Le cycle économique peut-il encore nous surprendre?

François Savary, Prime Partners

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La question des politiques macroéconomiques est à nouveau au cœur des interrogations des investisseurs.

L’année 2017 s’est achevée sur un consensus très large sur le cycle économique mondial, avec deux axes principaux : une accélération, certes légère, de la croissance d’une part et une inflation largement sous contrôle malgré un léger biais à la hausse.

Deux mois se sont écoulées et les certitudes ont volé en éclat, tout au moins si on en juge par le comportement des marchés financiers depuis fin janvier : correction boursière, tension sur les rendements obligataires, progression de la volatilité ou encore faiblesse de la devise américaine sont autant de facteurs qui démontrent le retour d’une forme d’appréhension économique au sein de la communauté financière.

Les explications les plus communément invoquées pour expliquer le retour des incertitudes macroéconomiques portent essentiellement sur l’élément inflation de l’équation conjoncturelle, particulièrement aux USA. Nous avons toujours pensé que le consensus était trop condescendant à l’égard du risque inflationniste en fin d’année, de là à justifier la correction de février par les seuls développements «inflationnistes» US, il y a un pas que nous ne franchissons pas.

«Les marchés sont confrontés à une question plus large
que la seule question de l’évolution des prix.»

D’une manière générale, il nous apparaît que les marchés sont confrontés à une question plus large que la seule question de l’évolution des prix, à savoir une visibilité réduite sur les politiques macroéconomiques qui seront conduites au cours des prochains trimestres. Il y a d’abord et surtout la politique monétaire, dont la gestion est rendue plus ardue par les développements sur l’inflation aux USA et au UK d’une part et du fait de l’orientation de la politique fiscale américaine d’autre part. A cet égard, les investisseurs ne savent pas encore de combien les finances publiques de l’Oncle Sam vont se détériorer dans le sillage de la baisse des impôts et de l’accord récent du Congrès sur le budget. Une chose est sûre, les Etats-Unis vont afficher un déficit public record en temps de paix, dès 2019.  Autre facteur d’incertitude, les Etats-Unis ont-ils une adopté une politique de dépréciation de leur devise nationale? On peut se poser la question au regard de certaines déclarations de Monsieur Mnuchin qui semble afficher une certaine satisfaction face à la baisse du dollar. De quoi alimenter ces interrogations légitimes sur l’idée qu’une guerre des changes pourrait voir le jour. Les derniers développements sur la politique commerciale de D. Trump – imposition de tarifs – peuvent d’ailleurs confirmer la justesse de telles craintes car la guerre commerciale n’est jamais loin de celle sur les monnaies.

Les cycles ne meurent pas de vieillesse mais bien souvent d’erreurs de politiques macroéconomiques. Force est de constater qu’au regard des développements récents sur ce dernier front, les risques sont plutôt à la hausse. En d’autres termes, le cycle économique pourrait bien encore nous surprendre, pas forcément de manière positive, au cours des prochains mois. Une évolution stagflationniste du cycle est-elle en vue? Il ne faut pas aller trop vite en besogne mais il est sage de garder cette question à l’esprit au cours dans l’avenir immédiat. En outre, la progression des incertitudes conjoncturelles doit inciter à durablement gérer les risques dans une allocation d’actifs. Ainsi, au risque de paraître pessimiste, nous pensons toujours que les actions américaines auront de la peine à afficher une progression à deux chiffres en 2018.