Le fond serait atteint en avril aux Etats-Unis

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Mars a confirmé la nature désinflationniste de cette crise. Au Royaume-Uni, la récession devrait être plus sévère et plus longue que prévu.

©Keystone

Du fait de la primauté des gouvernements fédérés, les Etats-Unis se sont ralliés au confinement plus tard et plus diversement que les autres pays. L’activité a plutôt bien résisté en mars même si la plupart des Etats ont connu une forme de confinement les 10 derniers jours du mois. Quoique affectées par le recul des prix de l’essence, les ventes de détail nominales étaient étonnamment indemnes en mars. La production industrielle a plus souffert, en recul de 6% pour le secteur manufacturier sur un mois. Nous attendons un décrochage encore plus marqué de l’activité en avril, suivi sans doute d’une reprise progressive en mai, grâce à l’allègement des restrictions. Que ce déconfinement soit souhaitable ou non sur le plan sanitaire (les nouveaux cas journaliers se stabilisaient, mais ne diminuaient pas encore à l’heure où nous écrivions ces lignes), il pourrait limiter les dégâts économiques immédiats. 

Le retour de l’économie américaine
aux niveaux d’avant la crise sera beaucoup plus long que prévu.

Aux Etats-Unis, l’indice des directeurs d’achats a moins chuté qu’en Europe en avril et nous prévoyons une croissance annuelle de -3,0% en 2020, un peu au-dessus du consensus. Le retour aux niveaux d’avant la crise sera toutefois beaucoup plus long que prévu (nous tablons actuellement sur le second semestre 2021 pour les Etats-Unis) en raison de difficultés persistantes pour certains secteurs (loisirs, tourisme, restaurants…) et le chômage grèvera encore la demande en 2021.

Mars a confirmé la nature désinflationniste de cette crise. Outre le recul attendu des prix de l’énergie, l’inflation sous-jacente a chuté de 0,1% en un mois, tirée par les biens et par les services, mais le fait que le panier de calcul comporte notamment billets d’avion et nuitées d’hôtel, difficiles à consommer et dont les prix se sont effondrés pendant le confinement (qui a perturbé la collecte de statistiques), vient déformer les chiffres.

Récession sévère et reprise lente au Royaume-Uni

Le Royaume-Uni a tardé à imposer le confinement et il le lèvera après la plupart des pays du continent. Les nouveaux cas journaliers ne diminuant pas durablement fin mars, le gouvernement a prolongé les mesures jusqu’en mai, sans préciser son plan de déconfinement. Les retombées économiques sont encore peu visibles. La seule statistique économique publiée pour mars, les ventes de détail, accusait un repli de 3,7% par rapport à février, le plus marqué de son histoire sur un mois, mais le pire est à venir. 

Le plan pour l’emploi britannique n’est mis en place que jusqu’à fin juin,
sans doute trop tôt pour éviter une envolée du taux de chômage.

L’indice des directeurs d’achats des services a connu une chute inédite en avril à 12,3 points, qui signifie que quasiment aucune entreprise interrogée n’a vu son activité s’améliorer par rapport à mars. Comme dans les autres pays développés, la récession britannique devrait être plus sévère et plus longue que prévu, d’où l’abaissement significatif de nos prévisions de croissance de -1,4% à -4,2%. Les effets sur la demande privée dépendront du marché du travail, dont l’évolution est difficile à évaluer sachant que le plan de sauvegarde de l’emploi du gouvernement reste très flou. A l’heure où nous écrivions ces lignes, environ 4 millions de salariés étaient concernés, ce qui reste modeste par rapport aux dispositifs de chômage partiel similaires et bien établis du monde germanophone. Ajoutons que ce plan pour l’emploi britannique n’est mis en place que jusqu’à fin juin, sans doute trop tôt pour éviter une envolée du taux de chômage.

Le rapport sur l’inflation de mars indiquait comme prévu une forte baisse des prix de l’énergie et des signes clairs d’un «effet coronavirus». L’inflation était plus marquée pour les biens et services très demandés, dans la santé ou les télécommunications, tandis qu’elle ralentissait dans les secteurs perturbés comme l’hôtellerie-restauration ou les loisirs. Nous pensons que cette crise aura une influence globalement désinflationniste.

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