Mouvements historiques

Salima Barragan

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Selon Mike Della Vedova de T. Rowe Price, les niveaux de spreads atteints présagent de bons rendements futurs.

Au cours de la semaine qui s'est terminée le 20 mars, les écarts de rendement high yield dans le monde ont fait un bond de 519 points de base, ce qui constitue la plus grande variation hebdomadaire de l'histoire.

Durant cette période de volatilité, les écarts ont été les plus importants au cours du mois de mars. Pour les mois à venir, les spécialistes obligataires de T. Rowe Price s’attendent à de nouveaux pics de volatilité: «Les marchés continueront à jauger l'impact du coronavirus sur l’économie ainsi que les réponses politiques», estime Mike Della Vedova, senior portfolio manager qui voit des signaux d’achat dans les niveaux de spreads actuels pour les investisseurs dotés d’un horizon d’investissement à long-terme.

Au début de la propagation du coronavirus, l’incertitude a commencé à gagner les investisseurs. Les contrats futurs sur le pétrole américain se négociaient à des prix négatifs ce qui a affecté significativement les obligations des sociétés pétrolières. Puis, le confinement inédit a semé le trouble sur les marchés. «Les intervenants travaillant à distance, les mécanismes de prix ne fonctionnaient plus de façon optimale et la liquidité vint à manquer», explique-t-il.

L’histoire financière a démontré que les phases d’écartement spectaculaire
des spreads précèdent un cycle de rendements positifs.

A cause du stress provoqué par la crise sanitaire, les spreads de crédit européens ont atteint plus de 1100 points de base alors que les titres équivalents américains (fortement pondérés en sociétés pétrolières) ont augmenté un peu plus pour atteindre 1139 points de bases. Selon T. Rowe Price, l’histoire financière a démontré que les phases d’écartement spectaculaire des spreads précèdent un cycle de rendements positifs. «Lorsque les obligations américaines à haut rendement se sont élargies à 800 points de base sur les obligations d'État sous-jacentes, le rendement médian annualisé pour les investisseurs sur des horizons d'un an et de trois ans était de 23,6% et 15,4% respectivement», souligne Mike Della Vedova qui ne serait pas surpris de voir des rendements à deux chiffres sur les douze prochains mois alors que le rendement historique moyen se situe autour de 6%.

Ainsi, au lieu de se concentrer sur les mouvements quotidiens, les investisseurs devraient se concentrer sur un horizon d’investissement plus long car les mois à venir s’annoncent volatils au gré des données macroéconomiques publiées et des réponses politiques. «Nous ne sommes pas encore revenus sur la pleine capacité de production et la normalisation de la consommation prendra encore un certain temps», rajoute-t-il. Par ailleurs, le secteur pétrolier continuera à souffrir du niveau des cours.

Certains secteurs sont naturellement plus résilients face à la crise sanitaire. Il s’agit des emballages, des services de livraison, de la consommation en ligne, des sociétés de télécom et les industries liées au câble. Il y a eu une pléthore d’obligations dites «Fallen Angel», qui ont rétrogradé dans l’univers spéculatif, diluant par la même occasion sa qualité globale, offrent des points d’entrée intéressants.

Après l’arrêt des activités de certaines entreprises durant plusieurs semaines, l’on peut raisonnablement s’attendre à une recrudescence du taux de défaut de paiement des entreprises en faillite. Si le marché connaît certes des pertes importantes, T. Rowe Price a toujours fait ses preuves en matière de gestion en temps de crise: «Le soutien des gouvernements aux industries stratégiques contiendra les banqueroutes», estime-t-il. Les investisseurs subiront néanmoins deux fois plus de pertes sur leurs placements à haut rendement, ce qui encourage plus que jamais une gestion de type ascendante (Bottom-Up): «Dans notre approche active, nous partons des sociétés et des obligations individuelles car il s’agit d’une classe d’actifs stratégiques», conclut-il.

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