Le bon du Trésor: un puissant antiviral

Mark Holman, TwentyFour Asset Management

2 minutes de lecture

Au cœur de la tempête, les bons du Trésor sont un bon refuge, mais que faire lorsque la situation revient à la normale?

En fin de cycle, la stratégie la plus sage consiste à allouer un part raisonnablement importante de son portefeuille aux actifs sans risque, tout en maintenant une « bonne » duration, à savoir suffisante pour équilibrer le portefeuille et atténuer sa volatilité. Une telle allocation aura certes un impact négatif sur le rendement, mais elle devrait permettre de réaliser des gains en capital lors des périodes de stress de marché.

Au début de cette année, nous estimions que les principaux risques auxquels les investisseurs obligataires se trouveraient confrontés seraient d’ordre géopolitique et se matérialiseraient en particulier par une réescalade de la guerre commerciale, laquelle a fortement pesé sur le climat des affaires en 2019. Un tel regain des tensions aurait pour conséquence d’interrompre le rallye des actifs à risque, d’inciter éventuellement la Fed à baisser à nouveau ses taux directeurs, et certainement de justifier et de favoriser une hausse marquée des cours des bons du Trésor américain.

Des gains temporaires

Aucun d’entre nous n’avait envisagé l’hypothèse de l’apparition d’un nouveau virus, mais le résultat de ce phénomène a été similaire à ce que nous avions envisagé dans notre scénario concernant les risques, en particulier en ce qui concerne la performance des actifs «sans risque»: les bons du Trésor américain à cinq et dix ans ont gagné environ 40 points de base durant le mois de janvier.

Les bons du Trésor américain à cinq et dix ans ont gagné
environ 40 points de base durant le mois de janvier.

A l’heure où le débat se focalise sur l’impact de l’épidémie déclenchée par le coronavirus, sur ses conséquences sur certains secteurs et entreprises ainsi que sur l’économie chinoise et par extension sur l’économie mondiale, et au moment où l’on s’interroge pour savoir si cette épidémie débouchera ou non sur une action de la banque centrale, il importe de rester vigilants et de se demander quelle serait l’incidence d’une reprise économique sur des bons du Trésor devenus entretemps plus vulnérables. D’un point de vue historique, les phénomènes graves mais passagers tendent à déclencher une réaction en «V»: la croissance du PIB rebondit rapidement une fois que la situation est maîtrisée. Par conséquent, les rendements des bons du Trésor pourraient également connaître une évolution similaire, à moins, bien entendu, qu’un autre élément disruptif ne se produise et maintienne les craintes à leur niveau actuel.

Garder le cap sur la prudence

Si d’une part, la stratégie veut qu’une part importante des portefeuilles soit allouée aux actifs sans risque, à savoir, depuis quelques mois, les bons du Trésor américain, d’autre part, il faut bien reconnaître le fait que les gains engrangés sur ces titres depuis le début de l’année pourraient être remis en question.

Dans la situation actuelle, il est pratiquement impossible de parvenir à un timing parfait, mais afin de limiter ce risque, on peut réduire progressivement la «bonne» duration du portefeuille en se positionnant sur la partie la plus courte de la courbe des bons du Trésor américain, c’est-à-dire la portion la moins sensible à une hausse des rendements. Ce mouvement, purement tactique, semble logique. Cependant, même en adoptant une stratégie axée sur la minimisation des risques, il convient de rester prudent et pragmatique, à la fois parce que les surprises ne peuvent jamais être exclues et parce que nous approchons de la fin du cycle économique, un fait que l’on ne peut ignorer.

A lire aussi...