Les ETF ont passé l’épreuve de vérité

Laura Jalabert, BlackRock

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Les fonds indiciels cotés célèbrent cette année leur vingtième anniversaire en Europe. L’histoire d’une réussite.

Nous sommes en 2000: le monde s’apprête à entamer un nouveau millénaire. Microsoft lance son nouveau système d’exploitation Windows 2000 sur le marché. Et alors que le quatrième tome de Harry Potter vient d’être publié, une autre histoire à succès commence dans le secteur financier européen. En effet, en avril 2000, Deutsche Börse, l’exploitant de la bourse allemande, démarre le premier segment de marché en Europe spécialement dédié aux fonds indiciels cotés (en anglais: Exchange Traded Funds, ETF). Quelques mois plus tôt, la bourse suisse avait déjà entamé le trading d’ETF, basés entre autres sur l’indice SMI.

Au cours des dernières années, le volume du marché européen des ETF a crû de 15% par an en moyenne. A fin 2019, la fortune gérée par la branche s’élevait à 6’300 milliards de dollars sur le plan mondial, selon les données de notre propre recherche. En Europe, ce montant a dépassé l’an dernier le seuil des 1’000 milliards de dollars. Autre étape clé : la fortune totale investie dans des ETF obligataires, un des segments à plus forte croissance, a dépassé les 1’000 milliards de dollars.

Une croissance dynamique en largeur et en profondeur

Initialement, les ETF étaient utilisés presque exclusivement par les investisseurs institutionnels. Ils ont ensuite ouvert la voie à de nouvelles possibilités dans le domaine de la gestion de fortune, en plus de leur utilisation classique pour des investissements tactiques et stratégiques. En outre, ils sont faciles à manipuler et répliquent précisément l’évolution des valeurs sous-jacentes souhaitées.

Les fonds indiciels cotés se sont solidement ancrés
dans les domaines de la gestion de fortune et de la clientèle de détail.

Parallèlement à leur popularité croissante auprès de la clientèle institutionnelle, les fonds indiciels cotés se sont aussi solidement ancrés dans les domaines de la gestion de fortune et de la clientèle de détail. Dans ce segment, ils ont été adoptés non seulement par les investisseurs qui gèrent eux-mêmes leur fortune mais ils sont toujours plus utilisés dans l’activité de conseil. 

Un des moteurs de cette évolution découle du fait que les banques ont dû réorienter leur modèle en raison des évolutions réglementaires et parce qu’elles adoptent désormais de plus en plus souvent un modèle tarifaire forfaitaire dans la gestion de fortune. En outre, les gérants de fortune ne peuvent plus garder les rétrocessions obtenues sur les fonds actifs en raison de la directive européenne sur les marchés financiers MIFID II. Enfin, les nouvelles offres numériques permettent d’atteindre des catégories d’investisseurs supplémentaires. Ici aussi, les ETF sont parfaitement adaptées à la mise en œuvre de ces stratégies car ils séduisent – à l’instar des nouvelles offres numériques – grâce à leur approche intuitive, leur transparence et leurs faibles coûts.

Des modules adaptés à chaque portefeuille

Pour répondre à l’utilisation croissante des fonds indiciels cotés, les prestataires élargissent leur palette de produits. Alors que les ETF répliquaient, à leurs débuts, presque exclusivement les grands indices de référence pour les actions, ils offrent désormais un accès à pratiquement toutes les classes d’actifs et à tous les marchés.

Depuis le début de 2020, les ETF durables ont bénéficié
d’afflux d’argent à hauteur de 14 milliards de dollars.

S’y ajoute désormais la possibilité d’intégrer les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans ses décisions d’investissement. Les ETF durables ont enregistré des afflux nets d’argent significatifs sur le plan mondial durant les turbulences sur les marchés en mars, alors que les investisseurs ont retiré de l’argent des produits équivalents classiques. Depuis le début de 2020, les ETF durables ont bénéficié d’afflux d’argent à hauteur de 14 milliards de dollars – soit plus de la moitié des afflux de fonds récoltés durant l’ensemble de 2019. Cette tendance s’inscrit sur le long terme: nous anticipons que la fortune placée dans les ETF durables passe de 25 milliards de dollars au début de 2019 à plus de 400 milliards d’ici à 2028.

Négoce intact aussi durant la crise du coronavirus

Les turbulences sur les marchés de ces dernières semaines ont constitué une nouvelle épreuve de vérité pour les ETF. Ceux-ci ont passé le test avec succès. Malgré une volatilité élevée et des volumes d’échanges record, les transactions ont continué d’être effectuées de manière ordonnée.

Cela a aussi été le cas dans le domaine obligataire. Ainsi, alors que les échanges d’obligations à haut rendement de pays émergents ont été momentanément suspendus, les investisseurs ont pu malgré tout continuer à acheter et à vendre les ETF correspondants.

Les possibilités d’utilisation toujours plus variées des ETF devraient assurer la poursuite d’une croissance dynamique. Nous anticipons que les montants investis dans les ETF sur le plan mondial passent de 6’000 milliards de dollars actuellement à 12’000 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. En Europe, ce montant doublera aussi, passant de 1’000 milliards à quelque 2’000 milliards d’euros durant le même intervalle.

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