La BCE en mode réactif

Salima Barragan

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Selon Patrick Barbe de Neuberger Berman, la politique de la BCE ne sera plus préventive, mais réactive.

© Keystone

Incertitudes sur le Brexit et intensification des menaces protectionnistes: la BCE a annoncé jeudi passé, lors de sa réunion de politique monétaire en Lituanie, qu’elle ne relèvera pas ses taux avant juillet 2020 (au lieu de l’été 2019 comme envisagé plus tôt), et que les réinvestissements du QE continueraient bien au-delà de cette première hausse. Selon Patrick Barbe, Responsable du marché́ obligataire européen chez Neuberger Berman, «cette réunion cruciale marque la transition de la BCE en mode réactif».

RECUL TEMPORAIRE DE L’INFLATION

L’inflation, attendue cette année à 1,2%, devrait s’établir à 1,4% pour 2021, un niveau en-dessous du celui de 2% ciblé par la BCE. Cette situation est-elle grave? Pour Patrick Barbe, elle provient de la structure même de l’économie européenne, mais sera temporaire. «La fin de la mondialisation, la guerre des tarifs et le Brexit vont faire remonter les prix», estime-t-il.

La réduction des exportations allemandes, affectées par les mesures protectionnistes,
ne relève plus de la sphère monétaire mais de la politique budgétaire.
SCéNARIO NEGATIF SUR LE LONG TERME

Face aux incertitudes du Brexit et à une intensification de la guerre commerciale au-delà de ses attentes en début d'année, la BCE a modifié sa politique monétaire. «Elle ne sera plus préventive, mais réactive», déclare Patrick Barbe. Vigilante, la BCE agira si nécessaire. En revanche, elle a légèrement relevé ses perspectives de croissance à court terme. «Pour l’instant, l'économie est satisfaisante mais la BCE est en position d’agir lorsque les zones de turbulence arriveront», explique Patrick Barbe.

Les perspectives à long terme plus prudentes de la BCE ne mettent pas l'accent sur la faiblesse de l'économie domestique, mais sur le ralentissement de la croissance des économies émergentes ainsi que sur les menaces de la guerre tarifaire. Des facteurs sur lesquels la BCE n’a aucune d’emprise directe. La réduction des exportations allemandes, affectées par les mesures protectionnistes, ne relève plus de la sphère monétaire mais de la politique budgétaire. «Le rôle de la politique de la BCE n’a qu’une importance limitée sur l’influence de la devise. Des relances économiques doivent être actionnées», estime-t-il.

QUELLE MARGE DE MANŒUVRE POUR LA BCE?

Avec ses taux d'intérêts au plus bas, quelle marge de manœuvre restera-t-elle à la BCE, lors d’une éventuelle récession d’origine européenne? «La BCE pourrait poursuivre ses achats sur le marché obligataire. Eventuellement de nouvelles baisses des taux pourraient être implémentées après la mise en place d’un support plus ciblé au système bancaire avec le tiering. Les taux bas permettent d’éviter les Credit Crunch», détaille le spécialiste qui est moins préoccupé par la marge de manœuvre de la BCE que par le futur président de la BCE, une fois que Mario «le magicien» aura achevé son mandat…

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