Moins d'enthousiasme pour le marché mexicain des obligations

Omotunde Lawal, Barings

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Une chose ne fait aucun doute: Andrés Manuel López Obrador (AMLO) est bien le seul qui tient les rênes.

Au niveau politique, les membres clés de l'équipe économique d'AMLO (bien qu'ayant conscience des enjeux élevés que leurs politiques ont pour le pays) sont, dans une certaine mesure, freinés dans leur travail par des idéologies dépassées dans certains secteurs du gouvernement. De plus, on ne sait pas très bien qui sont les principaux décideurs, d'autant plus qu'il semble qu'AMLO semble se faire conseiller principalement par son entourage (notamment par son épouse, son fils et le ministre des Affaires étrangères). Cette situation n'est peut-être pas viable et pourrait éventuellement entraîner un remaniement important du cabinet d'AMLO au cours de la prochaine année. 

La confiance des consommateurs est forte

AMLO reste populaire auprès de l'électorat qui s'attend à une augmentation des dépenses sociales. Compte tenu de la reprise des ventes au détail en début d’année et des prévisions de croissance de la consommation privée de 1,5 à 2% en 2019, on peut raisonnablement s'attendre à une croissance des salaires réels et au maintien du dynamisme des prêts au secteur privé. 

Mais la confiance des entreprises est faible

Pour le secteur des entreprises, il y a encore trop d'inconnues. Le gouvernement semble éprouver des difficultés à délivrer des permis pour divers projets et manque de clarté concernant l'affectation efficace des fonds publics aux programmes sociaux. De plus, des menaces de grève se profilent à l'horizon, car les employés du secteur privé dirigés par les syndicats exigent des salaires plus élevés. 

Les relations d'AMLO avec le secteur privé semblent s'améliorer.

Sur un plan positif, les relations d'AMLO avec le secteur privé semblent s'améliorer et devraient commencer à se renforcer ce qui devrait se traduire par une amélioration de la confiance et du sentiment des entreprises. Par ailleurs, les attaques initiales d'AMLO contre les secteurs bancaire, minier, industriel et des médias constituaient plutôt une tactique de négociation, non sans rappeler certaines des tactiques utilisées par le président Trump.
En fait, AMLO aurait demandé à des chefs d'entreprise clés de l'aider à mettre en œuvre ses programmes sociaux.

Il a été demandé aux banques de favoriser la pénétration du secteur bancaire dans la partie basse/informelle de l'économie afin d'élargir l'assiette fiscale et de combattre la corruption (en réduisant l'utilisation du numéraire dans l'économie). La plupart des banques semblent prudentes dans leurs perspectives pour 2019 par rapport à 2018, avec une croissance des prêts entre 5% et 10%. Avec des prévisions d'inflation entre 3,5% et 4%, dans l'ensemble, la croissance réelle du crédit devrait encore être appréciable. Les banques se concentrent principalement sur le secteur privé, en particulier les prêts personnels, les prêts hypothécaires et les prêts automobiles, et n'auront guère besoin de financement de gros en 2019, sauf pour Bancomext. Il ne semble pas y avoir de prévisions de réduction des frais bancaires par AMLO, ni de plafonnement des taux d'intérêt par la banque centrale à court terme.

Les dirigeants d'entreprises ne semblent pas anticiper
de changements réglementaires dans le secteur minier.

Il a été demandé aux entreprises du secteur minier d'être socialement plus responsables avec les communautés locales, ce qui est une fois de plus en lien avec les programmes sociaux d'AMLO. De plus, les dirigeants d'entreprises ne semblent pas anticiper de changements réglementaires dans le secteur, malgré les rumeurs qui circulaient à ce sujet.

Des conglomérats industriels ont été sollicités pour intervenir dans le cadre de Pemex et des vols de carburant. Dans l'ensemble, les perspectives locales des entreprises dans ce marché sont faibles, mais partiellement compensées par les activités à l'extérieur du Mexique, certaines faisant face à des nouveaux facteurs défavorables dans leurs activités dans la zone euro.

Les entreprises de consommation de biens à bas prix
devraient bénéficier de l'impact des programmes sociaux.

Le secteur de la consommation semble être l'un des points positifs de l'économie, la plupart des émetteurs s'attendant à une faible croissance à un chiffre des volumes et à des augmentations des prix conformes ou supérieures à l'inflation. Au second semestre de 2019, les entreprises de consommation de biens à bas prix devraient bénéficier de l'impact des programmes sociaux et d'une croissance plus élevée des salaires réels. 

Les dirigeants du secteur des TMT (Technologies, Médias et Télécommunications) ont constaté un changement positif dans le ton de la réglementation, ce qui pourrait avoir un effet d'entraînement. Le gouvernement soutient le secteur et cherche à accroître les taux de pénétration en investissant davantage dans le réseau. 

Dans l'ensemble, il semblerait qu'AMLO trouve un moyen d'obtenir l'appui des entreprises pour l'aider dans ses projets, car elles seront essentielles pour créer des emplois et éventuellement élargir son assiette fiscale.

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