvénients qui doivent être analysés et sélectionnés par un conseiller compétent.

Conclusion

La sécurité à laquelle on aspire souvent est liée à des coûts élevés de couverture, notamment lors de phases délicates sur les marchés. Cela réduira considérablement les attentes de
rendement du portefeuille. Si on part du principe que le marché est très efficace et que toutes les informations connues sont déjà intégrées dans les cours, la couverture est très vraisemblablement susceptible d'intervenir à un moment défavorable.

Dans les situations pouvant donner lieu à une inversion de tendance (par ex. baisse après une période de hausse), il peut quand-même être judicieux de recourir à une couverture temporaire et d'effectuer une nouvelle évaluation des conditions sur le marché.

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