Moins de risques, plus de rendement

Yves Hulmann

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Les obligations garanties de premier rang permettent de récupérer une plus grande part du capital investi en cas de défaut, estime Chris Sawyer de Barings.

Le faible niveau des taux d’intérêt place de nombreux investisseurs obligataires devant un choix difficile. Soit ils peuvent placer de l’argent dans des emprunts sûrs mais qui ne génèrent alors pratiquement aucun rendement – et lorsque ceux-ci ne sont pas carrément négatifs. Soit ils investissent dans des produits offrant des rendements plus élevés mais, dans ce cas, il est nécessaire d’encourir davantage de risques. Dans ce contexte, les obligations garanties de premier rang (appelées «senior secured bonds» en anglais) peuvent être une alternative attrayante pour les investisseurs à la recherche de rendements plus élevés, tout en bénéficiant d’une certaine protection contre le risque de crédit et le risque de taux d’intérêt.

Des taux de recouvrement plus élevés

S’agissant du risque de crédit, ces instruments offrent, grâce au rang plus élevé dont ils bénéficient au sein de la structure du capital, davantage de protection que les obligations traditionnelles non sécurisées. C’est l’un des grands avantages des obligations garanties de premier rang: «Si une entreprise devait faire défaut, les chances de parvenir à quand même récupérer un large pourcentage du capital investi sont plus élevées avec celles-ci», souligne Chris Sawyer, spécialiste du marché à haut rendement chez Barings. Historiquement, les taux moyens de recouvrement des créances d’entreprises mesurés en fonction des recouvrements ultérieurs ont atteint 62,3% entre 1987 et 2017 pour les obligations seniors sécurisées, soit une proportion un peu plus faible qu’avec les prêts (80,4%) mais nettement supérieure à celle des obligations non sécurisées (47,9%) et bien davantage qu’avec les obligations subordonnées (28%).

Les prêts garantis de premier rang ont une sensibilité moindre
aux taux d’intérêt à court terme.
Moins sensibles à une hausse des taux

En matière de taux d’intérêt, la Réserve fédérale s’est mis en mode pause depuis quelques mois et les marchés anticipant déjà des baisses de taux durant la seconde partie de l’année. Quel est l’impact de cet environnement de marché sur ce type de produits? Selon Chris Sawyer, un abaissement des taux directeurs par les banques centrales a, en principe, un impact positif pour tous les produits à revenu fixe. «Les obligations garanties de premier rang ne font pas exception à cet égard», rappelle le spécialiste des marchés obligataires.

Dans le cas inverse, ces instruments ont aussi l’avantage d’être moins sensibles à la hausse des taux d’intérêt car ces obligations ont généralement une duration plus courte que les obligations non sécurisées. Lorsque les taux augmentent, la valeur des actifs à revenu fixe tend à diminuer, la valeur des obligations à plus long terme étant généralement la plus affectée. D’autre part, les prêts garantis de premier rang, qui ont la particularité d’offrir des taux variables, ont une sensibilité moindre aux taux d’intérêt à court terme, offrant ainsi un certain degré de protection contre une hausse des taux.

Beaucoup d’entreprises leaders parmi les émetteurs

L’occasion pour l’expert de souligner un autre atout de ces instruments en lien avec le profil des émetteurs. «Les grandes entreprises ont tendance à recourir de plus en plus aux prêts garantis de premier rang, comme un élément de diversification au sein de la structure de leur dette, que les petites sociétés. On trouve beaucoup d’entreprises leaders au sein d’une branche donnée avec des marques connues, à l’exemple de Burger King, Swissport ou Travelex, parmi les émetteurs de prêts garantis de premier rang. Le marché de la dette senior sécurisée est aussi comparativement moins exposé à des secteurs tels que l’énergie ou les valeurs cycliques par rapport au marché plus large des obligations à haut rendement», explique-t-il.

Les taux de défaut sont actuellement bas et il est plus vraisemblable qu’ils remontent
à terme plutôt qu’ils se maintiennent à des niveaux aussi bas.

Si les aspects fondamentaux sont les plus déterminants pour les rendements obtenus sur le long terme, certaines phases d’inefficience sur les marchés créent aussi des opportunités intéressantes dans le domaine des obligations seniors sécurisées, comme cela a, par exemple, été le cas durant la période qui a suivi le vote sur le Brexit en 2016.

Attention à l’excès de confiance

Compte tenu du rebond des marchés actions en première moitié d’année et d’une volatilité à nouveau plus basse, le risque perçu d’une hausse des défauts de paiement a aussi diminué. Vaut-il actuellement la peine de miser sur des obligations garanties de premier rang alors que d’autres catégories de titres de dette comme les obligations non sécurisées ou subordonnées, ou certains emprunts, offrent encore des rendements plus attrayants? A ce sujet, Chris Sawyer met en garde contre un excès de confiance: «Sur une période de 12 à 18 mois, nous n’anticipons pas d’augmentation significative du taux de défaut. A plus long terme toutefois, il faut rester prudent. Les taux de défaut sont actuellement extrêmement bas et il est plus vraisemblable qu’ils remontent à terme plutôt qu’ils se maintiennent à des niveaux aussi bas», met en perspective le spécialiste.