Opportunités dans le revenu fixe des émergents

Sergey Goncharov, Vontobel AM

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Sergey Goncharov de Vontobel Asset Management répond aux cinq questions d’Allnews sur la dette des pays émergents.

1. Quels pays seraient particulièrement intéressants et pourquoi?

En tant qu'investisseurs actifs sur les marchés émergents mondiaux (EM), nous investissons dans les obligations à travers tout le segment, principalement en fonction du profil risque/rendement de certaines obligations. Nous ne nous concentrons donc pas uniquement sur un seul pays. De plus, la diversification est essentielle pour tout investisseur. Dans le cas des obligations d'entreprises des marchés émergents, nous pensons qu'une approche très intéressante consiste à trouver des thématiques décorrélées des marchés généraux et offrent un très bon potentiel de hausse.

2-3. Vaut-il mieux investir dans la dette souveraine ou la dette d’entreprises? Pourquoi? Doit-on se concentrer sur la dette émergente en monnaie locale ou de référence (dollar/euro). Pourquoi?

Nous estimons que les trois principales sous-catégories de titres à revenu fixe émergents - à savoir les souverains, les entreprises et les monnaies locales - sont très attrayantes à long terme et présentent un très bon rapport risque/rendement, en particulier dans le contexte de rendements négatifs ou faibles à l'échelle mondiale. Les obligations d’Etat en devises fortes ont une durée plus longue et sont normalement plus prisées des investisseurs institutionnels mondiaux. Etant donné que les défauts de paiement des pays sont relativement rares, leurs obligations, même en devises fortes, présentent généralement un risque de crédit très faible. Les obligation corporate en devises fortes ont, quant à elles, une durée de vie plus courte et sont donc – en général - moins volatiles. Elles constituent également une classe d'actifs plus diversifiée que les souveraines, étant donné la grande variété d'entreprises de secteurs différents qui cohabitent dans un même pays. Les émetteurs quasi-souverains constituent une autre grande sous-catégorie d'obligations. Il s’agit des obligations de sociétés qui sont contrôlées ou partiellement détenues par un Etat: elles combinent ainsi les caractéristiques des obligations d’entreprises et celles des obligations souveraines. Nous pensons que les investisseurs ont intérêt à diversifier leurs placements dans les obligations quasi-souveraines lorsqu'ils investissent dans des titres souverains. En effet, les obligations d’entreprises offrent généralement un rendement plus élevé et ont une durée de vie plus courte, de fait, c'est une solution appropriée si l’investisseur est à l'aise avec le risque de crédit supplémentaire. Les obligations souveraines en monnaie locale sont également très intéressantes, car elles ne comportent pas de risque de change - ils peuvent toujours imprimer une plus grande quantité de leur monnaie locale pour honorer leurs obligations. De plus, les obligations souveraines en monnaie locale ne comportent pas le risque de crédit des obligations corporate.

4. Quelle durée recommandez-vous? Pourquoi?

Compte tenu du risque de normalisation de la politique monétaire mondiale et des attentes consensuelles en termes de hausse des taux de la Fed - et de la BCE à terme, il s’agit de privilégier des durations plus courtes, tout en gardant à l’esprit qu’en tant que gestionnaire actif, nous sommes très flexibles et pouvons sélectionner des obligations de différentes durations. Dans ce genre de cas, nous hedgeons le risque de duration afin de nous rapprocher de l'indice de référence.

5. Quel est le risque de hausse des taux d'intérêt américains sur la dette des marchés émergents?

Outre le risque de volatilité des marchés, intrinsèquement lié à une augmentation des taux d'intérêt américains, le rythme et la raison de ces hausses sont les facteurs les plus importants à surveiller. Dans la mesure où l'économie américaine continue de croître à un rythme assez soutenu, il est tout à fait logique que les taux d'intérêt augmentent. La question est plutôt de savoir à quelle vitesse cette normalisation de la politique monétaire se fera. Par exemple, les taux du 10 ans sont récemment passés de 2,40% à 2,90% en l'espace de deux mois, un changement majeur mais qui n’a pas entraîné d’élargissement massif des spreads sur les marchés émergents. En fait, jusqu'au début du mois de février ils se resserraient plutôt, les rendements n'ont donc pas beaucoup évolué. L’état d’esprit des investisseurs est un autre facteur important pour les taux. Globalement, les investisseurs s'intéressent à la position des marchés développés vis-à-vis des marchés émergents. Cela signifie que des changements fondamentaux sur les marchés développés (par exemple, la mise en place de droits de douane à l'importation par les Etats-Unis sur certains produits) peuvent conduire à des sorties massives sur des fonds estampillés marchés émergents. Ce risque existe, même si - au cours des deux dernières années- nous n’avons jamais vu de telles sorties de fonds durer davantage que quelques semaines.

Conclusions: la dette émergente oui/non? Quel retour à attendre?

Compte tenu des rendements que les titres à revenu fixe des marchés émergents offrent aujourd’hui, sans comparaison dans le segment obligataire, nous croyons fermement que les marchés émergents sont très attractifs à l'heure actuelle. A long terme, l'investissement dans l’obligataire des marchés émergents s'est par ailleurs avéré très rentable. Pour exemple, si un investisseur avait investi dans des obligations des marchés émergents au pire moment possible - en 2007, lorsque les spreads étaient les plus resserrés et que la tempête financière mondiale se préparait - et en supposant qu'il ait maintenu cet investissement jusqu' à l’échéance, il aurait obtenu le double du rendement des bons du Trésor américain et un rendement similaire à celui des actions américaines, sans la volatilité...

Ceci est l'opinion personnelle de l'auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de Vontobel Asset Management.

 

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