Le premier virus de l’ère virale

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Face au coronavirus, les mesures des entreprises et des banques centrales ne suffiront pas. L’action décisive doit venir des pouvoirs publics.

Depuis le 23 janvier et l’annonce du confinement de la ville de Wuhan, le monde vit à l’heure du coronavirus, le désormais fameux Covid-19. 

Jusqu’au 21 février, l’épidémie était un phénomène asiatique, important en raison de la place grandissante de la Chine et de ses voisins dans l’économie mondiale mais lointain. Un choc d’offre significatif donc, mais un choc de demande limité pour l’essentiel à quelques secteurs précis: tourisme, automobile, luxe. En Europe, plusieurs indicateurs économiques montraient d’ailleurs, début 2020, que l’activité était en voie de stabilisation, y compris en Allemagne.

Mais le 21 février un premier cas était annoncé aux Etats-Unis et un foyer important de contamination était révélé en Lombardie et en Vénétie. Soudainement, l’économie mondialisée découvrait qu’elle était en proie au syndrome du «kilomètre sentimental» cher à l’académicien français Jean Dutourd: seul ce qui est proche compte réellement pour nous. Depuis, l’inquiétude grandit.

Le risque désormais est qu’un choc de demande se cumule
avec le choc d’offre issu de l’arrêt brutal de l’économie chinoise.

De quoi démultiplier l’effet paralysant des rumeurs alarmantes publiées en masse sur les réseaux sociaux. A l’heure de Facebook, Whatsapp ou Twitter, inutile d’être un expert épidémiologiste reconnu pour atteindre des millions de personnes en un éclair: un simple téléphone suffit. Le Covid-19 est le premier virus de l’ère virale 

Le risque désormais est qu’un choc de demande, né de la paralysie de consommateurs craintifs, voire confinés dans des zones d’exclusion, se cumule avec le choc d’offre issu de l’arrêt brutal de l’économie chinoise. C’est ce risque que les marchés ont intégré dans les jours qui ont suivi les annonces italiennes et américaines.

Il faut une réponse globale à ce fléau. Les entreprises sont d’ores et déjà à la manœuvre pour ajuster les chaines de valeurs et réorienter leurs offres. Cela ne suffira pas. Les banques centrales l’ont déjà dit: elles seront là pour baisser les coûts de financement et éviter qu’une crise de crédit, voire une crise bancaire, se rajoute au ralentissement économique. Cela ne suffira pas. 

L’action décisive doit venir des pouvoirs publics: elle doit être sanitaire, économique – via un relâchement des contraintes fiscales là où cela est possible – et surtout coordonnée. En 2008, le renouveau du G20 sous la triple baguette Obama-Merkel-Sarkozy, avait redonné espoir au cœur de la crise financière. C’est une initiative du même ordre qui est désormais nécessaire. Et avant le prochain G20 prévu en novembre 2020 à Ryad!

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