A la pêche aux obligations

Yvan Roduit, Raiffeisen

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Les taux négatifs sont désormais enterrés. Et cela permet de générer de nouveau des rendements positifs dans le domaine des obligations.

Le marché obligataire renaît de ses cendres. La raison: Le revirement radical des taux d’intérêt par les banques centrales pour lutter contre le niveau élevé de l’inflation l’année passée. Celui-ci a non seulement déplacé l’ensemble de la courbe des taux dans son ensemble vers le haut, mais il en a aussi modifié sa structure. Après de nombreuses années de taux bas, les obligations d’Etat délivrent enfin à nouveau des rendements (nominaux!) dignes de ce nom.

La récession en fil rouge

Les conditions de (re)financement se sont renchéries suite au resserrement de la politique monétaire par les gardiens de la monnaie. Pour l’économie, c’est un élément de plus embarqué dans la barque conjoncturelle, avec la hausse tenace des prix et les problèmes d’approvisionnement persistants. Les risques de récession ont par conséquent encore augmenté ces derniers mois. Et si le marché des actions se montre momentanément encore relativement calme face au risque de récession, c’est un autre son de cloche sur le marché obligataire: La courbe des taux est en effet inversée dans de nombreux pays, parfois même fortement. Les obligations à court terme délivrent ainsi un rendement supérieur à celles à long terme. Généralement perçu comme un indicateur fiable d’une récession, ce phénomène laisse craindre le pire pour 2023: Aux USA, l’inversion est actuellement aussi forte qu’au début des années 1980. Les mois à venir risquent donc d’être critiques.

Un environnement récessionniste et des coûts de (re)financement élevés pourraient signer la fin de l’histoire pour de nombreuses entreprises endettées.
Portfolio à adapter?

Pour les portefeuilles de titres, cela a principalement deux implications pour 2023. Les obligations à haut rendement (high yield) seront à observer consciencieusement, car derrière des chiffres attractifs se cachent des risques de défaillance à ne pas sous-estimer. En effet, un environnement récessionniste et des coûts de (re)financement élevés pourraient signer la fin de l’histoire pour de nombreuses entreprises endettées. En outre, ces risques de défaillance ne sont, à l’heure actuelle, pas suffisamment compensés par les primes de risque. En revanche, l’importante hausse des taux d’intérêt a augmenté le rendement des obligations de qualité élevée – qu’il s’agisse d’Etats ou d’entreprises solides – générant ainsi de nouvelles opportunités intéressantes pour les investisseurs. En raison de la forte inversion de la courbe des taux, il est recommandé, en termes de duration, de se concentrer sur des durées moyennes (de 4 à 6 ans). Comme le cycle de hausse des taux devrait bientôt arriver à son terme, la correction du cours des obligations est sans doute largement accomplie. Avec la diminution probable de leur corrélation avec les actions, les obligations devraient regagner leurs lettres de noblesse et leurs propriétés de diversification dans les portefeuilles.

Les investisseurs qui auront la patience et le sang-froid – à l’instar du pêcheur matinal sur son bateau – d’attendre et de bien choisir les obligations seront très certainement récompensés de leurs efforts en 2023.

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