L'argent prêt à bénéficier d'une reprise du cycle industriel

Nitesh Shah, ETF Securities

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Le potentiel de rattrapage de l’argent sur l’or reste important. Une reprise industrielle forte permettrait au métal blanc de refaire son retard.

Même si de bonnes surprises pourraient être au rendez-vous pour l’inflation (retombées positives pour les cours de l’or), la hausse des taux d’intérêt et une revalorisation du dollar américain (deux éléments négatifs pour les cours de l’or) laisseraient les cours de l’or relativement inchangés. Par ailleurs, l’argent pourrait connaître une hausse sur fond d’augmentation persistante de la demande industrielle et le potentiel de rattrapage de ce métal par rapport à l’or, après une année de contre-performance.

Lien entre l’argent et l’or?

Notre modèle relatif à l’argent  relie les performances de ce métal à celles de l’or. En effet, au cours des cinq dernières années, les rendements mensuels de l’argent ont affiché une corrélation de 83% avec les rendements mensuels de l’or. Cependant, en 2017 les performances de l’argent ont été largement inférieures à celles de l’or: l’or a augmenté de 10% tandis que l’argent a clôturé l’exercice quasiment là où il l’avait commencé.

Il semble que l’or ait davantage tiré profit que l’argent des épisodes périodiques de hausse du risque géopolitique. Le rebond continu des actifs cycliques comme les actions a détourné l’attention des investisseurs de l’argent. En 2017, les produits négociés en bourse sur l’argent n’ont connu que 6,2 millions d’onces troy de flux entrants, moins d’un septième des flux entrants enregistrés en 2016. Fin décembre 2017, les positions longues spéculatives nettes sur les contrats à terme sur l’argent ont reculé à 3545 contrats, soit leur nombre le plus bas depuis octobre 2014. Il semble que l’argent n’a pas bénéficié de sa corrélation avec l’or et qu’il n’a pas pu tirer profit de son statut cyclique. Si les cours de l’or pourraient demeurer stables en 2018, l’argent devrait, quant à lui, procéder à un rattrapage de son retard.

Cycle industriel

Avec plus de 50% de l’argent employé dans des applications industrielles, l’argent partage de nombreuses caractéristiques avec les métaux industriels, tandis que l’or fonctionne davantage comme un actif monétaire. Les indices PMI industriels mondiaux ont connu une hausse lors du dernier exercice. Les marchés développés progressent à un rythme plus élevé que les marchés émergents. Les indices PMI devraient connaître une progression plus élevée dans le monde à mesure que les pays émergents gagnent en dynamique, profitant des retombées positives en provenance des pays développés. L’indice PMI pourrait passer de 55,0 à 55,5 d’ici fin à 2018, contre 54,5 en décembre 2017.

Les dépenses d’investissement
des mines sont encore modérées.

Il semble raisonnable d’envisager un retard de près de 18 mois des dépenses d’investissement (capex) sur les mines. Etant donné que 25% à peine de l’argent est extrait directement alors que les 75% restants sont obtenus à partir de l’extraction conjointe d’autres métaux, il s’agit de s’intéresser à l’extraction sur l’ensemble du secteur minier, plutôt qu’à celles des mines dédiées à l’argent. Le fléchissement actuel des dépenses d’investissement dans les mines est le plus prononcé depuis 1997.

Même si le rythme du déclin des dépenses d’investissement a ralenti au second semestre de 2017, la durée de ce repli a été la plus longue jamais observée depuis plus de 20 ans. Ce profond déclin de l’investissement minier va probablement maintenir l’argent en situation d’offre déficitaire. Selon les données de GFMS/The Silver Institute, le marché de l’argent se trouve en déficit d’offre depuis 2013. Bien que leurs données n’incluent pas encore les chiffres de 2017, la faiblesse des volumes d’extraction et le relèvement de la demande industrielle ont de fortes chances d’avoir maintenu le marché en déficit, en dépit d’une moindre demande d’investissement.

Baisse probable du stock du marché

Les stocks du COMEX ont sensiblement augmenté en 2017. A la lumière de la seule valeur nominale, cette hausse pourrait signifier une plus grande disponibilité du métal. Néanmoins, la plupart des gains proviennent des stocks admissibles, et non des stocks enregistrés. Par stock admissible, on entend que l’argent est simplement détenu dans les entrepôts approuvés de COMEX sans pour autant qu’un récépissé ait été délivré en contrepartie. Ainsi, l’argent n’est pas détenu par le propriétaire aux fins du règlement de transactions de contrats à terme (tout du moins jusqu’à ce qu’il soit converti en stock enregistré).

La hausse du stock admissible pourrait résulter du choix des propriétaires d’utiliser les entrepôts de COMEX pour stocker leur argent (à savoir que le propriétaire peut souhaiter conserver l’argent-physique plutôt que l’utiliser pour des transactions sur le marché des contrats à terme si bien que le métal n’est pas disponible pour le marché). Nous prévoyons un recul du stock total aux niveaux observés début 2017 étant donné que la demande des investisseurs encourage les propriétaires de ce métal à vendre.