Les matières premières à la fête

Jacques Henry, SILEX

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Le régime d’inflation supporte les matières premières depuis le début de l’année mais tous les métaux précieux ne se valent pas.

Si depuis le début de l’année les marchés financiers ont été porteurs, on constate un certain essoufflement depuis un mois avec une croissance économique qui n’a certes pas déçu mais une inflation qui reste un peu plus forte que prévu, en particulier aux Etats Unis. L’inflation, qui met du temps à se normaliser, a de nouveau poussé à la hausse les taux d’intérêts, ce qui a pesé sur la performance obligataire et plus récemment sur la performance des marchés actions. Seules les matières premières tirent leur épingle du jeu avec des performances à deux chiffres depuis le début de l’année. Toutes les composantes des matières premières sont bien orientées depuis un mois aussi bien l’agriculture, que l’énergie et les métaux, qu’ils soient précieux ou non. Ainsi, même le minerai de fer a rebondi de 12% depuis un mois (chiffre au 15 avril) malgré un repli depuis le début de l’année.

La motivation des banques centrales est de rendre leurs réserves moins dépendantes du dollar. 

La progression de l’or se fait dans le contexte de progression des matières premières mais cette hausse interpelle car elle se fait alors que le dollar reste fort et que les taux d’intérêts restent élevés. Nous l’avions abordé lors d’un précédent article le 14 mars dernier et la force de l’or pouvait être liée à une forte demande d’investissement. En effet, l’or a sa place dans une allocation d’actifs car il permet de se protéger du risque géopolitique alors que les craintes du moment ne manquent pas avec le conflit Russo Ukrainien et les tensions au Moyen Orient pour ne citer que les principaux. Pourtant, les dernières statistiques à fin mars du World Gold Council ne montrent pas un mouvement de collecte des ETFs en or physique mais juste un ralentissement de leurs ventes d’or. A y regarder de plus près, il s’avère que la collecte nette était positive en Asie à fin mars émanant de quatre gros ETFs chinois qui ont acheté pour près de quatre tonnes d’or poussant leur détention à 64 tonnes.

Si nous ne disposons pas encore des données de mars des banques centrales, on peut constater que la banque centrale de Chine accumule de l’or depuis 18 mois. La Chine n’est pas la seule. Depuis la grande crise financière de 2008-2009, les variations de réserves d’or cumulées de la Chine, de la Pologne, de Singapour, de la Russie, de l’Inde et de la Turquie ont toujours été positives. La motivation des banques centrales est de rendre leurs réserves moins dépendantes du dollar. L’or apparaît alors comme la seule alternative crédible en l’absence d’une autre devise ayant la stature internationale du dollar. Une façon indirecte de mesurer l’attrait de l’or par les banques centrales est de regarder la différence entre l’or et l’argent. Historiquement les variations des deux métaux précieux, l’or et l’argent, sont très corrélées, ce qui n’a pas empêché qu’un écart de prix important se soit constitué en faveur de l’or sur la dernière décennie. Si les deux métaux précieux ont des applications industrielles, il subsiste, à nos yeux, une grande différence : les banques centrales détiennent de l’or mais pas d’argent. Ainsi, le comportement des banques centrales ne devrait pas permettre un retour à la moyenne du ratio argent/or. Tous les métaux précieux ne se valent pas.

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