La récession repoussée à une date ultérieure

Eoin Walsh, TwentyFour Asset Management

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Les premiers résultats trimestriels des banques américaines sont mitigés, mais le consommateur et, par conséquent l’économie, se portent bien.

Le bal des publications trimestrielles des grandes banques américaines s’est ouvert la semaine passée: JP Morgan, Citigroup, Goldman Sachs et Wells Fargo ont publié leurs résultats du 3e trimestre, des résultats en demi-teinte. Si d’un côté, JP Morgan et Citigroup ont dépassé les attentes des analystes en matière de bénéfices par action, de l’autre, Goldman Sachs a déçu. Ses résultats ont été moins bons que prévu  à la suite de la dépréciation de différents placements en actions, tels que Uber et We Co, ainsi qu’au recul des commissions perçues par son secteur banque d'investissement.

La comparaison des résultats des banques par rapport aux attentes des analystes est certes intéressante, ce sont surtout les indications que ces résultats procurent quant à la santé de l’économie américaine et à celle de leurs clients qui nous paraissent les plus probantes, en particulier lorsque les données économiques pointent vers un ralentissement.  Il ressortait clairement des conférences à l’intention des analystes que les tensions géopolitiques avaient pesé sur l'économie.

L’investissement en mode «pause»

Citigroup parlait d’un «environnement toujours incertain» et son directeur financier, Mark Mason, constatait que la clientèle d’affaires affichait un «sentiment de prudence» et s’était mise en mode «pause» pour ce qui concernait les dépenses d’investissement, les opérations de fusion et acquisition ainsi que les introductions en bourse. Lors de sa propre conférence à l’intention des analystes, Jamie Dimon, PDG de JP Morgan, émettait une opinion similaire et relevait que la guerre commerciale ayant «affaibli la confiance des PDG», elle avait eu un impact négatif sur les dépenses d’investissement. JP Morgan soulignait toutefois que l'économie, malgré son ralentissement, reposait sur des bases relativement solides.

En dépit de l’ambivalence de la demande de crédit, la santé
du consommateur américain ne suscite aucune inquiétude.

La partie qui nous a paru la plus intéressante concernait la demande de crédit. S’il semble assez clair que les banques sont très bien capitalisées, ouvertes à la conclusion de nouvelles affaires et prêtes à octroyer des crédits à leurs clients, il paraît tout aussi évident que ces mêmes clients ne sont pas disposés à accroître leurs emprunts et que la demande de prêts est en baisse (de 4% en moyenne pour les prêts et 12% pour les emprunts immobiliers chez JP Morgan).  

Un consommateur au bilan équilibré

Cette évolution peut  probablement être imputée en bonne partie à l'incertitude géopolitique. Par ailleurs, il semble que le revirement de la Réserve fédérale et les baisses de taux qui l’ont suivi n'ont guère contribué à stimuler la demande de crédits. Cette faiblesse de la demande ressort également de la dernière enquête trimestrielle de la Fed sur les conditions de crédit des banques (Senior Loan Officer Opinion Survey), et il sera intéressant d’examiner les statistiques concernant la demande lorsqu’elles  seront publiées le mois prochain.

En dépit de l’ambivalence de la demande de crédit, la santé du consommateur américain ne suscite aucune inquiétude. Ce dernier, qui représente plus de 70% de l’économie américaine, se porte bien, estime Jamie Dimon qui précisait: «son bilan comptable est parfaitement équilibré». Or, le consommateur américain jouera un rôle clé lorsqu’il s’agira d’éviter une récession à court terme aux États-Unis.

Un cycle sans excès

Si, dans l’ensemble, les nouvelles sont mitigées pour ceux qui investissent en actions, elles ne sont par contre pas mauvaises pour ceux qui s’exposent aux titres à taux fixes. L’économie ralentit, mais continue de croître, le consommateur est en bonne santé et les banques sont disposées à prêter de l’argent. Tout ceci indique qu’en l’absence de choc spécifique, le cycle économique actuel peut encore se poursuivre.  C’est absence de la demande de crédit qui le différencie des cycles antérieurs et cela signifie qu’il faut peut-être remettre en question les hypothèses habituelles, car, cette fois, les excès caractéristiques de fin de cycle pourraient s’avérer bien moindres qu’ils ne l’ont été par le passé.

Le bal des résultats ne fait que démarrer et avant qu’il ne batte son plein, il faut compter avec quelques journées de nervosité sur les bourses. Il convient également d’attendre les résultats des analyses économiques des autres grandes américaines. Toutefois, le fait que les premières annonces trimestrielles ne recèlent aucun signal d’alarme important  permettra aux commentateurs économiques de respirer un peu mieux. Et les banques qui ont déjà publié leurs rapports concernant le  3e trimestre  seront impatientes  de pouvoir afficher leurs chiffres du dernier trimestre, vraisemblablement très flatteurs en regard de ceux du 4e trimestre de l’an passé qui avait été marqué par une forte baisse de la bourse. 

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