Les années vintage

Salima Barragan

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«Investir sur plusieurs millésimes permet de diminuer les risques», estime Lukas Erard de Credit Suisse.

Dans l’univers du Private Equity, l’année, ou le «vintage» en langage d’initié, se réfère à celle où le fonds effectue son premier investissement dans une société non cotée. Autrement dit, c’est le coup d’envoi de la durée de vie du fonds, généralement d’une dizaine d’années, dont une première période d’appel de capitaux comprise entre trois à cinq ans. Pourquoi investir précisément dans plusieurs années Vintage? «Pour bénéficier du roulement des flux et diminuer les risques» estime Lukas Erard de Credit Suisse. Eclairage.

Dans sa forme habituelle, ce placement alternatif est réservé aux clients institutionnels, disposant des moyens de s’engager pour des montants compris entre cinq à vingt millions de dollars. Les gérants de fonds Private Equity préfèrent éviter par ailleurs les petits investisseurs afin de limiter le nombre de partenaires. Ces placements intéressent aussi de plus en plus une clientèle très fortunée (les High Net Worth Individuals), prête à renoncer à une partie de ses avoirs durant quelques années pour profiter d’une prime d’illiquidité par rapport aux actions de sociétés côtés. Dans un rapport du Credit Suisse, on peut lire qu’en 2020, le Private Equity devrait réaliser un rendement total d’environ 8% par an, légèrement inférieur à sa moyenne historique de 9,2%.

Credit Suisse a créé un programme qui identifie entre 5 à 7 gérants
de Private Equity best-in-class par an en phase initiale d’investissement.
FONDS DE PRIVATE EQUITY OU ACTIONS

Comment un investisseur privé, qui ne dispose pas d’une force de frappe suffisante, peut-il y accéder à ce type de stratégie? «De plus en plus d’intermédiaires réfléchissent à grouper les avoirs de leurs clients pour atteindre l’indispensable ticket de 10 à 20 millions» explique Lukas Erard. Moyennant 100'000 à 250'000 dollars, le client fortuné peut, via une structure de feeder fonds ou fonds nourricier, y accéder. «Dans notre stratégie, nous répliquons l’accès au fonds en direct et gérons les appels et distributions de capitaux. Nous maintenons un taux de rendement interne de 15% à 20% selon le type de stratégie, duquel il faut déduire les frais d’accès d’environ 0,80% dépendant du montant d’investissement.», précise-t-il.

Seuls les clients parfaitement informés peuvent souscrire à ces feeder fonds soumis aux directives MiFID dont le but est de protéger les investisseurs. «En Suisse, les structures luxembourgeoises ou caïmanaises sont disponibles aux investisseurs professionnels ou qualifiés» précise Lukas Erard. Alternativement, un client avec une connaissance limitée des produits financiers peut acheter directement des Listed Private Equity qui cotent les actions des grands noms de l’industrie tels que Blackstone ou Partners Group en Suisse. Il s’agit par contre d’une pure exposition aux actions.

AUTOFINANCEMENT EN PRIVATE EQUITY

Revenons aux années vintage. Afin de permettre à ses clients d’investir d’une manière efficace dans un portefeuille de Private Equity, Credit Suisse a créé un programme qui identifie entre 5 à 7 gérants de Private Equity best-in-class par an en phase initiale d’investissement. «Il est important qu’un client investisse chaque année dans ce programme pendant au moins 4 à 5 ans. Le portefeuille pourra commencer à s’auto-financer par les distributions après 7 à 8 ans», souligne Lukas Erard qui effectue ce travail chaque année pour diversifier les investissements des clients. «En règle générale, les investissements d’un fonds traditionnel ne sont pas effectués dans la même année, mais dans les 3 à 5 ans après la création du fonds et beaucoup de choses peuvent arriver durant cette période», explique Lukas Erard qui panache les années vintage au sein d’un même portefeuille; car comme le veut l’adage, la diversification est reine. La meilleure stratégie consiste à investir dans divers gérants et stratégies qui répliquent l’univers du private equity comme un benchmark.