Perspectives hebdomadaires de Raiffeisen

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Marchés financiers sous l'emprise du conflit commercial. Aucune intervention de la BNS pour le moment.

Les marchés financiers sont sous l'emprise du conflit commercial, à nouveau alimenté par la récente escalade entre les USA et la Chine. Les nombreux marchés boursiers, y compris le marché des actions suisse, n'ont pas réussi à échapper à l'immense pression exercée par la nouvelle série de tarifs douaniers supplémentaires sur un grand nombre de produits, que les deux plus grandes économies se préparent à introduire, après des surtaxes à hauteur de quelques milliards. Ainsi, le SMI a perdu 1,9% par rapport au début de semaine. 

En l'absence d'une détente durable, et, au contraire, en présence d'une menace de nouveaux tarifs et de mesures de rétorsions correspondantes susceptible de s'accélérer, les marchés boursiers (cf. graphique) et les actions devraient se retrouver sous pression, après un calme passager. Cet environnement devrait donc inciter les investisseurs à examiner leur portefeuille afin de savoir si la quote-part recommandée d'actions inclut également des titres avec un effet stabilisateur, quelle que soit l'évolution de la politique commerciale (cf. Gros plan). 

L'incertitude affecte également les marchés des changes, où l'on investit de plus en plus dans les monnaies prisées en temps de crise. Ainsi, outre le JPY, le CHF s'est récemment apprécié par rapport à l'euro, cotant aux alentours de 1.15, et se négocie donc toujours à un niveau beaucoup plus élevé qu'à la mi-avril, où il avait franchi le seuil psychologique significatif de 1.20. La BNS ne devrait néanmoins pas encore intervenir sur le marché des changes. Elle avait certes souligné les risques accrus, à l'occasion de sa décision de taux, restant dans l'expectative comme prévu; en même temps, l'économie suisse est, selon elle, en bonne santé et connaît également une croissance solide avec le niveau actuel d'EUR/CHF. Par ailleurs, le CHF devrait s'affaiblir par rapport à l'EUR en cours d'année, sachant que l'économie de la ZE devrait poursuivre sa reprise malgré les récents indicateurs avancés mitigés; d'autre part, la BCE poursuit avec entrain ses préparatifs à normaliser sa politique monétaire - bien que Mario Draghi ait annoncé la semaine passée que la BCE compterait laisser les taux directeurs au faible niveau actuel pendant l'été 2019. Enfin, l'inflation, susceptible d'atteindre à nouveau l'objectif de la BCE pour juin et qui sera publiée la semaine prochaine, devrait refléter la feuille de route toujours intacte de la réduction, puis la fin du programme d'achat d'obligations de la BCE - une condition sine qua non pour un premier resserrement des taux. 

 

Graphique de la semaine 
Inquiétudes croissantes liées au litige commercial
Sources: Bloomberg, Investment Office Groupe Raiffeisen

 

Gros plan: les actions britanniques robustes 

Le 23 juin 2016, les Britanniques se sont prononcés en faveur du Brexit. Le plébiscite était une chose, la mise en pratique concrète en est toute une autre: comme prévu, les négociations de sortie avec Bruxelles s'avèrent difficiles, les dirigeants politiques britanniques plus divisés que jamais. Le camp autour de Theresa May vise, si possible, un Brexit «dur», l'autre un Brexit «soft», enfin le troisième préférerait annuler complètement la décision de sortie. 

Si la situation reste confuse, y compris deux ans après le vote, une chose est sûre: la Grande-Bretagne quittera l'UE le 29 mars 2019, et le Gouvernement britannique compte proposer des plans détaillés pour les futures relations avec l'UE dans un mois environ. Or, il semble clair également que le 10 Downing Street ne parviendra vraisemblablement pas à un Brexit dur (sans aucun accord formel avec Bruxelles). Certes, Theresa May est sortie gagnante du grand débat sur le Brexit dans la mesure où le Parlement a renoncé à prendre le contrôle des négociations de sortie: le ministre du Brexit, David Davis, peut donc poursuivre sans entraves les négociations avec l'UE. May a su empêcher les députés de dicter la feuille de route, si le Gouvernement venait à refuser le scrutin, même si le vote final sur l'issue des négociations reviendra au Parlement britannique. 

Cela ne signifie pas pour autant carte blanche pour Theresa May et ses collègues de faire à leur guise sans aucun compromis lors des négociations à suivre. Dans la perspective des futures élections, les conservateurs comptent pouvoir vendre le Brexit du moins comme un succès partiel, qui ne nuit pas durablement à l'économie britannique. A cet égard, il semblerait que les défenseurs ardus devraient néanmoins faire des compromis et que les futures relations avec l'UE seraient au final réglées d'une certaine manière. 

Compte tenu de cette situation, les négociations de sortie devraient être plutôt constructives. Du point de vue de l'investisseur, ceci est d'autant plus important que les actions britanniques peuvent avoir un effet stabilisateur sur l'éventuelle volatilité des actions européennes, surtout en période d'agitation accrue. En effet, les actions britanniques pourraient ouvrir la voie à un potentiel haussier, en cas d'inquiétudes trop exagérées liées au Brexit, sachant que leur dépendance du marché intérieur est relativement faible. Ce serait une évolution intéressante, notamment dans le contexte de valorisation (cf. graphique). 

 

Les actions britanniques sont bon marché en comparaison 
Rapports cours / bénéfice 
Sources: Bloomberg, Investment Office Groupe Raiffeisen 

 

Outre leur valorisation favorable, les actions britanniques n'ont pas à redouter la comparaison avec leurs homologues européennes. Certes, aucune action n'échappe à la tourmente induite par le conflit commercial; or, les incertitudes liées au Brexit ne se sont pas encore reflétées dans les cours des actions britanniques (cf. graphique). Elles peuvent donc avoir un effet stabilisateur sur le portefeuille équilibré. 

 

Les craintes liées au Brexit n'influent pas sur les actions UK 
Evolution du cours, indice (100 = 01.01.2018)
Sources: Bloomberg, Investment Office Groupe Raiffeisen

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