Natixis défend son approche active de la gestion

Cyril Gomez

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L’asset manager mise sur son modèle multi-affiliés pour surmonter les défis technologiques et la concurrence des produits passifs.

En 2003, plus d’un dollar sur deux était placé dans des produits activement gérés. Quinze ans plus tard, à fin 2018, moins d’un tiers du même dollar était investi dans ce type de produits. Ce, d’après le dernier rapport Global Asset Management 2019 publié par Boston Consulting Group (BCG). Le développement des fonds passifs, bon marché et relativement transparent, tels que les exchange-traded funds (ETF), y est pour beaucoup dans le ralentissement de la croissance des actifs sous gestion (AuM) des fonds activement gérés.

Les défis liés à cette concurrence s’accentuent lorsque l’on considère les récents développements réglementaires, dont la directive européenne sur les marchés financiers (MiFID), et les investissements dans les nouvelles technologies. Qui ont tous deux pour résultat d’alourdir les coûts opérationnels déjà élevées des asset managers, dont une bonne partie est transférée aux investisseurs. Certes, l’industrie globale de la gestion d’actifs parvient à maintenir une rentabilité opérationnelle moyenne d’environ 35%.

Cependant, face à un ratio coûts/AuM 34% plus élevé que ce qu’il était en 2007, une transformation plus ou moins radicale des gérants d’actifs paraît inévitable. «Il va sans dire que dans le contexte actuel de faible croissance des revenus et de pression réglementaire, faire évoluer son offre et sa stratégie – notamment par la transformation digitale – est devenu indispensable pour une société de gestion», reconnaît Babak Abrar, Directeur de Natixis en Suisse.

«La digitalisation impacte donc aussi la distribution,
cela améliore son efficacité et renforce le cycle de vente.»

La question est de savoir quelle forme peut prendre cette mue numérique. Selon lui, une des façons dont les équipes de gestion peuvent bénéficier de la transformation digitale réside dans l’afflux de données quantitatives permettant de mettre à leur disposition des informations précieuses pour mener à bien leur quête d’alpha. «L’analyse poussée des données permet par ailleurs aux équipes de gestion de mieux mesurer le risque et d’en optimiser la gestion», poursuit Babak Abrar.

La transformation digitale aurait également des effets considérables au niveau de l’expérience client et de la qualité des services mis en œuvre. Babak Abrar évoque ainsi l’amélioration de la gestion des contrats et de la communication commerciale. «La digitalisation impacte donc aussi la distribution, cela améliore son efficacité et renforce le cycle de vente.» Sans parler d’autres divisions du gestionnaire d’actifs, comme, par exemple, les équipes de conformité, «qui peuvent aussi bénéficier d’une transformation digitale réussie et gagner en efficacité et en amélioration des processus».

Quant au développement de la gestion passive (ou indicielle), Natixis entend y faire face en optant pour le renforcement des segments qu’il maîtrise le mieux. À savoir, la mise en œuvre d’une gestion de conviction et la génération d’alpha. «Natixis Investment Managers (Natixis IM), notre division de l’asset management, se distingue en effet par son approche résolument active de la gestion et par son modèle multi-affiliés bien adapté à cet environnement et qui, jusqu’ici, a démontré sa résilience», confie Babak Abrar à Allnews.

«Toutes nos boutiques affiliées disposent en effet d’une autonomie de gestion et bénéficient de la plateforme de distribution internationale de Natixis IM, ainsi que de ses fonctions supports associées de type marketing, communication, compliance et ingénierie produits.» Parallèlement aux mesures visant à accroître l’efficience opérationnelle, les asset managers sont également amenés à développer de nouvelles gammes de produits reflétant l’évolution des attentes et des besoins des clients.

Tel que le développement durable, l’une des thématiques d’investissement les plus dynamiques au sein de l’industrie de la gestion d’actifs. Mais également les placements privés ou moins liquides. «L’intégration des critères ESG dans la gestion financière est une vraie tendance à long terme pour notre industrie», confirme Babak Abrar. Il estime en effet indispensable d’incorporer des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance pour la mise en œuvre d’une gestion de conviction et la création de performance sur le long terme. «À cet égard, notre affilié Mirova a développé des stratégies ESG très spécifiques qui génèrent de l’alpha», assure-t-il.

«Il s’agit de trouver des expertises spécifiques qui permettent
de générer de l’alpha grâce à une gestion active.»

Natixis a également fait le pari de la créativité en développant des produits illiquides. «Par exemple, Loomis Sayles se développe dans les marchés émergents et les marchés moins matures. Ostrum AM lance des stratégies très orientées sur la croissance des dividendes. Et nous avons récemment lancé Thematics AM, un affilié dédié à la gestion thématique autour de thèmes d’avenir tels que l’eau, la sécurité ou encore l’intelligence artificielle et la robotique», rappelle le directeur de Natixis Suisse.

Qui mentionne aussi des segments tels que le real asset et le private equity. «Il s’agit de trouver des expertises spécifiques qui permettent de générer de l’alpha grâce à une gestion active, tout en bénéficiant d’une pression moindre sur les frais.» Le département Solutions consolide les capacités de solutions d’investissement européennes de Natixis IM au sein d’une seule équipe et fournit des services de conseil, d’analyse de portefeuilles, de structuration et de gestion fiduciaire.

Enfin, même au bénéfice d’une présence internationale importante en Europe, aux États-Unis, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient, Natixis déclare être «à l’affût d’opportunités» dans de nouveaux marchés géographiques, en particulier en Chine. «Développer des nouveaux marchés géographiques est une possibilité pour les acteurs de la gestion, soit en direct, soit via des prestataires de distribution tels que des banques privées, par exemple, qui accompagnent la croissance de richesse dans les zones de développement», conclut Babak Abrar.