La Suisse prépare activement son futur numérique

Florence Anglès, REYL

2 minutes de lecture

AI, Big Data, Blockchain, FinTech… un vocabulaire incontournable aujourd'hui pour qui veut survivre dans notre société.

La Suisse, nichée au cœur de l’Europe, leader incontesté de l’innovation, amorce avec succès son tournant numérique et se donne les moyens de devenir un acteur majeur dans ce domaine. Un exemple incontournable est celui du canton de Zoug qui est devenu en quelques années le berceau de la blockchain et la capitale des monnaies virtuelles. D’après une étude récente de CVVC, PwC Strategy et Inacta «The Crypto Valley’s Top 50», la Suisse et le Liechtenstein compteraient déjà 750 entreprises liées à la blockchain employant plus de 3300 personnes. Les 50 plus grandes entreprises ont une valorisation moyenne chacune de 400 millions de dollars. Plus de la moitié des entreprises blockchain sont situées dans le canton de Zoug mais également à Genève (42) et au Tessin (39).

La création d’une confiance numérique

Le Bitcoin est apparu au cours d’une crise financière profonde. Dans ce contexte chahuté, la confiance du public envers les institutions financières s’effrite et offre un terrain propice à l’émergence d’une monnaie virtuelle, le fameux Bitcoin. Grâce à sa technologie sous-jacente, la blockchain, il est possible pour deux parties qui ne se connaissent pas d’effectuer des transactions de manière complètement décentralisée. En période de crises, la confiance se fortifie et se réinvente au travers d’une alternative technologique: la blockchain. Le Bitcoin, reposant sur un système dit ouvert apporte des avantages mais connaît également des limites en matière de «scalabilité», de confidentialité, de contrôle de l’infrastructure et de sa grande consommation d’énergie. Certains de ses inconvénients peuvent être contournés par des systèmes fermés et par l’évolution incessante de l’innovation technologique.

En période de crises, la confiance se fortifie et se réinvente
au travers d’une alternative technologique: la blockchain.
L’évolution du cadre juridique, réglementaire et fiscal est-elle indispensable?

Comme toute technologie émergente, la blockchain, prometteuse dans de nombreux domaines, soulève l’épineuse question du cadre juridique et réglementaire en place. La France, activiste de première heure et désireuse de fournir aux investisseurs une protection élevée, a pris les devants dès avril 2016 avec son ordonnance sur les Minibons. D’autres pays en Europe suivent le mouvement et ont également revu leur cadre juridique comme Malte, le Luxembourg et le Liechtenstein.

En Suisse, le Conseil fédéral a considéré qu’une loi ad hoc, «Lex blockchain», n’est pas nécessaire mais des adaptations ponctuelles du droit fédéral s’avèrent indispensables pour mettre en place un cadre plus adapté afin de supprimer les obstacles et de limiter les risques d’abus. Concernant les ICO (Initial Coin Offering ou levée de fonds en cryptoassets) et du rôle prépondérant joué par la Suisse dans ce domaine, la FINMA a clarifié les règles du jeu avec son guide pratique sur les ICO.

Aux frontières de l’innovation et de la durabilité

L’innovation technologique et la durabilité ne sont pas forcément antinomiques et peuvent s’inscrire dans une démarche commune. Comme l’indique le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), «la technologie blockchain peut contribuer à l’atteinte des 17 objectifs de développement durable – pour mettre fin à la pauvreté, protéger la planète et autonomiser les femmes et les hommes d’ici à 2030 – en accord avec les objectifs des entreprises inclusives». S’appuyant sur une analyse de 193 organisations, initiatives et projets qui tirent parti de la blockchain pour générer un impact social, Doug Galen de la Stanford Graduate School of Business considère que la blockchain a un vrai impact. Ainsi, de nombreuses initiatives se développent dans ce domaine non seulement à l’étranger mais aussi en Suisse comme par exemple KimboCare. Cette start-up suisse au stade précoce d’impact social, est déterminée à faire progresser les objectifs de développement durable en favorisant la bonne santé et le bien-être ainsi que l’égalité entre les sexes par le biais de sa future plate-forme blockchain.

Conclusion

La technologie blockchain, apparue en pleine tourmente financière, ne cesse de faire parler d’elle compte tenu de son énorme potentiel dans le secteur financier mais également dans le monde de l’industrie et de la santé. Ouverte et moderne, la Suisse a très tôt compris les enjeux économiques et politiques de cette technologie. La Suisse innovante prépare donc son futur numérique mais aussi durable. Deux objectifs différents mais qui semblent aujourd’hui conciliables et atteignables à la lumière de la blockchain.

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