Sur le plan économique, quelques 5000 entreprises installées en Catalogne ont transféré leur siège social vers une autre communauté autonome espagnole. Un bon millier a également transféré son siège fiscal. Contacté pour l’élaboration de ce papier, Nicolas Klein, expert de la situation politique espagnole, explique que près de 33 milliards d'euros ont fui les comptes en banque catalans pour d’autres latitudes. On parle surtout de l’Aragon et de la communauté valencienne.

Selon le quotidien La Vanguardia, l'investissement direct étranger s'est effondré de 62% au premier trimestre 2018 en Catalogne, en opposition à une hausse de 22% au niveau national. «Quant au tourisme, il a ralenti de 0,8% entre janvier et juin 2018 dans la province alors qu’il a crû de 1,8% sur l'ensemble du pays», ajoute Nicolas Klein. Rappelons que le secteur hôtelier de Barcelone avait accusé une baisse de 25% de ses recettes au dernier trimestre 2017. On se trouvait, à ce moment-là, au centre des tensions provoquées par un référendum assez particulier puisque certains Catalans ont pu voter plusieurs fois alors que les urnes n’étaient pas sécurisées.

Cette situation nous paraitrait intolérable ici en Suisse. Pourtant, notre pays héberge un lobby séparatiste qui participe à cette déconfiture économique. Et notre Genève internationale a récemment accueilli trois leaders politiques catalans à l’origine de la détérioration politique. Nous avons, en cela, manqué à notre habituelle réserve.

À travers un environnement divisé, ce n’est pas seulement la jeune démocratie espagnole qui est testée mais l’Union européenne et ses fondements que l’on cherche à déstabiliser. Or, l’UE est notre principal partenaire politique et économique. Un séisme institutionnel en Europe provoquerait un choc non seulement pour les places boursières mais aussi une vague d’insécurité inquiétante pour le continent. Face à ce constat préoccupant et en l’absence d’une prise de position claire de la part de nos politiques, l’économie et ses acteurs se doivent d’alerter l’opinion publique.

Nul n’a à gagner d’une escalade de cette crise qui se déroule sous nos fenêtres. De surcroît, nos médias ont globalement tu certains agissements condamnables qui ont cours dans l’autonomie catalane. Par exemple, la politisation de l’école et la falsification de l’histoire. Les discriminations et les stigmatisations répétées à l’encontre des Catalans qui n’adhèrent pas au projet sécessionniste. Le contexte économique global actuel est déjà suffisamment incertain pour ne pas laisser courir une déstabilisation au cœur de l’Europe.

Un entrepreneur est généralement sensible aux facteurs suivants: la stabilité du système politique, la solidité de l’État de droit, le bon fonctionnement de la justice, la liberté d’entreprendre et de contracter et le niveau d’éducation. Ces fondamentaux sont aujourd’hui fragilisés par l’autonomie catalane. Dans une région jadis prospère qui ne se trouve qu’à neuf cent kilomètres de notre Genève internationale et financière.   

C’est pour inviter à une prise de position claire qu’une manifestation sera conduite dimanche 9 septembre 2018, de 12:00 à 14:30, sur l’emblématique place des Nations. Y sont invités les entrepreneurs et les financiers de la place ainsi que toutes personnes pour lesquelles le maintien de l’État de droit et le respect des lois doivent demeurer des préalables sociaux et économiques incontournables.