La lettre au Père Noël de Jerome Powell

Christopher Smart, Barings AM

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Des prix de l'immobilier plus stables et des banques solides devraient permettre à la récession d'être courte.

© Keystone

Jerome Powell n’a probablement pas ressenti le besoin de justifier à quel point il a été «sage» dans sa lettre. Pour autant, il ne croit sûrement pas qu’une chaussette remplie de plein-emploi et de stabilité des prix l’attend au coin du feu.

Cependant, Jerome Powell a très certainement fait sa liste de souhaits pour les fêtes. Surtout, lorsqu’une année de ralentissement de la croissance, de hausse des prix et d’inversion des courbes de rendement se profile à l’horizon. Peu de ses souhaits se réaliseront à Noël, mais l'économie américaine peut éviter une forte récession si un nombre suffisant d'entre eux se concrétisent d'ici l'année prochaine.

La liste de souhaits

Premier souhait: Éviter une spirale inflationniste dû au renchérissement des salaires. Si Jerome Powell ne pouvait qu’en concrétiser qu’un, ce serait celui-ci! Selon une récente étude du FMI, les risques d'augmentation démesurée restent faibles, même si les enquêtes récentes sur les prévisions d'inflation ne sont guère rassurantes. Tant que l'inflation est supérieure à la croissance des salaires nominaux, les pressions exercées par les coûts sont moins susceptibles de déclencher un cercle vicieux inflationniste.

Deuxième souhait: Des prix stables pour les logements. Les hausses de taux de la Fed ont porté un coup dur au secteur immobilier américain. Les ventes de logements existants ont chuté pendant la majeure partie de l'année 2022 et les prix baissent d'un mois à l'autre. L'impact est minime pour les propriétaires qui ont des prêts hypothécaires à taux fixe et les normes de prêt rendent peu probable une répétition de la crise des subprimes. Néanmoins, il est facile d'imaginer le potentiel des retombées douloureuses si le marché du logement s'effondre.

Même si la Chine tarde à rouvrir ses portes, un marché du travail plus calme, des prix de l'immobilier plus stables et des banques solides devraient permettre à la récession à venir d'être courte et peu profonde.

Troisième souhait: La fin de la pandémie en Chine. Un relâchement des mesures de verrouillage serait un véritable cadeau pour l'économie mondiale. Avec le ralentissement des États-Unis et de l'Europe, la Chine est le dernier espoir d'une accélération de la croissance l'année prochaine. La crise de l'immobilier dans le pays continuera de peser lourdement sur le moral des consommateurs, mais la levée des mesures de quarantaine permettrait à la fois de stimuler la demande mondiale et de réduire les pressions inflationnistes dues au blocage des chaînes d'approvisionnement.

Quatrième souhait: Des banques solides sur leurs appuis. Les cycles de resserrement brise toujours quelque chose au passage. Certains gestionnaires de pensions britannique et les cryptomonnaies n’ont rien fait pour remédier à cette tradition. Pour autant, les investisseurs devraient être rassurés par le fait que les banques américaines s’en sont bien sorties au début de cette crise, mais les risques liés à l'effet de levier caché sont difficiles à suivre. S'il faut un peu de magie de Noël pour éviter une mauvaise surprise, Powell ne s'y opposera sûrement pas.

Cinquième souhait: La paix en Ukraine. La paix dans le monde est un vœu classique des fêtes de fin d’années. Mais quelques signes de négociations entre Kiev et Moscou permettraient de rétablir l'ordre sur les marchés du pétrole et des matières premières. Même si les sanctions occidentales à l'encontre de la Russie restent en place indéfiniment, un conflit mieux contenu renforcera la confiance sur les marchés de l'énergie et des denrées alimentaires. Une évolution qui serait la bienvenue pour tous ceux s'inquiétant des prix à la consommation aux États-Unis.

Sixième souhait: Moins de chamailleries. Alors que la Fed s'approche d'un tournant politique, des divergences se font pressentir au sein du FOMC. Déjà, à la réunion de novembre, un écart s’est creusé entre certains participants concentrés sur le contrôle de l’inflation et d’autres qui s’inquiètent des risques des resserrement monétaires.

Septième souhait: Des politiciens raisonnables. Un vœu pieu à l’aube des élections présidentielles américaines. Probablement que les candidats républicains reprocheront à la Fed d'avoir laissé l'inflation s'emballer, tandis que les démocrates dénonceront la cruauté des hausses de taux qui mettent tant de gens au chômage.

Voilà! Est-ce trop demandé au Père Noël? Peut-être bien… Mais une partie de la liste reste réalisable. Même si la Chine tarde à rouvrir ses portes, un marché du travail plus calme, des prix de l'immobilier plus stables et des banques solides devraient permettre à la récession à venir d'être courte et peu profonde. Avec tout cela, Jerome Powell pourra demander une nouvelle cravate pour Noël.

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