Le soufflé du high yield prêt à retomber?

David Norris, TwentyFour Asset Management

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Les nouvelles rassurent le marché US des obligations à haut rendement mais il faudra de nouvelles impulsions pour rester sur la voie de la reprise.

©Keystone

Le quatrième trimestre 2018 est en passe de ne plus être qu’un rêve lointain pour le marché américain du haut rendement. Au cours des trois premières semaines de cette année, l'indice américain du haut rendement (notation B1) a dégagé une performance de 3,98% tandis que son homologue pour les obligations notées CCC progressait de 5,63%. Malheureusement, le quatrième trimestre n’était pas un rêve et nous sommes donc en droit de nous interroger sur les raisons de cette reprise rapide après un épisode de ventes massives qui a été le pire que le marché du crédit ait connu depuis la crise financière.

L’exposition au risque des investisseurs
était trop élevée à la fin de l’année passée.

Un premier élément de réponse vient du fait que l'année a démarré sur une note positive. Le 4 janvier, Jerome Powell, président de la Réserve fédérale (Fed), a dissipé les craintes du marché quant à une éventuelle erreur de politique de la banque centrale américaine. Il a insisté sur le fait que la politique monétaire de la Fed dépendrait dorénavant plus des données économiques que des graphiques à points (qui ont parfois donné l'impression que la direction de la politique monétaire de la banque centrale était gravée dans le marbre). Une fois ce point éclairci, le marché s’est trouvé grandement rasséréné.

USA-Chine: une dynamique positive

Un deuxième élément de soutien vient du fait que la Fed a reconnu que ses sujets d’inquiétude étaient nombreux et ne se limitaient pas aux craintes concernant la croissance mondiale. Par conséquent, toute nouvelle décision concernant les taux directeurs ne serait prise qu’après mûre réflexion de la Fed. Ce répit a été reçu avec soulagement par le marché, inquiété par le ton plutôt agressif qu’avait pris la Fed suite à la publication de données économiques favorables aux Etats-Unis fin 2018.

En troisième lieu, l’exposition au risque des investisseurs était trop élevée à la fin de l’année passée. Aussi, les ventes massives s’expliquent-elles autant par le besoin de liquidité que par la crainte d’une erreur de politique de la Fed. Techniquement, le marché était mûr pour un rebond.

Enfin, les marchés ont réagi favorablement à la perspective de résultats plus favorables que prévu pour les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine. Bien qu'il reste encore un certain nombre d’obstacles à surmonter, notamment en matière de cybersécurité, les pourparlers sont entrés dans une dynamique positive. La récente déclaration de la Chine selon laquelle cette dernière est prête à réduire son déficit commercial avec les États-Unis sur six ans, constitue un progrès notable.

Reprise des émissions

Toutes ces nouvelles positives se sont répercutées sur le marché primaire des obligations à haut rendement américaines. Après un démarrage lent, le calendrier d’émissions s’est bien étoffé durant la troisième semaine de janvier: les émissions ont porté sur plus de six milliards de dollars et le niveau des différentes souscriptions a été élevé. Il y a certainement eu un besoin de rattrapage, aucune émission de titres à haut rendement n’ayant eu lieu en décembre, mais cela ne devrait pas nuire à la performance et aux conditions attrayantes des opérations récentes.

«Il ne fait guère de doute que nous allons être
confrontés à une volatilité accrue.»

Nous ne sommes pas pour autant au bout de nos peines, comme l'ont clairement montré en ce début d’année les signaux contradictoires venant des chiffres de l’emploi non-agricole d’une part, et du PMI manufacturier d’autre part. Les données économiques étant devenues un élément central, les investisseurs ont besoin de davantage de visibilité. Par conséquent, il ne fait guère de doute que nous allons être confrontés à une volatilité accrue, tant sur le haut rendement américain que sur les autres marchés.

Privilégier les échéances courtes et la qualité

La continuation du rallye actuel exige de nouvelles impulsions. Elles pourraient prendre la forme d'un rebond des données manufacturières américaines (ces dernières ayant connu une baisse importante en janvier, elles ont inquiété les marchés). Elles pourraient également venir de progrès substantiels au niveau des négociations commerciales ou encore de la fin très attendue du shutdown de l’administration fédérale américaine. Faute d’éléments de ce type, le rallye pourrait s'essouffler. Les investisseurs se concentreraient alors de nouveau sur la prochaine saison de publication des bénéfices.

Compte tenu de cet environnement, nous continuons à privilégier les obligations à échéances courtes et les titres de qualité qui offrent de meilleures garanties quant au remboursement du capital. Nous maintenons un certain volant de liquidités et restons suffisamment souples afin de pouvoir profiter des occasions qui se présentent.

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