Le pétrole reste sur une tendance favorable

Yves Hulmann

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Selon Nitesh Shah, expert en matières premières chez WisdomTree, la hausse des prix devrait se poursuivre jusqu’au troisième trimestre.

© Keystone

Les prix du pétrole ont connu une évolution mouvementée depuis l’automne dernier. Après avoir grimpé à plus de 86 dollars le baril en octobre 2018, le cours du Brent a frôlé les 50 dollars fin décembre. En début de semaine, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai se négociait à un peu plus de 66 dollars, proche de son plus haut de cette année à 67 dollars fin février.

Que faut-il anticiper pour la suite? Selon Nitesh Shah, directeur de recherche et spécialiste des matières premières chez WisdomTree, les cours du pétrole restent d’abord sujets aux décisions de l’OPEP, avant tout autre facteur. Les principaux pays producteurs de pétrole avaient laissé, pendant un temps, chuter les prix du pétrole au milieu de la décennie avant de réaliser que cela avait, d’une part, largement nuit à l’état de leurs finances et cela sans avoir pour autant affaibli d’autre part les Etats-Unis dans ce domaine. La production de pétrole américaine s’étant montrée plus résistante qu’attendu.

Réduction de plus de 1 million de barils par jour prévue

Du côté de l’OPEP, les pays membres de l’organisation, plus les dix autres Etats non membres, s’étaient engagés l’an dernier à réduire leur production de 1,2 million de barils par jour, dont la plus grande part serait réalisée par l’Arabie saoudite (322 millions). Or, ce dernier pays s’est aussi engagé à couper sa production à hauteur de 1 million de barils par jour à partir des niveaux d’octobre 2018, soit pratiquement trois fois plus que les 322 millions de barils auxquels le pays s’était officiellement engagé.

Les découvertes de ressources conventionnelles ont constamment
diminué au cours des dix dernières années.

Pour l’expert, si les pays de l’OPEP respectent leurs engagements en matière de production, il y a de bonnes chances que les cours du pétrole poursuivent leur rebond. «Une fourchette située entre 70 et 75 dollars le baril durant le troisième trimestre 2019» est anticipée par l’expert.

Faibles dépenses d’investissement

A plus long terme, un autre facteur est susceptible de soutenir l’évolution des cours de l’or noir: le manque de dépenses d’investissement consacrées au pétrole et au gaz. Celles-ci ont constamment reculé depuis le milieu de la décennie, se stabilisant aux alentours de 450 milliards de dollars par an, contre quelque 800 milliards en 2014. En corollaire, les découvertes de ressources conventionnelles ont également constamment diminué au cours des dix dernières années. De fait, les plus importantes dépenses d’investissement consacrées à ce secteur se rapportent avant tout au pétrole de schiste aux Etats-Unis, où elles ont le plus progressé entre 2017 et 2018, davantage qu’au Moyen-Orient et alors qu’elles ont au contraire reculé en Afrique, en Russie et en Amérique latine. «La production américaine est devenue le moteur de la croissance globale en matière de pétrole», résume Nitesh Shah.

Les Etats-Unis peuvent encore améliorer leurs infrastructures

La production américaine de pétrole de schiste ne risque-t-elle pas d’être fragilisée en cas de nouveau recul des prix? A ce sujet, l’expert souligne que la production américaine est devenue sensiblement plus résistante: alors qu’auparavant, un prix d’environ 80 dollars le baril était nécessaire pour rentabiliser les investissements, ce niveau se situe maintenant aux environ de 50 dollars. Cela en raison, d’une part, d’une meilleure efficience et, d’autre part, des changements des méthodes de production. En revanche, la qualité des infrastructures pour acheminer le pétrole reste un enjeu important pour les Etats-Unis si le pays entend continuer d’accroître ses exportations. En effet, les ports en eau profonde étant encore rares dans le pays, les Etats-Unis dépendent toujours beaucoup du transfert de bateau à bateau du pétrole vers des navires à plus grande capacité restant au large des côtes. «Des opérations coûteuses et qui prennent beaucoup de temps», rappelle l’expert.

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