Le pays suit son propre cycle en France

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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La demande intérieure française est restée soutenue, notamment grâce à une politique budgétaire généreuse.

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L’économie française suit son propre cycle. En 2019, le pays a moins souffert que les autres des obstacles à la croissance mondiale à l’origine d’une contraction massive du secteur manufacturier de certains pays européens. La demande intérieure française est restée soutenue, notamment grâce à une politique budgétaire généreuse. Pourtant, les critères de Maastricht limitent ses possibilités dans ce sens pour 2020. Selon le FMI, la dynamique budgétaire française sera négative cette année. D’autres raisons motivent un tassement graduel de l’activité économique à court terme. L’indice des directeurs d’achats des services est resté orienté à la baisse en début d’année. Il est certes difficile d’estimer la part de responsabilité des grèves contre la réforme des retraites, qui représente un facteur temporaire – un constat qui vaut également pour les indicateurs du moral des ménages et les intentions d’achats de biens de consommation importants. Le moral des ménages avait été affecté fin 2019 et nous verrons s’il se redresse aussi vite que lors des premiers mois de l’an dernier, une fois apaisé le violent mouvement des gilets jaunes. Le coronavirus pourrait représenter un risque temporaire de plus vu l’importance pour l’économie française du tourisme et des exportations de produits de luxe en Asie. Sur une note plus encourageante, l’avionneur français Airbus pourrait profiter des déboires de son concurrent Boeing aux Etats-Unis.

Février représentera sans doute le pic cyclique
de l’inflation annuelle totale.

L’inflation totale a progressé en raison de l’effet de base des prix du pétrole début 2019. Elle devrait remonter temporairement vers 1,8% jusqu’en février. Vu la pression moins marquée des prix de l’énergie et le tassement de la dynamique économique, février représentera sans doute le pic cyclique de l’inflation annuelle totale, avant une stabilisation aux alentours de 1,4% pour les prochains trimestres selon notre scénario de base.

Après la pluie… le brouillard en Allemagne

D’après l’office fédéral de la statistique, le PIB a crû de seulement 0,6% en 2019, au plus bas depuis 2013. Les estimations du quatrième trimestre ne seront publiées que mi-février. D’ici là, la première estimation de croissance annuelle et les chiffres de l’industrie allemande pour novembre confirment notre prudence. Si la hausse de 1,1% de novembre marque une stabilisation par rapport à octobre, une nouvelle baisse inattendue de 1,3% des commandes industrielles a éteint les espoirs d’une reprise rapide. De même, les exportations de novembre furent inférieures aux attentes, avec un nouveau recul de l’automobile (véhicules et pièces détachées). Pour 2020, les résultats des enquêtes annoncent un plus-bas de l’activité manufacturière, confirmant nos attentes. A 45,5, l’indice des directeurs d’achats (PMI) dénote clairement une contraction mais aussi une amélioration par rapport au creux de 41,7 de septembre. L’augmentation de janvier venait de la composante avancée des nouvelles commandes (hausse des nouvelles commandes à l’export et de la production future). Selon les résultats de l’enquête Ifo pour l’industrie, le pire serait passé, sans toutefois annoncer un rebond marqué. Si l’indice PMI des services a progressé, les prévisions de l’Ifo se sont inversées. Le marché du travail moins actif laisse prévoir une modération des services en 2020.

L’inflation de décembre est ressortie à 1,5%, comme nous l’attendions. En général, l'inflation allemande a été faible en 2019, avec un taux d'inflation moyen de 1,4%, contre 1,9% en 2018. L’activité ralentie de fin 2019 s’est traduite par une légère révision en baisse des prévisions d’inflation pour 2020. Elle devrait atteindre son pic de 1,8% au premier trimestre en raison des effets de base de l’énergie, avant de s’atténuer sur fond de modération du marché du travail.

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