Middle East Fixed Income: valeur refuge parmi les émergents

Theo Holland, Fisch Asset Management

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Le Moyen-Orient mériterait davantage d’attention de la part des investisseurs et une allocation plus élevée dans les portefeuilles.

©Keystone

Les marchés émergents sont rarement un long fleuve tranquille, leurs multiples risques idiosyncra-tiques exigeant une vigilance de tous les instants. Il arrive toutefois que cette agitation aveugle les investisseurs et que les opportunités beaucoup plus riches de cette catégorie d’actifs passent ina-perçues à leurs yeux. À l’intérieur de l’univers des marchés émergents, certaines régions consti-tuent en effet un relatif havre de paix où les investisseurs peuvent profiter d’avantages à la fois en termes de stabilité et de diversification. Le Moyen-Orient appartient à ces régions: il mérite davan-tage d’attention qu’il n’en reçoit habituellement et, surtout, une plus grande part des portefeuilles devrait lui être allouée.

Le Moyen-Orient, l’un des rares marchés obligataires positifs en 2018.

Les titres à revenus fixes des marchés émergents ont été confrontés à une série de difficultés en 2018, à commencer par la hausse des taux d’intérêts aux États-Unis, puis les frictions dans certains pays, notamment en Argentine et en Turquie. Dans ce contexte, le Moyen-Orient, et plus spécia-lement les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), ont offert une oasis de tran-quillité relative. Parmi les obligations d’entreprises, les titres du Moyen-Orient ont rapporté 0,2%, contre  1,2% pour l’indice de référence global des entreprises des marchés émergents et  1,0% pour le Bloomberg Barclays Global Aggregate Corporates Index.

Bonnes performances constantes

À travers le monde, les valeurs à revenus fixes continueront cette année de souffrir de l’incertitude pesant sur la conjoncture économique et politique mondiale, en ce qui concerne notamment les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine. Les investisseurs obligataires pourront donc toujours récolter les fruits d’une plus forte exposition aux marchés du CCG, qui devraient être quelque peu protégés de ces facteurs dommageables. Au niveau interne, il peut être souligné que les gouvernements du CCG ne relâchent pas leurs efforts courageux pour réformer leur fiscalité et diversifier leur économie afin que l’énergie n’en soit plus le seul pilier. Enfin, ces pays jouissent d’un coup de pouce technique en ce qu’ils seront intégrés, dans le courant 2019, dans les princi-paux indices «EMBI» de JP Morgan, ce qui devrait accroître sensiblement l’intérêt des investisseurs et la demande pour leurs obligations.

La recherche sur le terrain est une clé de l’analyse.

Pour bien comprendre la région et ses particularités, puis en déduire les bonnes décisions d’investissement, il est fondamental de passer un certain temps sur le terrain au Moyen-Orient et d’y rencontrer des entreprises, des services de gestion de la dette souveraine et des acteurs lo-caux. Ces visites livrent de précieux outils pour approfondir et affiner en permanence sa compré-hension des marchés émergents et des investissements y afférents. Sur place, trois choses sautent aux yeux: premièrement, si certains secteurs s’en sortent mieux que d’autres, il subsiste une ky-rielle d’opportunités d’investissement parmi les entreprises de la région émettrices d’obligations. Deuxièmement, les autorités et les entités contrôlées par l’État dans la région s’ouvrent et se fami-liarisent de plus en plus aux relations avec la communauté des investisseurs. Troisièmement, l’intérêt des investisseurs pour la région connaît dès à présent une hausse substantielle tant dans son intensité que dans sa diversité.

Difficultés persistantes

Nonobstant ces constats, l’année 2019 ne sera pas de tout repos pour la région. D’abord, les États et les autres entités publiques devraient émettre un volume considérable de titres. En début d’année, l’Arabie saoudite et le Qatar ont déjà mis sur le marché des instruments de dette d’une valeur de plusieurs milliards de dollars, et Aramco, à la tête du secteur pétrolier saoudien, devrait émettre prochainement un montant similaire. Oman aura également besoin des marchés. Ensuite, la dynamique politique régionale reste complexe: les relations semblent se réchauffer entre le Qa-tar et les pays voisins, mais les manœuvres politiciennes et stratégiques culminent toujours à un degré inédit. Enfin, comme par le passé, le prix du pétrole joue un rôle essentiel dans la solvabilité de la région. À court terme, l’optimisme est justifié, l’OPEP étant résolue à continuer de freiner la production, mais à plus longue échéance, une augmentation de la production américaine d’huile de schiste pourrait nécessiter une discipline renforcée du côté des gouvernements du Moyen-Orient.

Les opportunités dépassent les risques

Dans l'ensemble, il y a plusieurs raisons pour lesquelles les investisseurs devraient investir dans des obligations du Moyen-Orient cette année. Un prix favorable du pétrole, un éventail d’émetteurs de plus en plus varié, une demande accrue des investisseurs et une région à l’écart des tensions Est-Ouest – une foule d’éléments positifs confèrent un attrait particulier à la région et plaident pour une allocation plus soutenue dans les portefeuilles.

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