Le Japon sur le chemin de la croissance

Salima Barragan

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Mitsuhiro Yuasa: «Comprendre la mission et les valeurs des sociétés».

Pendant trois décennies, les investisseurs ont délaissé le Japon, associé à une population vieillissante, au profit des marchés asiatiques émergents en plein boom démographique. Pour combattre les effets d’une démographie défavorable au marché de travail, et donc à la croissance du pays, les Abenomics ont inspiré des changements fondamentaux. Aussi, pour Mitsuhiro Yuasa, directeur de Rheos Capital Works basé à Tokyo, l’émergence des nouvelles technologies vont également contribuer à la croissance.

Des changements comme moteur du PIB

Pour remédier à la force de travail restreinte et qui entrave la dynamique de croissance, les autorités japonaises envisagent des solutions sans précédent, comme l’ouverture du marché du travail aux étrangers et le relèvement de l’âge de la retraite. «La participation des femmes dépasse 70%, un taux plus élevé qu’aux États-Unis», explique Mitsuhiro Yuasa pour qui, la nouvelle flexibilité du marché de l’emploi est également favorable à l’inflation: «Afin de conserver leurs employés, les entreprises vont devoir augmenter les salaires». 

«La digitalisation sera essentielle
pour s’attaquer à la pénurie de la force de travail.»

En revanche, le capital-investissement  et la productivité - les deux autres contributeurs du PIB - sont sous exploités. «Les entreprises ont beaucoup de liquidités disponibles et la problématique des prêts non performants a été réglée. Bien qu’elles aient appris à améliorer leur productivité, beaucoup de choses restent à faire dans ce domaine», explique Mitsuhiro Yuasa.

De plus, l’essor technologique comptera comme le quatrième vecteur de croissance. «Le gouvernement a lancé la tendance de la digitalisation qui rend les processus plus efficients. Les entreprises à travers tout le pays ont suivi et cela impactera significativement le PIB», estime Misuhiro Yuasa. La technologie 5G sera implantée à partir de 2020 pour la navigation automatique des transports publics. «La digitalisation sera essentielle pour s’attaquer à la pénurie de la force de travail car elle permettra de consacrer certaines ressources humaines à d’autres domaines», explique Misuhiro Yuasa qui joue le thème de la digitalisation à travers la société Net One System, qui fournit des services internet et 5G aux services publics et à des sociétés privées.

Des Small et Mid Caps au bénéfice d’une vision forte

De 2003 à 2012, les grandes capitalisations boursières japonaises ont été particulièrement volatiles, alors que durant cette même période, 66% des valeurs japonaises cotées - principalement des petites et moyennes capitalisations hors secteur financier - ont offert un rendement moyen de 110%. 

«Les sociétés ont réalisé que pour attirer les investisseurs étrangers,
elles doivent se concentrer sur leur ROE.»

«Il y a dix ans, nous avons acheté la société Jin Co Ltd, qui produit des verres optiques. Son fondateur avait une vision forte. Depuis le prix de son action a été multiplié par 60 et les investisseurs sont encore prêts à payer une prime pour l’acquérir», explique Mitsuhiro Yuasa. Pour lui, ce type de sociétés, menées par de véritables fondateurs, se distingue dans le marché peu efficient des petites et moyennes capitalisations. «Il faut comprendre les Valeurs et les Missions des sociétés. L’investissement à succès demande d’avoir le temps de son côté. C’est particulièrement le cas pour les sociétés en croissances qui s’inscrivent dans un processus à long terme», estime-il.

L’atténuation de la structure d’actionnariat croisé, qui vise à une meilleure allocation du capital, a amélioré la profitabilité des entreprises japonaises. «Les sociétés ont réalisé que pour attirer les investisseurs étrangers, elles doivent se concentrer sur leur ROE», souligne Mitsuhiro Yuasa. Bien que la guerre commerciale ait rendu les entreprises japonaises plus prudentes, elles ont beaucoup de liquidités disponibles. «Nous ciblons des sociétés en croissance qui utilisent leur liquidités avec efficacité, explique Mitsuhiro Yuasa. Dans son processus de sélections, Rheos Capital Works utilise un filtre quantitatif propriétaire qui consiste en une combinaison de critères de valorisation, de momentum fondamental et d’analyse technique. L’équipe d’analystes, composée de 10 personnes, va ensuite investiguer auprès des sociétés pour mieux comprendre leur développement et valoriser au mieux les titres qui composent le portefeuille.